La jeune femme de 24 ans était allongée sur le canapé de son gigantesque salon, très luxueux et lumineux, en compagnie de son colocataire. Tous deux regardaient la télé. Un programme qu'ils avaient enregistré il y a 10 ans de cela...

Ce n'était pas une pièce de théâtre, ni un film. C'était réel. En direct, même. Le lieu...Une grande place avec des bâtiments tout autour. Ainsi qu'une grande foule. On reconnaissait le centre-ville de Tokyo. Une guillotine était placée. Elle datait de 1789, année où a commencé la fameuse Révolution Française. Le gouvernement japonais avait dû dépenser une fortune pour obtenir ces guillotines. Sauf que le contexte n'était pas du tout le même. On passait d'une rébellion à un génocide.
Un vieil homme tout en noir appela quelqu'un du nom de Matsukaze Tenma. Le capitaine d'Earth Eleven. Celui-ci avait à présent une vingtaine d'années, pourtant il n'avait pas beaucoup changé physiquement. Il faisait toujours aussi jeune, en revanche son teint de peau était plus bronzé. Ses cheveux étaient plus longs, mais la coupe était pratiquement la même que dans son enfance.
Il s'avança. Il était nerveux et transpirait beaucoup. Et on pouvait comprendre pourquoi. Car il s'apprêtait à devenir la première victime de ce génocide. Il monta sur une estrade, puis une deuxième. Un homme, une sorte de bourreau, tenait une corde qui était attachée à la lame tranchante placée en haut. On pouvait facilement imaginer ce qui se passe s'il la lâche.
Il posa la tête à l'endroit indiqué. Il lança un dernier regard à ses amis de toujours, Shindou Takuto et Tsurugi Kyousuke, puis murmura :

" Je n'ai...aucun regret..." avant de sourire pour la dernière fois de sa vie.

L'homme lâcha la corde. La tête coupée, dont le cou était couvert de sang, roula jusqu'aux pieds de l'attaquant, choqué. Dans un élan de colère, il la saisit et la lança de toutes ses forces vers le dictateur actuel du Japon, qui était là pour assister à la..."cérémonie". Celui-ci esquiva le projectile avec horreur et ordonna à ses 10 gardes du corps de fusiller le joueur, ce qu'ils firent immédiatement. L'ex-capitaine de Raimon était derrière en train de pleurer et d'observer les deux cadavres, tout en sachant qu'il était le prochain.

- Pourquoi...Pourquoi nous...? répéta-t-il en tremblant de peur et de rage.

L'ami d'Amiko prit la télécommande à côté de lui et éteignit l'appareil. Il se tourna vers elle, complètement bouleversé.

- Comment peux-tu regarder ces horreurs ? Je ne tiens pas 5 minutes, moi.

- J'y arrive parce que c'est choquant.

- Moi aussi, je trouve ça choquant, mais pourtant je n'arrive pas à regarder ça. C'est trop horrible. Et ce qui me choque le plus, c'est le fait qu'ils puissent diffuser une cérémonie pareille en direct, sans aucun scrupule. Aucune considération pour les familles de ces pauvres jeunes exécutés.

Un air déterminé était dessiné sur le beau visage de la jeune femme. Elle semblait avoir quelque chose en tête.

- Je ne veux pas rester là sans rien faire, annonça-t-elle.

- Que veux-tu dire ?

- Ce gouvernement...Non. Cette dictature. Elle est présente depuis plus de 10 ans, et je trouve ça frustrant, hallucinant, révoltant que personne n'ait levé le petit doigt pour s'interposer, juste par peur.

- Ne me dis pas que tu veux te rebeller, hein ? C'est trop dangereux. Même si je suis d'accord avec toi, je suis contre cette dictature qui ne fait que détruire notre beau pays...

- Tu m'exaspères. Décidément, tu ne comprends rien à rien. Si tu es contre cette dictature et cette loi, alors lève toi, va dans la rue et va te battre. Plutôt que te défiler comme un lâche.

- Mais c'est trop dangereux !

- Tu crois vraiment qu'à la Révolution Française, les gens pensaient aux conséquences ? Tu crois qu'ils pensaient à la mort, tu crois qu'ils en avaient peur ?!

- Non, mais justement, cette rébellion n'a fait qu'aggraver les choses, puisque Napoléon est arrivé. Et à ce que je sache, le gouvernement qu'il a instauré était bien pire que la monarchie absolue.

- Certes, mais une révolution se fait sans penser. Sans réfléchir. Quelqu'un qui pense au futur ou à la mort ne pourra pas se battre pleinement dans sa cause.

- C'est vrai. Mais alors...que comptes-tu faire ?

- Me battre. Combattre le mal par le mal.

- Hein ?

- Le mal, c'est cette loi stupide et cette dictature. Et le mal, pour eux, c'est le foot et les techniques.

- Alors tu veux te rebeller en jouant au foot et en utilisant des techniques ? Toute seule ?

- Je n'ai jamais dit que je serai toute seule.

- Dis-moi où tu veux en venir.

- Je suis certaine qu'il existe des jeunes, des adolescents qui ne supportent pas non plus cette loi. Qui veulent jouer au foot comme ils en ont envie. Mais qui pensent qu'ils sont trop jeunes ou pas assez nombreux pour faire une révolution.

- Alors tu veux convaincre ces jeunes de se rallier à ta cause ? Mais comment tu vas faire ?

- Un tournoi de foot va bientôt commencer. Il consistera à mélanger tous les joueurs des équipes voulant participer. Par exemple, on pourra retrouver dans une équipe 1 joueur de Kaiou et 1 joueur de Zeus. Ou de Teikoku.

- Tu veux profiter du fait que ce tournoi commence pour te rebeller ?

- Exactement. J'ai piraté la liste des joueurs participant au tournoi, avec les profils de chacun. Et j'ai déjà sélectionné les meilleurs candidats qui pourraient me rejoindre. Je n'ai qu'à aller les voir un par un avant que le championnat commence, et les convaincre d'utiliser une technique pendant le match où ils joueront.

- Comme toujours, tu as pensé à tout. Et ensuite ?

- Et ensuite, lorsqu'ils seront repérés par l'État, je les prendrai sous mon aile pour les aider à survivre et à vaincre tous les adversaires. Afin qu'au final, nous puissions détruire ce gouvernement.

- Tu es ambitieuse, c'est bien. Mais j'avoue avoir peur pour toi...En faisant cela, tu te mettras dans un sacré pétrin...

- Ça m'est égal de mourir, peu importe le résultat. Peu importe si nous échouons et que nous nous faisons tous tuer, je suis certaine que cette première attaque réveillera en d'autres personnes l'envie de se lever et de se battre.

- Mais...si tes joueurs meurent...Tu as pensé aux familles ?

- Je me demande si des fois, tu ne me prends pas pour une imbécile. J'ai fait exprès de sélectionner des joueurs qui n'ont pas ou presque plus de famille.

- Oh, je vois.

- Bon, j'y vais, dit-elle en se levant, avant de ramasser son sac à main et ses clés de voiture.

- Où vas-tu ?

- Chercher le premier joueur. Lucian Revenge.

Elle ferma la porte de chez elle. C'était une grande maison blanche, avec trois étages, un jardin, une piscine, une allée qui donnait sur la route et un garage suffisamment grand pour ranger au moins trois voitures. Elle ouvrit le garage puis rentra dans sa voiture. Une limousine noire, avec des vitres teintées. Rien que ça. Elle commença à rouler et arriva devant son portail, qui s'ouvrit automatiquement. La jeune femme appuya sur l'accélérateur, et son véhicule partit à toute vitesse. En quelques secondes, ce dernier atteignit les 100km/h. Elle prit des petites ruelles, visiblement, la Coach savait parfaitement où elle devait aller. La voiture était toujours aussi rapide, pourtant l'entraîneuse la maîtrisait très bien. Peut-être qu'elle était pilote, par le passé, qui sait ? Remarque, les rues étaient désertes, donc forcément, ça aidait. Elle déboucha sur un grand boulevard...et accéléra.

Pendant ce temps...

Un adolescent marchait dans la rue. Ses cheveux étaient raides, mi-longs, ils lui arrivaient au niveau du cou. Ils étaient rouges, mais très foncés. Quant à ses yeux, ils étaient de la même couleur. Il devait avoir 15 ans, en tout cas il était grand. Son teint de peau était pâle, et son visage reflétait une certaine colère. Il portait un T-shirt à manches courtes, noir, avec un col en V, ainsi qu'un bracelet noir sur le bras gauche, un jean noir et des bottes de la même couleur.
Il entra dans un grand immeuble, assez ancien, mais joli et en bon état. Le jeune homme monta un étage, puis un autre. Et il arriva devant la porte de son appartement. Il s'apprêta à entrer les clés dans la serrure, lorsqu'il entendit...des cris ? Mais ce n'étaient pas des cris d'horreurs, loin de là. Le lycéen craignait le pire, mais il décida d'ouvrir tout de même.
Il frotta ses bottes contre le paillasson...quand sa mère jouit de nouveau. Ses doutes se confirmaient. Elle était encore en train de coucher avec un inconnu, sûrement un mec en manque qui connaissait sa réputation de "salope" et qui l'avait draguée dans la rue.
L'adolescent s'énerva et décida de repartir. Il prit un ballon de foot noir qui traînait près de la porte et claqua cette dernière, avant de sortir de son immeuble, encore plus furieux qu'il ne l'était déjà.

