TAIS-TOI !
Vanished avait hurlé. Recroquevillée sur elle même, elle pleurait. Pourquoi pleurait-elle ? Elle ne savait pas. Cette voix la hantait. Pourquoi ? Aucune idée. De quoi devait-elle se souvenir ? Pas plus de réponse.
Elle sanglotait. Derrière elle, Midorikawa approchait, suivit par Colonnello. Le jeune homme aux cheveux verts s'agenouilla auprès d'elle. Voyant qu'elle pleurait, il la prit maladroitement dans ses bras, tout en oubliant les morceaux de viande des monstres qui la recouvraient de part et d'autre.
- Tout va bien … Tout va bien, répétait-il, ne sachant quoi dire d'autre.
Colonnello les regardait, muet. Lui non plus, ça ne lui plaisait pas. La jeune fille n'était sans doutes pas prête à tuer. Même si les choses en face étaient déjà mortes. Il baissa les yeux vers le sol jonché de cadavres. Pourquoi étaient-ils comme ça ? Pourquoi pas lui ? Tant de questions restaient sans réponses.
Il releva la tête en entendant un chant. C'était un chant dur mais doux à la fois. Une femme le chantait.
- '' Le vilain petit pivert … ''
Midorikawa releva la tête, interrogeant silencieusement Colonnello du regard.
- '' … Fit plein de trous, la forêt s'effondra … ''
Le chant continuait. Il sonnait comme un requiem. Vanished s'arrêta de sanglotait. La voix à l'intérieur d'elle avait disparue, mais une nouvelle apparaissait en dehors.
- '' … Le Dieu des bois en colère transforma son bec en poison ! ''
Le chant continuait, calmement. Il raisonnait autour d'eux de manière à ce qu'ils ne sachent pas d'où il provenait. A la sortie du bâtiment gigantesque, une femme vêtue d'une combinaison blanche et rouge apparue. Ses longs cheveux d'un blanc immaculé volaient dans le vent.
- '' … Le pauvre petit pivert, son nid était poison, et son repas aussi ! '', continuait-elle de fredonner.
Elle les aperçut . Elle leur fit de grands signes, semblant toute heureuse de trouver des gens. Elle courut vers eux. Vanished la regardait avec un air méfiant, Midorikawa était surpris, et Colonnello étonné qu'il n'ai pas encore vu cette femme alors qu'il y était depuis une période tellement longue qu'il ne savait plus combien de jours il avait passé ici.
- YATAAA ! Shiro est contente !
Nos trois personnages écarquillèrent les yeux. Comment une fille qui avait l'air aussi insouciante avait-elle survécu dans cette ville ?
Elle courait vers eux, le sourire sur le visage et les bras levés. Colonnello la fixait, se cherchant une raison pour qu'il ne l'ai pas remarquée plus tôt. Elle vient d'arriver, comme Midorikawa et Vanished, se répétait-il, mais il était convaincu du contraire. La fille aux cheveux blancs sauta sur Colonnello qui tomba à la renverse.
Celui-ci perdit son souffle. La jeune femme était en train de l'étrangler. Voyant cela, Midorikawa se leva avant que Vanished ai pu réagir et tenta de la dégager de Colonnello, qui perdait ses forces. Elle se releva, sentant de la résistance.
- Vous ne voulez pas jouer avec Shiro ? Dit-elle d'un ton grognon. Shiro est triste ...
Colonnello respira tout l'air qu'il pouvait tant que la jeune fille – qui semblait s'appeler Shiro – ne l'étranglait pas. Vanished se releva et transperça Shiro du regard.
- Pourquoi tu as fait ça ?! Cria-t-elle.
La fille aux cheveux immaculés pencha la tête et la regarda avec un air innocent. Cet air innocent ce transforma bien vite en rictus haineux.
- Shiro voulait juste s'amuser, fit-elle en ricanant.
Elle sauta sur la blonde et la frappa au visage. Vanished saignait du nez. Elle se sentait frappée et bloquée, elle ne pouvait rien faire. Colonnello, quand à lui, n'avait pas encore regagné assez de force pour pouvoir la dégager.