La pluie arriva. Les gouttes devinrent de plus en plus grosses et de plus en plus nombreuses. Un orage se préparait, mais ça, le jeune homme s'en foutait. Il préférait attraper une pneumonie sous la pluie plutôt que d'entendre sa mère se faire humilier par un gros porc.
Dans la rue, il examina son ballon qu'il tenait fermement dans ses mains. L'objet n'était pas en très bon état, mais il comptait beaucoup pour le joueur, qui l'avait discrètement volé à un marchand le jour de ses 5 ans. Le vol était devenu son deuxième domaine de prédilection, après le foot.
En effet, il était dans une situation assez compliquée. Son père était une victime du génocide, quant à sa mère...elle ne faisait rien de ses journées à part se droguer ou coucher avec des hommes différents. Par conséquent, personne ne travaillait, et lui ne pouvait pas, car il était encore trop jeune et tout le monde l'encourageait à continuer ses études. Alors pour survivre, il était obligé de voler, ce qui était devenu très commun depuis l'arrivée de cette dictature.

Il arriva sur un terrain, pas très loin de chez lui, puis commença à s'entraîner en tirant de plus en plus fort dans la balle. Le lycéen aimait beaucoup le football, cela l'aidait à oublier ses soucis. Tirer à pleine puissance dans un ballon, c'était l'idéal pour se défouler.
Quelques minutes plus tard, une limousine noire avec des vitres teintées freina et se gara à côté du terrain.

- Encore un qui veut frimer, pensa-t-il avant de reprendre son entraînement.

Une jeune femme sortit du véhicule. C'était Kitagaki Amiko. Le jeune joueur était impressionné et ébahi par sa beauté. Elle s'approcha de lui.

- Tu es Lucian Revenge, n'est-ce pas ? demanda-t-elle en fronçant les sourcils.

- Oui. Qu'est-ce que vous me voulez ?

- Juste te parler. Je ne fais pas partie du gouvernement et je ne te veux aucun mal.

Lucian se méfia. Des gens louches qui voulaient lui parler, il en avait vu des dizaines. Et en général, ils n'annonçaient pas une bonne nouvelle. Mais il se retourna vers elle et décida de l'écouter.

- Tu participes bien au tournoi, n'est-ce pas ?

- Exact. Mon premier match est dans 3 jours.

- Parfait. Mais...quel dommage ! Tu ne pourras pas t'entraîner puisque tu dois nourrir ta mère !

- Je répète. Qu'est-ce. Que. Vous. ME VOULEZ ?!

La jeune femme était furieuse. Lucian était bien trop intelligent pour tomber dans son piège de manipulatrice, même si elle savait déjà que ça n'allait pas être facile.

- Ta fiche ne mentait pas, tu es très intelligent. Je vais donc aller droit au but. Je ne supporte pas cette dictature ainsi que la situation de notre pays. Comme ils détestent le football et les techniques, je veux créer une équipe de joueurs rebelles utilisant des techniques pour les renverser, eux et leur loi stupide.

- Une révolution, hein ?

- Exactement, mon cher Lucian. Et je vais avoir besoin de ton aide. Je voudrais que tu deviennes le Capitaine de cette équipe.

- Je refuse.

- Pardon ?! s'écria-t-elle, choquée car elle n'avait pas prévu cette possibilité.

- Vous vous êtes trahie toute seule. J'ai une mère à nourrir, et faire partie de votre rébellion signifie que nous seront constamment des fugitifs recherchés dans tout le pays. Donc si c'est pour quitter mon lycée et laisser tomber ma mère, c'est non. D'autant plus que je ne tiens pas à devenir le pion de quelqu'un, ajouta-t-il avant de repartir chez lui.

Le visage de la Coach s'était littéralement décomposé. Un adolescent de 15 piges qui lui tenait tête, quelle honte ! Elle décida d'utiliser le plan B.

- J'en conclus que tu ne veux pas retrouver le football de ton père, alors ?

Lucian se stoppa net. Elle venait de toucher un point sensible, et ça, le joueur ne pouvait pas le supporter.

- Qu'est-ce que vous avez dit ?

- Tu as très bien entendu. Regarde ça, je te prie.

Elle sortit de son sac une tablette tactile. Après quelques manipulations, elle démarra une vidéo d'un adolescent, du même âge que Lucian, en plein match de foot. Il avait le ballon au pied et courrait en direction des cages. Le jeune joueur reconnut son père.

- C-Comment vous avez eu cette vidéo ?!

Elle ne répondit pas. Le père du lycéen sauta en l'air avec un de ses coéquipiers, plus grand et plus gros que lui. Il rebondit sur le ventre de celui-ci et tira dans le ballon.

- Inazuma Otoshi ! cria-t-il.

Le tir entra à pleine vitesse dans les cages, l'arbitre comptabilisa le but et siffla l'arrêt du match. Lucian était complètement déboussolé. La jeune femme reprit la parole.

- Voilà pourquoi ton père a été tué. Il possédait des techniques comme celle-ci, que tu viens de découvrir.

- Alors c'est ça, une hissatsu...

- Exact.

- Je reconnais que la puissance dégagée est presque effrayante, mais...je suis convaincu que ce n'est pas à cause des techniques ou encore des Keshin que des extraterrestres sont venus nous attaquer.

- Tout à fait. Ton père est mort d'une erreur judiciaire grave.

- Je comprends pourquoi il ne m'a jamais parlé de ça. Il savait que le débat finirait mal de toute façon, et il ne voulait pas que je risque ma peau aussi. Mais...

- Mais ? insista Amiko.

- Je n'aime pas votre manière de vouloir diriger et manipuler les gens. Mais je dois reprendre le flambeau laissé par mon père, et venger sa mort. Alors j'accepte votre proposition. Je serai le Capitaine de votre équipe.

- Très bien. Tu es digne de confiance, Lucian. Tu sais ce que tu dois faire, alors ?

- Oui. Je vais m'entraîner pour maitriser une technique, et je l'utiliserai dans 3 jours, pour le match du tournoi.

- Parfait. J'espère que tu cours vite. Les gardes te poursuivront une fois que tu auras utilisé ta technique.

- Je connais cette ville comme ma poche, je n'aurais aucun problème pour semer les gardes.

- Tant mieux, termina-t-elle avant de remonter dans sa voiture.

- Eh ! Où allez-vous ?

- Chercher un autre joueur.

Lucian, à présent seul, continua son entraînement, même s'il était encore perturbé. Comment cette femme qui n'avait aucun lien de parenté avec son père ou avec le gouvernement avait pu obtenir une vidéo montrant une hissatsu ? C'était injuste pour l'attaquant. Il avait 5 ans lorsque son père est mort, et son seul souvenir de lui était une vieille photo de famille déchiquetée en petits morceaux. Cette photo avait été prise lorsqu'ils étaient heureux, lorsque tout allait bien pour eux...Non. Il se disait qu'il ne devait pas pleurer. Cela le rendait plus faible. Et au contraire, il devait devenir plus fort. Pour venger son père. Pour avoir une vie meilleure.

Il coinça son ballon noir sous son pied, prit de l'élan et tira de toutes ses forces en direction des cages. De la rage et du désir de vaincre étaient contenus dans ce boulet de canon. 
Quelqu'un arriva à toute vitesse et stoppa l'objet avec ses deux mains. C'était un jeune homme, un peu plus petit que Lucian, bronzé, avec des yeux marrons et des cheveux bruns, longs et bouclés, arrivant jusqu'en bas de sa nuque. Il portait une chemise bleue à manches courtes, un jean, des baskets bleues et une casquette noire. Il était très souriant.

- Alors, on s'entraîne pour le match ? demanda-t-il en lui relançant le ballon.

L'attaquant lui répondit du même sourire et tira à nouveau.

- Tu ferais mieux de t'entraîner, toi aussi. Tu ne pourras pas arrêter tous mes tirs, Armando.

- Je sais, et c'est ce que je comptais faire, justement. Ça te tente, une séance de tirs au but ?

- Pourquoi pas.

Armando était le meilleur ami de Lucian depuis l'école primaire. Ils étaient allés dans deux collèges différents, l'attaquant était parti au collège Zeus, tandis que le gardien était allé à Teikoku Gakuen. Mais ils ne s'étaient jamais perdus de vue, car ils avaient cette même passion pour le football. Comme son ami italien, Armando réglait ses problèmes en faisant du sport. Sa famille nombreuse était portée disparue depuis quelques années maintenant, et il était le seul survivant. Du jour au lendemain, en une nuit, la maison avait été désertée. Plus personne n'était là, à part lui qui n'était qu'un petit garçon à l'époque. Au fond, le joueur pensait tout le temps à sa famille et se demandait toujours ce qui s'était réellement passé cette nuit-là. Mais le football servait à lui changer les idées, et il en avait bien besoin.

Lucian se plaça au centre du terrain. Il recula, comme à son habitude, et tira. Le ballon fonça droit sur son adversaire, qui le stoppa d'une seule main. Il grimaça et relança la balle dans les pieds de son ami.

- Mmm...Recommence.

- Comme tu voudras. Yaaaah !

Le tir était surpuissant. Un vrai boulet de canon fonçait en direction des cages. Mais Armando ne semblait toujours pas satisfait. Il l'arrêta avec un uppercut, ce qui propulsa le ballon en l'air, avant que celui-ci ne retombe sur la tête du gardien.

- J'espère que tu ne me balanceras pas des tirs comme ça dans 3 jours. Pourquoi te retiens-tu ? Je t'ai connu bien meilleur que ça.

- Je...suis un peu fatigué, c'est pour ça. Désolé, je ne te sers pas à grand-chose dans ton entraînement, je vais rentrer.

Lucian mentait. Il se retenait parce qu'il ne voulait pas que sa super technique se révèle durant cet entraînement. Pas devant son ami. Même s'il était son confident et son ami le plus proche, il ne voulait pas lui révéler le plan de Kitagaki Amiko, pour le laisser hors de danger. Avoir des complices dans une dictature comme celle-là était beaucoup trop risqué.

Soudain, quelqu'un cria. Un petit cri aigu. De femme. Et ce n'était pas comme celui de sa mère, cette fois, c'était un cri de terreur, qui appelait à l'aide.
Les deux jeunes hommes commencèrent à courir en sa direction, sans s'échanger un seul mot. L'attaquant avait coincé son ballon sous son bras droit.
 
Après une épuisante course, ils arrivèrent sur le lieu, désert. C'était dans une rue où était la supérette du quartier. Oui, était, elle avait été fermée l'année dernière à cause d'un nombre de braquages trop importants. Cela n'arrangeait pas Lucian pour "faire ses courses". Il n'y avait aucune femme en vue, mais Armando remarqua des jambes féminines, avec des talons aux pieds, qui dépassaient de la poubelle sur le trottoir d'en face. Il souleva le couvercle et découvrit un cadavre. Celui-ci était tout frais. En revanche il était dans un sale état. La victime, une jeune femme adulte, avait encaissé des balles sur le front, sur le sommet du crâne, dans le cœur, dans les poumons...pratiquement partout. Du sang coulait de sa bouche et elle avait été griffée. Pas par un chat, mais par des ongles. Une culotte mouillée était à côté du corps. Elle venait d'être violée puis tuée. L'attaquant referma le couvercle avec horreur.

- Non seulement ça pue là-dedans, mais en plus c'est horrible.

- Ça m'énerve d'être arrivé trop tard...

- On aurait rien pu faire de toute façon. Mais on peut essayer de retrouver le mec qui a fait ça et de le flinguer, ça fera un connard en moins sur cette Terre.

- T'as raison. Mais...t'as un flingue ? demanda le gardien, étonné.

- Tu croyais vraiment que je sortais sans arme la nuit ? Bien sûr que j'en ai un. Allez, viens, on va le traquer.

Ils se séparèrent dans des rues différentes. Lucian prit la ruelle de gauche, la plus dangereuse, et Armando celle de droite.
L'attaquant rechargea son arme et se prépara à tirer. Il aperçut au bout de la rue un homme, en train de courir, comme pour s'enfuir...

- Je crois que je te tiens, mon coco...

Il se mit à courir à toute vitesse. Il était vraiment rapide. Et au bout de quelques secondes, il arriva juste derrière son suspect. Un SDF bossu, avec une barbe. Il avait mal mis sa ceinture, on pouvait se poser des questions sur son innocence.

- Arrêtez-vous ou je me sentirai obligé d'employer les grands moyens ! prévint le jeune joueur.

Pour toute réponse, l'homme d'une quarantaine d'années sortit un fusil déjà chargé et tira dans la cuisse de son adversaire, qui tomba aussitôt à terre.

- Ok, je vois. S'énerva l'italien qui venait de s'étaler sur le sol.

Il tira tout son chargeur dans le dos de son nouvel ennemi, qui s'effondra à son tour, mort. Lucian se releva malgré la douleur et retourna près de la supérette. Armando arriva en même temps que lui.

- Alors ? demanda-t-il.

- J'ai vu un connard dans la rue, je l'ai flingué.

- Hein ?! Mais...t'étais sûr que c'était le violeur, au moins ?

- T'en connais beaucoup des mecs qui courent en pleine nuit alors qu'ils sont tous seuls, et qui portent une ceinture à moitié attachée à leur pantalon ?

- Tu marques un point.
Si seulement cette dictature n'avait jamais vu le jour...nous ne serions pas obligés de vivre comme ça...

- Ah, enfin quelqu'un qui partage mon avis. 

En effet, cette dictature installée depuis plus de 10 ans au Japon était responsable de ce viol suivi d'un meurtre. Tout d'abord, elle était sanguinaire. Le pouvoir avait été pris par un coup d'état assez violent, tout le gouvernement précédent avait lui aussi été guillotiné. Le peuple était terrorisé. Et le pays avait mal tourné. De nombreuses exécutions avaient été réalisées, pour effrayer encore plus la population qui commençait à fuir vers les pays voisins, comme la Corée. Même si la situation là-bas n'était pas meilleure... Le pays perdait de plus en plus d'argent, et pour le préserver, le gouvernement avait décidé de supprimer beaucoup d'emplois, mettant des gens au chômage, à la rue, livrés à eux-mêmes dans cet environnement qui était devenu une véritable zone de combat. Les SDF se battaient jusqu'à la mort pour voler les biens des autres, braquaient des magasins, tuaient des gens innocents...pour survivre. Personne n'était à l'abri. Les plus riches étaient cambriolés et tués à leur tour. Ou alors, ils étaient dépouillés par cette dictature qui ne cherchait qu'à s'enrichir, sans penser aux autres. Pour leur confort personnel. Ce dictateur n'avait aucun scrupule. Les gens honnêtes partaient ou étaient tués, les criminels se multipliaient, et la violence, les meurtres, les viols, augmentaient de plus en plus. La population diminuait, en revanche. Mais ce pays qui était une des plus grandes puissances économiques mondiales ne l'est plus aujourd'hui. A cause de cette dictature qui contrôlait tout, sans pour autant se soucier des gens.

- Que comptes-tu faire, Lucian ? demanda le gardien de but.

- Je n'ai plus de balles. Donc je vais rentrer. Même si je n'en ai pas envie...

- Ah. Ta mère, hein.

- Ouais. A l'heure qu'il est, elle est en train de coucher avec un gros porc.

- Tu ne veux pas venir chez moi ?

Armando habitait dans un orphelinat, à cause de la disparition de sa famille, donc de ses parents. C'était un grand immeuble bien équipé et sécurisé, mais assez loin du centre-ville.

- Non, c'est gentil. 

- Tu sais, ce n'est pas les lits qui manquent.

- Ce n'est pas ça, c'est que...je ne me sens pas bien en ce moment, et je ne sais pas si ça ira mieux en allant chez toi.

- Tu devrais en parler à...commença le joueur en souriant.

- Oh, ferme-là, répondit l'attaquant avec le même sourire.

- Bon, essaye de ne pas mourir en mon absence !

- C'est à toi que je devrais dire ça, je te rappelle !

Le gardien lui adressa un dernier signe de la main puis s'en alla en direction de son orphelinat. En chemin, il rencontra une jeune femme, blonde, en limousine...

Le jeune gardien arriva devant chez lui, l'orphelinat. Un grand bâtiment, peint en noir, de plusieurs étages. Il y avait un balcon à chaque fenêtre, et ils étaient tous assez grands pour contenir au moins 5 personnes. C'était un immeuble assez luxueux, aussi bien à l'extérieur qu'à l'intérieur. Les installations étaient à la pointe de la technologie, pourtant il était vieux. Il datait du 18ème siècle, et avait conservé son architecture de base, malgré toutes les rénovations.
Une limousine noire avec des vitres teintées s'était garée devant l'orphelinat, alors que c'était interdit. Le conducteur ne manquait pas de culot. Remarque, étant donné tout ce qui se faisait en ce moment à cause de cette dictature, cette infraction était bien mineure par rapport aux autres. Sauf que le personnel de l'établissement était gêné par ce véhicule qui prenait toute la place. Et ça, Armando ne pouvait pas le permettre.

Il s'approcha de la voiture et toqua à la fenêtre, qui s'ouvrit. Une belle femme blonde, avec des yeux bleus comme le ciel était assise sur le siège du conducteur.

- Oui ? demanda la femme.

- Euh...Je...

Armando était impressionné par la beauté de cette femme. Il pensait qu'il n'avait jamais vu de femme aussi jolie et mignonne de toute sa vie. Mais ce n'était pas le moment de fantasmer. Il secoua la tête pour se concentrer et dit :

- Pouvez-vous changer de place ? Vous gênez le passage.

- Oh, je vois.

Elle ne bougea pas son véhicule, mais en sortit et se présenta face au jeune homme, qui résista à son emprise et à sa tentative de manipulation malgré tout.