Midorikawa serra les poings et marcha vers les deux jeunes femmes. Il frappa Shiro au visage. Celle-ci s'arrêta net.
- Pourquoi le garçon a fait ça ... ?
- Pourquoi Shiro frappe mon amie ? Lui lança-t-il du tac au tac.
Midorikawa aida Vanished à se relever. Celle-ci avait mal partout. Elle avait l'impression d'avoir été détruite intérieurement. Elle s'appuya sur Colonnello – qui tentait de se faire pardonner de son comportement plus tôt – et essuya le sang qui coulait de son nez.
Shiro eu pendant un dixième de seconde un air mécontent, mais elle reprit vite cette expression qui lui était propre, grognonne mais mignonne et innocente à la fois.
- Shiro n'a rien fait ! La fille et les deux garçons sont chez elle !
Sur ces mots, elle repartit dans une ruelle sombre, abandonnant le sniper, le garçon aux cheveux verts et la fille au yeux de la même couleur.
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Midorikawa finissait de panser les plaies de la blessée. Celle-ci se laissait faire sans rien dire, penser, ou aucune autre réactions. Elle se sentait vide. Elle se savait pas où elle avait mal. Elle ne sentait pas le sang qui coulait sur son menton. Le liquide écarlate avait un goût de rouille, de fer. Il était si douloureux et pourtant tellement nostalgique. Avait-t-elle fait couler beaucoup de sang dans le passé ? Elle n'arrivait pas à se souvenir. D'où venait ce sentiment de déjà vu ?
Le jeune homme aux cheveux vert recouvra la dernière plaie de Vanished. Il reposa les pansements. Ne voyant aucune réaction de la part de la jeune fille, il passe sa main devant ses yeux verts. La jeune fille sursauta, sortant de ses réflexions.
- Oh, merci, Midorikawa, dit-elle d'une petite voix.
Son compagnon hocha la tête. Il se tourna vers Colonnello qui, dans un coin, nettoyait son sniper avec grand soin. Il avait l'air soucieux, mais la même expression était affichée sur les visages de Vanished et Midorikawa. Le blond soupira longuement. Après le départ de la jeune fille aux cheveux blancs, ils s'étaient réfugiés dans une maison un peu à l'écart des autres. Elle était à moitié délabrée, mais les zombies n' avaient pas l'air de s'en approcher. Elle était faite de bois, comme un chalet. Cela tranchait étrangement avec le reste de la ville, faite d'immeuble de verre ou de ciment et de construction lumineuse.
Il pleuvait toujours. Tout les trois avaient froid, et leurs vêtements étaient mouillées – Vanished était tellement fatiguée et touchée émotionnellement qu'elle n'en profitait même pas. Il faisait, étrangement, toujours sombre. Une sorte de nuage noir semblait entourer la ville comme une sombre brume. Cela inquiétait Colonnello. De plus, il s'était rendu compte d'une chose : depuis qu'il était arrivé ici, il n'avait jamais eu ni faim, ni soif. Et, étant donné que ses deux compagnons ne protestaient pas, cela devait être la même chose pour eux.
Midorikawa sentait son souffle glacé sur ses joues. Il se leva et sautilla sur ses jambes pour se réchauffer. Le bois, le sol, l'air, tout semblait froid dans cette ville. Cela lui faisait peur. Il avait plus que peur. Ce monde inconnu et ses souvenirs disparus le terrifiaient. Il se rassit lentement ni trop près de Colonnello, ni à la portée de Vanished.
Bien qu'il ne le montrait pas, le jeune homme aux cheveux verts n'avait pas confiance en la jeune fille. Même si elle semblait tout aussi perdue qu'elle, rien ne l'empêchait de jouer la comédie. Et puis, il y avait cet instant.
L'instant où elle s'est jetée sur leurs ennemis, un peu plus d'une heure plus tôt.
Le seul sentiment qu'il ressentit à ce moment là, fut la peur.