- Coriace...Origine espagnole...Ne serais-tu pas par hasard Armando Villa ? demanda-t-elle.

- C-Comment le savez-vous ? Vous travaillez pour le gouvernement ? Qu'est-ce que vous me voulez ? interrogea le gardien.

- Non, je ne travaille pas pour le gouvernement. Mais, je le sais, c'est tout.

Armando se mit à réfléchir. Si cette femme pouvait le reconnaitre rien qu'en analysant sa personnalité, peut-être qu'elle savait aussi des choses sur sa famille disparue. Le gardien y pensait beaucoup en ce moment. Plus que d'habitude. Il était triste. A l'orphelinat, il restait seul dans sa chambre en regardant des vieilles photos. Il s'énervait et devenait désagréable avec ses camarades. Il ne venait plus manger, ou alors, il s'isolait et y allait quand tout le monde avait fini. Tout ça parce qu'il pensait à sa famille, et qu'elle lui manquait.
Mais il renonça à demander quelque chose. Il ne pouvait pas faire confiance à cette femme qu'il venait à peine de rencontrer.

- Qu'est-ce que vous me voulez ? interrogea-t-il à nouveau.

- C'est moi qui devrais te poser cette question. Je sais que tu veux en savoir plus sur la disparition mystérieuse de ta famille.

Armando était sidéré. Soit cette femme était une déesse - ce qui expliquait sa beauté - soit elle avait un don incroyable. Lisait-elle dans les pensées ou était-elle déjà au courant ?
Elle était particulière, en tout cas. Mais pas comme ces gens étranges que l'on pouvait rencontrer dans la rue qui voulait voler notre argent ou notre virginité.
Il se lança. Elle semblait la seule à pouvoir l'aider.

- Oui, c'est vrai.

- Je te dirai tout si tu acceptes de te joindre à moi.

- Que voulez-vous dire ?

- Ce gouvernement...cette dictature me pose problème. Et je veux la détruire. Pour ça, j'ai besoin de mener une révolution, avec comme soldats une équipe de joueurs pouvant utiliser des hissatsu au football.

- Je vois ce que vous voulez dire. Vous voulez enfreindre la loi qui a causé de nombreux morts il y a 10 ans.

- Exactement.

- Je refuse d'être un de ces joueurs.

- Pardon ?

Décidément, Amiko n'avait pas de chance. C'était déjà le deuxième à résister à son emprise. Elle espérait que cela n'allait pas continuer, sinon la rébellion était mal partie.

- Vous faîtes du chantage, et je n'aime pas ça. Et je ne sais même pas si détruire le gouvernement, donc, risquer ma vie, m'apportera beaucoup d'informations sur ma famille. Par conséquent, je refuse.

- Tu es sûr de ce que tu dis ?

Le gardien ne répondit pas, mais écouta tout de même ce qu'elle allait lui dire.

- Je sais que tu as toujours voulu vaincre Lucian Revenge. Grâce aux hissatsu, tu pourrais le battre. L'écraser, le laminer. L'impressionner. Lui montrer ta véritable force.

La proposition s'avérait un peu plus intéressante. Il était vrai que l'attaquant gagnait très souvent contre son ami, cela avait tendance à l'énerver et à le rendre jaloux. Pourtant, Armando s'entraînait beaucoup, voire plus que l'italien. Mais ce dernier semblait avoir quelque chose en plus.

- Ensuite, il est très probable que le gouvernement soit responsable de la disparition de ta famille...

Il se retourna avec un visage sidéré. 
Pourquoi le gouvernement aurait attaqué les proches de l'espagnol ? Ils n'avaient strictement rien fait de mal. Au contraire, ils étaient honnêtes et respectaient toutes les lois. Et aucun d'entre-eux ne jouait au football, à part Armando. Pourtant, lui, il était encore là.
Il serra les dents et ferma les poings, tellement fort que ses muscles se contractèrent.

- S'il y a bien quelqu'un à arrêter ou à tuer dans cette famille, c'est moi, et personne d'autre ! Ils étaient innocents, et ce gouvernement de merde n'avait pas à s'en prendre à eux ! Ils ont fait une grave erreur...annonça-t-il avec une soif de vengeance.

Il se retourna vers la jeune femme. Un petit sourire sadique était dessiné sur le visage de cette dernière.

- Si votre proposition tient toujours, je vais l'accepter, décida-t-il. Cette course poursuite infernale pour les retrouver a duré beaucoup trop longtemps. Il est temps pour moi de me lever, de me bouger le cul et de leur montrer que les liens de la famille sont sacrés, et qu'il ne faut surtout pas y toucher, sous peine de représailles.

- J'aime ta prise de conscience. Donc je compte sur toi pour que tu utilises une hissatsu durant ton prochain match du tournoi.

- Dans 3 jours...Je vais affronter Lucian, ce ne sera pas facile. Mais je ne vous décevrai pas.

- Bien. 

- Vous êtes venue à moi parce que vous saviez que j'allais accepter votre proposition, hein ?

- Toujours aussi perspicace. Rendez-vous dans 3 jours. J'espère que tu cours vite.

Elle remonta dans sa limousine, démarra le moteur et partit à toute vitesse, en direction du prochain joueur à recruter...

L'attaquant ouvrit un œil, puis le deuxième. Il était dans sa chambre, allongé sur son lit. L'italien se leva et sortit de son lit, lorsqu'une douleur lui parcourut la jambe. C'était la balle qu'il avait reçu il y a 3 jours dans la cuisse, elle lui faisait encore mal. Mais ce n'était pas le moment de faire le blessé difficile, bien au contraire. C'était une journée très importante, et il allait avoir plus que besoin de ses jambes.
Il se mit debout. Et la première chose qu'il remarqua, c'est que sa chambre était en bordel. Des vêtements (propres ou sales) traînaient sur le sol, des objets étaient renversés et certains cassés, ce qui représentait bien les excès de rage de Lucian. Un arc et des flèches étaient posés par terre. Il adorait le tir à l'arc, il y était même plus fort qu'au foot.

L'adolescent fouilla dans sa commode et trouva un maillot. Le maillot de l'équipe A, celui qu'on lui avait donné pour le tournoi. Sachant que le pays manquait d'argent, il était très simpliste, et la couleur jaune se rapprochait plus du blanc qu'autre chose. Il l'enfila, tout comme ses baskets, prépara son sac, mit une bouteille d'eau à l'intérieur et s'en alla. Il remarqua avant de sortir que sa mère était en train de dormir, ou plutôt en train de ronfler très bruyamment, seule, dans son lit. Son "mec" s'était barré, bon débarras. Remarque, si c'était pour qu'un autre encore pire arrive dans 2 jours, elle aurait mieux fait de le garder.
Cette fois, il partit en claquant la porte derrière lui, comme à son habitude, puis déboucha dans la rue. Déserte, comme chaque matin.

Lucian s'approcha d'une voiture au hasard, en pas trop mauvais état, et dégaina son flingue, qu'il avait rechargé. Il tira une balle dans la vitre pour la briser, ouvrit la portière de l'intérieur et se faufila dans le véhicule. Et après quelques manipulations complexes, le moteur démarra. L'attaquant n'avait jamais volé de voiture auparavant, mais là il n'avait vraiment pas le choix. Les bus ne passaient plus dans ce quartier - ni dans aucun autre d'ailleurs - depuis des lustres, et le stade était très loin. Sachant qu'il devait y être dans moins d'une demi-heure, c'était l'unique solution.
Il appuya sur l'accélérateur et commença à piloter l'engin. Il ne se débrouillait pas si mal. Remarque, les rues étaient désertes, ça l'aidait. Le joueur prit son portable et activa le GPS pour trouver le stade. Il fallait...26 minutes pour y aller. Parfait.

Il arriva donc à destination, en avance. La voiture était un peu abimée car les compétences de conduite du jeune homme étaient très médiocres, mais lui était en pleine forme, c'était le principal. Il entra dans le stade, puis dans les vestiaires de son équipe. Ou bien Armando n'était pas encore arrivé, ou bien il était déjà dans son vestiaire. L'attaquant rencontra son Coach, un grand homme, en costard et avec des lunettes de soleil, ce qui était totalement inutile puisqu'il était à l'intérieur. D'autant plus qu'il était sur Internet avec son portable, il ne devait pas voir grand-chose.

- Coach ? demanda Lucian.

- Hm ?

- Où sont les autres joueurs ?

- En train de s'échauffer, dépêche-toi de les rejoindre. Ah, au fait.

Il chercha quelque chose dans sa poche, et en sortit un petit bandeau rouge, qu'il tendit à l'adolescent.

- Tiens, tu seras le Cap'tain.

Lucian haussa les épaules, mais prit le bandeau et l'enfila à son bras droit.

- Il te va comme un gant, complimenta le Coach, qui n'avait même pas levé la tête de son téléphone.

- Euh, ouais. Si vous voulez. Je vais m'échauffer.

Alors qu'il s'apprêtait à sortir de la salle pour rejoindre le terrain, un claquement de doigt provenant du couloir l'interpella. Il se retourna et aperçut Kitagaki Amiko. Le jeune homme profita de l'inattention de son Coach pour aller la voir.

- J'espère que ça ne fait pas trop mal, tu vas avoir besoin de cette jambe, dit-elle en désignant la cuisse de Lucian du doigt.

- Vous me suivez souvent comme ça ?

- Bien plus que tu ne le crois. Je sais aussi que ta technique n'est pas prête.

- Très juste, dit-il en serrant les dents.

- Je te rappelle que tu n'as qu'un seul essai.

- Comment ça ?

- Notre dictateur chéri est venu assister au match.

- Et ?

- Et ça t'arrive de réfléchir ? C'est simple, si tu essayes d'utiliser ta technique mais que tu n'y parviens pas, il va tout de même voir, à cause des mouvements, que tu as tout de même essayé d'en faire une. Et là...

- Et là, il lancera les chiens à mes trousses.

- C'est à peu près ça. Donc tu vas devoir déterminer le meilleur moment pour réussir ton hissatsu, et devoir l'utiliser à cet instant précis. Je peux t'assurer que ce ne sera pas facile.

- Je suis au courant. Mais je vais réussir.

- Je compte sur toi pour ne pas me décevoir, alors. Mais n'oublie pas, le foot, c'est comme le tir à l'arc.

- Hein ?

Elle disparut dans les couloirs du stade, sans lui donner aucune réponse. "Le foot, c'est comme le tir à l'arc"... Encore une énigme à rajouter sur la liste, visiblement.
Il haussa les épaules une nouvelle fois et rejoignit les autres sur le terrain en poussant la porte.
Première remarque : Le public. Le stade était bondé. Voilà pourquoi les rues étaient particulièrement désertes, ce matin. Et au sommet des gradins, il y avait le dictateur. Il faisait presque peur avec ses yeux noirs cernés et son air très sérieux. Comme n'importe quel homme comme lui, il était entouré de gardes du corps, tous très baraqués. Par rapport au reste du public, il ne semblait pas avoir de favori pour cette rencontre. En fait, il s'en foutait. Il voulait juste faire pression sur les joueurs pour qu'ils ne tentent pas de se rebeller. Cela énerva Lucian, qui lui lança un regard noir et qui retrouva le reste de son équipe, avant de prendre la parole.

- Bon, écoutez-moi bien. Suivez toujours mes ordres, quoi qu'il arrive. Je peux vous faire gagner, croyez-moi. Et si je vous demande de me passer le ballon, ne réfléchissez pas, et passez-le moi.

Tous les joueurs acquiescèrent. L'italien avait une certaine autorité. Quelque chose était en lui, il imposait le respect. Et dès qu'il parlait, tout le monde l'écoutait. C'était vraiment utile, surtout dans des situations comme celles-ci. Il se tourna vers l'autre moitié du terrain. Tous les adversaires étaient là également, Armando s'échauffait dans les cages. L'attaquant décida d'aller le voir.

- Bonne chance pour le match, dit-il en lui tendant la main.

L'espagnol enfila son deuxième gant puis serra la main de son ami. Un air confiant et déterminé était dessiné sur son visage.

- Bonne chance à toi aussi. Mais attention, ce ne sera pas facile, annonça-t-il en souriant.

Lucian était légèrement surpris. Il n'avait jamais vu son meilleur ami aussi confiant auparavant. Mais ce dernier avait une raison. En effet, le gardien s'était particulièrement entraîné durant ses trois jours, et son hissatsu était tout à fait prête à être utilisée. Mais ça, personne ne le savait.
Le capitaine de l'équipe A retourna dans son camp. Le match allait commencer dans 2 minutes. La foule était en délire, aussi bien ceux qui encourageaient l'équipe A que l'équipe B.
Le dictateur se leva à la surprise générale. On lui donna un micro.

- Et voilà, il va nous saouler avec son discours à deux balles, soupira Lucian.

- J'ai...l'honneur ! Et l'immense joie ! commença le vieil homme en criant tellement fort dans l'appareil que l'italien se boucha les oreilles. De déclarer officiellement le début de ce tournoi national ! Voyons ce que ces joueurs provenant tous d'équipes différentes peuvent faire ensemble ! Je vous souhaite, à tous, joueurs comme spectateurs...un agréable moment. Que le maaaaatch...COMMENCE !

Tout le monde sauf Lucian et Armando applaudit et cria : "Vive l'empereur ! Vive l'empereur !"

- Pff, que des faux-culs qui ont peur de se faire trancher la tête, pensa l'attaquant.

Un arbitre arriva et posa la balle au centre du terrain, puis invita les capitaines des deux équipes respectives à s'avancer. Comme par hasard, ce fut au gardien espagnol de rejoindre le point d'engagement.
L'adulte lança une pièce. Pile. L'équipe B devait engager. L'attaquant grogna tandis que son ami sourit et retourna à son poste.
Un coup de sifflet retentit. Le match commença.

Et le match commença. Les deux attaquants de l'équipe B commencèrent à courir en direction des cages adverses...avant d'être immédiatement interrompus comme deux grosses merdes par Lucian qui intercepta une passe.

- Ha ! Je m'attendais à mieux ! se moqua-t-il.

Ooooh ! Lucian Revenge intercepte la passe de l'équipe B sans aucune difficulté ! Il ouvre déjà une première occasion de marquer !

Il fonça vers les buts protégés par Armando en compagnie de deux de ses coéquipiers. Trois défenseurs arrivèrent devant lui. Il exécuta une passe en arrière avec un coup de talon et le milieu de terrain reçut le ballon. Il dribbla le dernier défenseur de l'équipe adverse à une vitesse impressionnante, lança la balle dans les pieds de Lucian qui était désormais seul face à son rival de toujours.

Ça y'est ! C'est le face à face entre les deux capitaines !

- J'arrive, Armando ! annonça l'attaquant.

- Cela promet d'être intéressant...pensa son adversaire en tendant les bras vers le ballon.

L'italien tira. De toutes ses forces. Et ce tir dégageait une puissance incroyable. On voyait bien qu'il s'était beaucoup entraîné durant ces trois jours. Mais Armando aussi. Il stoppa net le tir et renvoya la balle en l'air, en direction d'un de ses coéquipiers. Mais Lucian la récupéra de justesse et tira à nouveau. L'espagnol recula son poing et frappa l'objet au moment où il était devant lui. Le ballon fut alors projeté sur le torse de l'attaquant qui la réceptionna et la coinça sous son pied.
Encore une fois, il tira, furieux. C'était un véritable boulet de canon, et rapide en plus de ça. Mais cela ne suffisait toujours pas à abattre le fameux joueur de Teikoku. Lucian était tellement dégoûté que la seule chose qu'il voulait faire à ce moment précis, c'était partir. Mais il ne pouvait pas, ce match était très important pour lui.

In-Incroyable ! Armando Villa vient d'arrêter les 3 tentatives de son adversaire ! Quelle force exceptionnelle !

- Tu me déçois beaucoup, avoua Armando en grimaçant.

- Ferme-là ! Je finirai par marquer ! Et mon tir sera tellement puissant que ton corps s'en souviendra toute sa vie ! cria-t-il, fou de rage.

Agacé par le comportement de son ami, le capitaine de l'équipe B se contenta de dire :

- Très bien. En attendant, admire le but que ton équipe va encaisser.

- Hein ?

Il lança la balle en l'air, le plus haut et le plus loin possible, de façon à ce que Lucian ne puisse pas la récupérer en sautant.

Oh ! Armando vient d'envoyer le ballon en l'air ! Prévoit-il une contre attaque aérienne ?

- Merde !

L'italien se tourna vers son camp. Ils étaient tous immobiles, prêts de leurs cages.

- Bon sang, essayez de récupérer cette putain de balle !

Trop tard. Un attaquant de l'équipe B sauta et se trouva alors en position idéale pour marquer. Le gardien de l'équipe A, était terrorisé à l'idée de devoir arrêter un tir, lui qui jouait au football pour la première fois.
L'attaquant tira. Son adversaire tenta un plongeon vers la gauche, sauf que le ballon allait vers la droite. L'objet entra dans les cages. But.

Goaaaaaal ! L'équipe B ouvre le scoooooore ! 1 à 0 dès les 15 premières minutes du match !


- Putain...grogna Lucian en serrant les dents, toujours aussi énervé.

- Ce n'est pas en grognant comme tu le fais si bien que ton équipe va s'améliorer ! conseilla son ami depuis sa position.

L'italien avait très bien entendu ce qu'avait dit le gardien. Mais il ne voulait pas répondre et se contenta de retourner au centre du terrain pour l'engagement.

L'équipe A engage avec leurs deux attaquants ! Vont-ils réussir à inverser la tendance ?


Lucian s'échappa avec le ballon et fonça à nouveau vers son objectif, en anéantissant toute la défense adverse avec habileté et rapidité.

Ooooooh ! Le capitaine décide de prendre ses responsabilités et neutralise tous les joueurs de l'équipe B qui sont maintenant paniqués !


- Cette fois, je vais marquer, Armando ! Goûte-moi ça !

Il a tirééééé ! Qu'est-ce que cette attaque va donner ?


Le gardien de Teikoku ferma les yeux, croisa les bras et demeura immobile, sous l'incompréhension totale.

- Qu'est-ce que...?

Soudain, un milieu de terrain de l'équipe B arriva devant son capitaine et d'un coup de pied, il contra le ballon qui se retrouva en l'air.

- Ils vont recommencer...Je dois trouver une solution si je ne veux pas que ce gardien de mes deux se prenne encore un but, pensa l'italien.

Ce dernier retourna dans son camp, en espérant arrêter le tir. Ses coéquipiers comme ses adversaires pensaient qu'il ne pourrait jamais la rattraper.
Et ils avaient raison. Le même attaquant que tout à l'heure sauta, tira et marqua. Alors que Lucian n'était même pas encore arrivé dans la surface de réparation.

Goaaaaal ! L'équipe B prend son envol avec ce deuxième but ! Est-ce que l'équipe A saura la rattrapeeer ?


On entendit plusieurs coups de sifflet, malgré la foule en délire avec d'un côté, les supporteurs de l'équipe B qui criaient de joie et de l'autre les supporteurs de l'équipe A qui huaient les joueurs.

Nous verrons ça dans la deuxième mi-temps ! En attendant, tous aux vestiaires ! 

Tous les joueurs rentrèrent dans leurs vestiaires respectifs. Mais Lucian restait tout seul au milieu du terrain, immobile, les poings fermés, il tremblait. Il ne voulait pas l'admettre, mais Armando et ses coéquipiers étaient bien plus forts, c'était sûr. Et les nombreuses questions qu'il se posait n'arrangeaient rien. 
A quel moment tenter une technique ? Est-ce qu'il allait la réussir ? Que voulait dire Kitagaki Amiko en disant que le foot était la même chose que le tir à l'arc ? Comment bloquer les contre-attaques de l'équipe B ? Et surtout, COMMENT marquer face à Armando ?
Cela le rendait fou. Il lança un regard vers les gradins. La jeune femme n'était plus là. Comme si elle le reniait. Comme s'il n'en valait pas la peine.

- Je dois à tout prix renverser la situation à notre avantage, pensa-t-il en retournant aux vestiaires, tête baissée.

Il ouvrit la porte, monta sur une estrade à côté du Coach et annonça :

- Écoutez-moi bien, si nous ne parvenons pas à bloquer leurs attaques, c'est la fin pour nous.

- On sait déjà qu'ils sont forts en contre-attaque...rappela un joueur.

- C'est leur point fort, même. 

- Ils sont rapides, aussi. Trop rapides pour qu'on puisse les stopper en défense...

Lucian eût un éclair de génie. Il frappa la table du poing, fronça les sourcils et sourit d'un air confiant.

- Bon. Vous avez raison. Ils sont trop rapides et trop nombreux pour qu'on puisse les stopper en défense. Il y a un attaquant en l'air et plusieurs joueurs à terre. Si le joueur en l'air est confronté à un défenseur, il passera le ballon aux joueurs à terre qui marqueront.

- Donc il ne faut surtout pas que le ballon arrive près d'eux, sinon c'est foutu.

- Exactement.

- Mais alors qu'est-ce qu'on peut faire ?

- Réfléchissez...Le ballon est lancé par Armando, qui est dans les cages. La balle traverse donc tout le terrain jusqu'aux attaquants de l'équipe B.

- Donc ?

- Bon sang, vous n'êtes vraiment que des bons à rien. Donc il faut récupérer le ballon avant que celui-ci arrive près de nos cages.

- L'intercepter au milieu du terrain ?

- Par exemple. 

- Mais quand tu as essayé de le récupérer, tu n'as pas réussi, capitaine.

- C'est normal, j'étais tout seul et je ne savais pas encore ce qu'Armando comptait faire. Si nous sommes plusieurs, nous pourrons récupérer le ballon plus facilement et faire une bonne contre-attaque.

- Je vois. Donc les défenseurs doivent quitter leur position et monter ?

- T'as tout capté. Je ne veux voir personne en défense. Tout le monde à l'avant. Sinon on ne pourra jamais marquer, donc on ne pourra jamais gagner. Vous avez tous compris ?

- Oui ! répondirent tous les joueurs en chœur en sortant du vestiaire.

Lucian était plutôt satisfait. Cela faisait une question résolue. Mais il y en avait encore beaucoup, et répondre à toutes en une mi-temps allait être difficile.
Il sortit de la salle à son tour et observa près de la porte un arc et des flèches.

- Un indice ? pensa l'italien.

Il avait beau regarder le kit dans tous les angles, il n'avait strictement rien de spécial. Et il se demandait vraiment quel lien cela pouvait avoir avec le football. L'attaquant haussa les épaules, serra son bandeau de capitaine et retourna sur le terrain. 

Ça y'est ! Le match va enfin pouvoir reprendre, avec l'engagement de l'équipe A ! Mais...Mais que vois-je ?! Tous les défenseurs de cette équipe se sont avancés ! Ils sont maintenant des milieux de terrain ! Quelle formation surprenante, et risquée !


- A quoi joues-tu, Lucian...se demanda Armando depuis sa position, perplexe, avant de secouer la tête pour ne pas se déconcentrer.

C'est parti ! Lucian fonce encore une fois en direction des cages, accompagné par deux joueurs de son équipe ! 


- Ne les laissez pas passer ! ordonna le gardien.

L'italien claqua des doigts et les deux milieux de terrain à côté de lui reculèrent. Le trio forma ainsi un triangle, dont Lucian était le sommet. Lorsqu'un défenseur arriva face à lui, il passa le ballon au joueur de gauche.

In-croy-able ! 3 joueurs de l'équipe A se sont disposés en triangle pour neutraliser plus facilement l'équipe adverse ! Cette stratégie est digne d'un géniiie !


- Stratégie géniale ou non, elle ne fera pas long feu ! Ne vous occupez plus d'eux ! On va en finir une bonne fois pour toutes...

- Parfait, c'est ce que j'attendais, murmura l'attaquant en accélérant vers les cages.

Encore une fois, le capitaine prend les devants et s'apprête à affronter l'invincible Armando !


Il tira. Il s'y attendait, mais le gardien stoppa le ballon avec une grande facilité. Et ce dernier lança la balle en l'air, comme à son habitude.

- Maintenant ! hurla Lucian en direction des joueurs derrière lui.

- Comment ?!

Un milieu de terrain se mit alors à courir et glissa sur le sol en levant les jambes. Un autre joueur arriva et rebondit sur les pieds de son coéquipier, pour aller encore plus haut et récupérer ainsi le ballon.

OH ! L'équipe A vient de ruiner les chances de l'équipe B de marquer leur troisième but !


- Vous avez assuré, les gars, à mon tour, maintenant ! appela Lucian en avançant.

Il tira en direction du capitaine, qui donna encore plus de puissance à la balle. Armando n'avait rien pu faire face à un tel boulet de canon, il devait s'incliner cette fois-ci.

GOAAAAAAL ! Armando vient d'être vaincu après de nombreuses tentatives ! L'équipe A rattrape son retard, le score est à présent de 2 à 1 !


- Impossible...souffla Armando, déboussolé.

- Votre petite tactique ne fonctionne plus, maintenant. Nous allons vous montrer de quoi nous sommes réellement capables...

- Grr...Ce match n'est pas encore fini, Lucian...

C'est à l'équipe B d'engager ! Quel match palpitant ! On se demande qui va pouvoir arracher la victoire !
Oh ! On assiste à 3 changements dans l'équipe B ! Des nouveaux attaquants entrent sur le terrain, visiblement décidés à marquer.


- C'est dangereux pour nous. Je ferais mieux de rester en défense, dit-il en reculant.

C'est parti ! Les joueurs de l'équipe B foncent en direction des cages adverses ! Ils n'hésitent pas à utiliser la force pour renverser la défense adverse !


- Aaaah ! cria de douleur un coéquipier de Lucian en tombant après avoir été violemment poussé.

- Bon sang, ils n'y vont pas de main morte...remarqua l'italien en interceptant une passe.

Oh ! Lucian Revenge vient de sauver son équipe d'une situation délicate grâce à cette interception ! Mais va-t-il pouvoir conserver le ballon malgré tous les joueurs adverses autour de lui ?


- Trop lent ! cria un attaquant de l'équipe B.

- Hein ?

L'attaquant le tacla par derrière, tellement violemment que Lucian subit le même traitement que ses camarades, il se retrouva à terre. Il ne restait donc plus que le gardien, qui était cependant terrorisé.
Le joueur adverse tira de toutes ses forces, lui aussi semblait capable de tirer des boulets de canon. IL dégageait une telle puissance que le gardien préféra s'enfuir pour ne pas être blessé.
Mais alors qu'il allait rentrer dans les cages et toucher les filets, l'attaquant aux cheveux rouge-foncé arriva et bloqua le tir avec son pied.

Oh ! Ooooh ! Le capitaine de l'équipe A vient de sauver une nouvelle fois la vie de son équipe ! Il vient de détruire l'occasion de l'équipe B de marquer un autre buuut !


- Impossible ! 

Lucian était à présent devant ses cages, mais voyait parfaitement la trajectoire qu'il devait prendre pour marquer. C'était une flèche, droite...Une idée lui vint à l'esprit. Et il commença à courir à toute vitesse.

OH ! Lucian Revenge tente de marquer le but de l'égalisation tout seul ! C'est une action très risquée !


- Que comptes-tu faire...se demanda Armando depuis sa position.

L'italien était impressionnant. Il dribblait tout le monde très rapidement, très habilement, et se retrouva ainsi face à son meilleur ami en à peine quelques secondes.

- Cette fois, c'est entre toi et moi ! hurla le gardien, déterminé à gagner.

L'attaquant avait enfin compris ce que voulait dire Kitagaki Amiko. Et elle avait raison, le foot et le tir à l'arc, c'est la même chose. 
Il s'arrêta net et immobilisa le ballon. Il positionna son talon derrière la balle, fit un tour complet avec elle de façon à ce qu'elle prenne assez de vitesse et d'élan pour se retrouver en l'air, au niveau de la tête du joueur. Au tir à l'arc, cela équivalait à positionner la flèche sur l'arc.
L'italien recula. Il prit de l'élan. Au tir à l'arc, cela équivalait à bander l'arc, pour donner la puissance à la flèche.
Puis il sauta et se mit en position horizontale, en l'air, face au ballon. Il posa ses deux pieds dessus, et rebondit.

- Là voilà, ma super technique ! Thunder Arrooooow ! cria-t-il en tirant.

Le joueur se servit de son rebond pour faire un salto arrière et ainsi retomber parfaitement bien sur le sol. Il était souple, en plus d'être agile. Quant à son tir, il se dirigeait droit vers les cages. Et il dégageait des étincelles bleues, sous les regards choqués et ébahis des spectateurs.

- Je ne dois pas me déconcentrer...Je n'ai droit qu'à un seul essai...murmura le gardien, dont les yeux brûlaient de détermination. Power Shield !

Le ballon rencontra le champ d'énergie provoqué par la technique d'Armando. Ce dernier lutta quelques instants, mais il ne pouvait rien faire. Le tir de Lucian était plus puissant que jamais.

- Alleeeeeez ! gueula l'attaquant à s'en casser la voix.

La technique céda, le gardien espagnol reçut la balle de plein fouet et entra dans les cages avec elle. But.
Plus personne ne pouvait parler. Aussi bien les joueurs que les spectateurs. Deux techniques en un seul match, en l'espace de même pas une minute. On n'avait pas vu cela depuis une décennie. Et à l'époque actuel, voir ça était un véritable scandale. Une double provocation.

Gu-Gu-Gu...GOAAAAAAAAL ! L'équipe A vient de marquer le but de L'EGA-LI-SA-TION ! Et quel tir, mesdames et messieurs ! Je n'en crois pas mes yeux !


Le dictateur se leva tellement vivement que sa chaise en tomba. Il était choqué par cette attitude, et il ne pouvait pas permettre une telle humiliation. Car oui, laisser des joueurs utiliser des techniques alors qu'il était là, c'en était une.

- Celui ou celle. Qui me rapportera ces deux TRAITRES aura la fameuse récompense d'un MILLION de yens ! Je les veux...morts...OU VIFS ! cria-t-il dans un micro.

- Oh-Ho...lâcha Lucian, qui se disait qu'il allait devoir partir.

Aussitôt, tous les spectateurs se levèrent et se mirent à courir dans les gradins puis dans les escaliers en direction des deux joueurs. Ils se bousculèrent dans tous les sens, on aurait dit des animaux qui se battaient pour un morceau de viande. Sauf que c'était vraiment ça. Tous ces supporteurs sont devenus des tueurs pour espérer prolonger leur vie ne serait ce que de quelques années. C'était triste à voir.

Armando rejoignit rapidement son ami et lui proposa de s'enfuir. Il acquiesça sans dire un mot et sortirent du stade à toute vitesse. A présent, ils courraient. Pour leur liberté. Pour la révolution. Mais aussi pour survivre.

Peu de temps auparavant...


Dans un grand appartement, dans un gigantesque salon, une adolescente à la longue chevelure blonde et aux yeux mauves était assise sur son canapé et regardait la télé. Un match de foot en direct, celui qui opposait l'équipe A à l'équipe B.
C'était la contre-attaque de l'équipe A, Lucian fonçait comme une flèche en direction des cages. Plus personne ne pouvait l'arrêter.

- Cette fois, c'est entre toi et moi ! hurla le gardien de l'équipe B, que la jeune fille semblait connaître.

L'italien s'arrêta et réalisa plusieurs mouvements, avant de tirer dans le ballon qui dégageait des étincelles bleues.

- Là voilà, ma super technique ! Thunder Arrooooow !

Comme tous les autres spectateurs, elle était surprise et ébahie. Elle ne pensait pas que l'attaquant maîtrisait un pouvoir de ce genre.
Armando utilisa sa technique à son tour, qui se brisa et laissa échapper le ballon. 

- Gooooaaaaal ! cria le commentateur après un moment d'hésitation.

Le dictateur, que la jeune fille ne pouvait pas supporter, se leva et prit la parole dans un micro. 

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Pendant ce temps...


L'attaquant et le gardien courraient dans les rues. Non loin derrière eux, une gigantesque foule de personnes voulant les attraper ou les tuer, c'était au choix. Parmi les nombreuses personnes, Lucian reconnut des joueurs des équipes A et B.

- Putain, ils nous suivent, eux aussi ! dit-il à son ami.

- Qui ça ?

- Nos chers et tendres coéquipiers.

- Grr, quelle bande de traîtres !

- Quelle bande de chiens, oui ! Et ils courent vite ces enfoirés, plus vite que pendant le match !

- Normal, la thune a une plus grande valeur que la victoire pour eux. T'as toujours ton flingue ou tu l'as laissé dans les vestiaires ?

- Tu me prends pour un fou ou quoi ? Je l'ai TOUJOURS sur moi. Dans n'importe quelles circonstances. Mais je vois où tu veux en venir, avoua-t-il avec un sourire diabolique.

L'italien aux cheveux rouges sortit son arme pendant sa course et le chargea. Il freina soudainement et cria :

- Je vais les refroidir, moi !

Il vida tout son chargeur sur la foule, armée jusqu'aux dents. Quelques têtes tombèrent sous les balles et les cadavres parvinrent à ralentir ces tueurs. Lucian en profita pour accélérer.

- Bien joué, félicita Armando.

- Je n'ai plus beaucoup de balles, il va falloir les semer rapidement.

- Plus facile à dire qu'à faire. J'espère que tu t'es entraîné en endurance.

- C'est ça, tais-toi et cours ! lança l'attaquant en montrant du doigt deux ruelles, une à gauche et une à droite.

Ils se séparèrent aussitôt et chacun alla dans une ruelle. Lucian dans celle de gauche, Armando dans celle de droite. Mais la foule n'avait pas dit son dernier mot. Elle se divisa également, cependant, l'italien avait un véritable don pour s'attirer des ennuis, alors il récolta pour lui tout seul les trois quarts des supporters.

- Bon sang, pourquoi c'est toujours moi qui prend tout ? 

Il escalada la façade d'une maison pour finalement rejoindre le toit, puis il sauta de toiture en toiture, afin de se débarrasser d'un maximum de monde. Mais une ruelle s'interposa. La distance entre le toit où il était et celui de la maison en face était trop grande, il ne pouvait pas sauter. Il descendit et continua sa course. Mais la plupart de ses fans l'avaient suivi depuis le sol.

- Je hais les pots de colle, dit-il en tirant une balle dans l'estomac de l'homme le plus proche de lui. Manque de bol, l'enfant qu'il tenait sur ses épaules allait se retrouver orphelin. Mais il ne fallait jamais provoquer Lucian, sous peine de violentes représailles.

Il rejoignit Armando sur le grand boulevard où il était tout à l'heure. Finalement, ils étaient revenus au point de départ.

- Pas trop...essoufflé ? demanda l'attaquant.

- Je crois...que je ne pourrais pas tenir...éternellement...murmura le gardien qui avait des difficultés à courir longtemps et rapidement.

- Bon sang...On doit trouver une solution, sinon nous sommes perdus...

Lucian cherchait désespérément quelqu'un ou quelque chose qui pourrait les aider. Il posa son regard près d'une poubelle, où trainait un ballon de foot encore en parfait état. Il courut vers lui, même si par conséquent, la foule le rattrapait.

- Non, Lucian ! C'est de la folie !

- Quand on tombe face à un mur, on ne doit pas faire demi-tour...

Il récupéra la balle et réalisa les mouvements de sa technique, alors que les torches, les flingues, les fusils et les lances de ses ennemis n'étaient plus qu'à quelques centimètres de lui.

- ...On doit le détruire ! Thunder Arrow !

Le tir renversa quelques personnes, mais certaines parvinrent tout de même à passer. Lucian sentait que la mort était toute proche, mais soudain...

- Power Shield !

Armando apparut devant lui et repoussa quelques tueurs pendant quelques instants. 

- Si tu te bats, je me bats aussi ! confia le gardien en souriant.

Une mêlée générale commença. Et les deux joueurs se débrouillaient très bien. Mais la foule était nombreuse, très nombreuse. Il devait rester au moins une cinquantaine de personnes debout, et les footballeurs étaient épuisés, incapables d'utiliser encore leurs techniques.

Soudain, une voix féminine cria :

- Prenez-ça !

Quelque chose tomba sur le sol et explosa, anéantissant tous les tueurs restants instantanément et créant une épaisse fumée devant les deux amis, tellement grosse qu'ils ne voyaient plus rien.

- Qu'est-ce que c'était ?!

- Une grenade...Ça ressemble bien à...

La jeune femme blonde aux yeux mauves sortit de la fumée et se présenta devant les deux joueurs, ébahis.

- Émilie ! cria l'attaquant, joyeusement surpris. Qu'est-ce que tu fais ici ?

- Tu es un grand malade, Lucian Revenge, avoua-t-elle en rougissant. Allez, dépêchons-nous avant qu'ils ne se réveillent, ce n'est pas une grenade comme à la guerre, elle ne tue pas, elle assomme juste les gens pendant un certain temps.

- Grenade mortelle ou pas, t'as quand même géré, merci. Mais où est-ce que tu nous emmènes ?

- Chez moi, bien sûr ! Vous y serez en sécurité.

Et ils se mirent à marcher en direction du grand appartement de la jeune fille. Elle leur demanda pourquoi ils avaient utilisé des techniques devant le dictateur, et ils expliquèrent toute l'histoire, depuis leur rencontre avec Kitagaki Amiko.

- Je vois...alors si je récapitule, cette femme est venue à vous et vous a persuadé de vous joindre à elle ?

- Exact, mais je ne savais pas qu'Armando faisait partie de la révolution.

- Moi non plus, je n'en savais rien.

- D'après ce que vous me dites, cette femme me semble louche, tout de même. Vous avez eu du cran pour la rejoindre.

- Elle est bizarre, oui. Je finirai par mener mon enquête sur elle, même si pour l'instant j'ai autre chose à foutre. Mais je lui dois beaucoup. Elle m'a offert la possibilité de changer ma vie à jamais. Tout seul, je n'aurais rien pu faire. Mais avec une équipe...c'est tout autre chose, fit remarquer Lucian.

- Je comprends ce que tu veux dire. Mais...

- Mais ? répéta l'italien avec un air interrogateur.

- Je voudrais la rencontrer...pour rejoindre l'équipe, moi aussi. J'en ai plus qu'assez de ce gouvernement  et de ce dictateur hypocrite. Après tout, même si elle a déjà sélectionné les 11 joueurs, ça n'a pas d'importance, vous finirez par avoir besoin de remplaçants. Et puis je ne veux pas vous laisser tout seuls !

- Voilà une excellente idée. Tu es une bonne joueuse, je suis sûr que tu pourrais nous être utile.

Émilie sourit jusqu'aux oreilles. Ce n'était pas tous les jours que Lucian faisait des compliments, et elle était contente d'en recevoir, tandis qu'Armando ricana doucement dans son coin. Il savait très bien que le fait d'être lassée par le gouvernement n'était pas la seule motivation de l'adolescente.
Les deux joueurs de Zeus se tournaient autour depuis la 6ème, et aucun n'avait la force d'exprimer ses sentiments à l'autre. Lui était trop froid tandis qu'elle était trop timide. Pourtant ça se voyait bien, et l'activité favorite du gardien était de les embêter le plus possible avec ça.
Ils arrivèrent devant l'immeuble de la jeune fille. Il était moderne et propre, complètement différent de celui où habitait Lucian.

- De l'extérieur, il n'est pas très beau à voir, mais je suis assez fière de la déco' de mon appartement.

- On ne va pas faire les difficiles, rassura l'italien. C'est déjà très gentil de ta part de nous héberger.

- C'est normal, on doit se serrer les coudes ! Restez autant de temps que vous le voudrez, en plus, je voulais des colocataires...

- Tu...Tu vis seule ?! demandèrent les deux joueurs, choqués.

- Oui...répondit-elle d'un air un peu embarrassé. Je vous rappelle que mes parents sont séparés, les gars. Mais pour une raison inconnue, ils ont décidé de continuer à vivre dans la même maison. Sauf que c'était insupportable. Ils étaient fous et utilisaient toutes les précautions nécessaires pour ne pas se voir. Sauf qu'ils m'entraînaient dans leur folie...Alors un jour, j'en ai eu marre, et je suis partie.

- Tu as du cran. Mais comment fais-tu pour tout payer ?

- Au tout début, j'ai eu beaucoup de mal, et j'ai dû voler sans me faire prendre. Mais mes parents ont fini par se rendre compte de leur erreur et ont décidé de tout payer à ma place, même s'ils aimeraient que je revienne à la maison.

- Je vois.

- Bon, je suis ravie que cela vous intéresse plus ou moins, mais je n'ai pas vraiment envie de parler de mon passé, désolée...

- Ce n'est pas grave, je te comprends parfaitement. 

Ils entrèrent dans l'immeuble. Et à la vue des escaliers, Lucian se crispa instantanément. Il avait dû énormément utiliser sa jambe pendant le match et la course-poursuite, et la balle reçue dans la cuisse quelques jours auparavant lui faisait toujours mal, même encore plus qu'avant à cause de ces efforts forcés. Mais ce n'était pas plusieurs étages qui allaient l'achever, loin de là. Il inspira et suivit ses amis, en se tenant à la rampe.

- Bah alors, Lucian ? taquina Armando. On faiblit ?

- Ferme-là ! répondit l'attaquant en riant. Je suis fatigué à cause de cette dure journée, et je suis sûr que toi aussi tu meurs d'envie de te reposer.

- On verra bien qui s'effondrera le premier !

- C'est un défi que tu me lances ?

- Eh, arrêtez de vous battre. Vous vous reposerez tous les deux, pendant que j'irai voir votre fameuse Coach.

- Tu veux la voir maintenant ? demanda le gardien, étonné.

- Oui, pourquoi donc ?

- Elle est exigeante. Je pense que tu devrais lui montrer ce que tu sais faire en apprenant une technique avant d'aller la voir.

- Si elle est votre Coach, c'est bien pour vous apprendre des techniques et vous donner des conseils, non ?

- Pas vraiment, non. Elle est différente de tous les autres Coach. Très différente, intervint Lucian. Elle est manipulatrice et ne désire que les plus forts pour arriver à ses fins. Pour elle, les faibles ne méritent pas d'exister. Dès que tu montres un signe de faiblesse, elle te renie et t'abandonne.

- Alors toi aussi, hein...

- Que veux-tu dire, Armando ?

- C'était à un entraînement, la veille du match. Elle était venue me voir, et j'essayais désespérément de maîtriser une technique, mais je n'y arrivais pas malgré les tentatives. Alors elle était partie, et bizarrement, aujourd'hui, elle est revenue en sachant que j'étais enfin prêt à l'utiliser.

- Cette Coach est vraiment étrange...conclut l'adolescente aux yeux mauves. Mais peu importe. Je vais aller la voir et je parviendrais à la convaincre de me prendre dans l'équipe. Même si je ne suis pas inscrite au tournoi, je veux me battre !

Armando sourit de nouveau et lança un clin d'œil à la jeune fille, puis lui montra Lucian. Émilie fusilla le gardien du regard, l'ignora et ouvrit la porte de chez elle. 

- Entrez, annonça-t-elle. Même si j'aimerais bien te foutre dehors, Armando.

- Pourquoi, qu'est-ce qu'il a fait ? demanda l'attaquant.

- Euh...Rien ! Rien ! cria la blonde qui devint toute rouge instantanément.

Il haussa les épaules comme à son habitude, entra dans le salon, une main posée sur sa blessure, qu'Émilie remarqua.

- Ça ne va pas, Lucian ?

- Si, tout va bien.

Elle s'approcha de son ami et le poussa sur le canapé qui était derrière lui. Il serra les dents de douleur et saisit sa jambe.

- Ça ne sert à rien de mentir, fit-elle, déçue. Laisse-moi voir.

Elle remonta la manche de son short et découvrit la plaie de son ami, en même temps qu'Armando, qui était tout aussi choqué.

- C'est dû à une balle...Quand est-ce que c'est arrivé ?!

- Le violeur...C'est lui qui m'a fait ça.

- Grr...J'aurais dû venir avec toi...regretta le gardien.

- C'est bon, je vais bien.

- C'est infecté, je vais te soigner, en attendant, ne bouge pas, ordonna Émilie. Tu t'es assez servi de ta jambe pour aujourd'hui. Repose-toi, ou allume la télé, si tu veux.

- D'ailleurs, 45 minutes après le début de notre match, un autre du tournoi a commencé, et il doit être diffusé, en principe.

- Il est bientôt terminé, ça ne sert à rien.

- Au moins pour voir le score. Pour qu'on en sache plus sur nos futurs adversaires.

- Au cas où tu ne serais pas au courant, notre parcours dans ce tournoi vient de s'achever ! s'énerva l'attaquant. Tu crois vraiment pouvoir le continuer comme ça, après ce qu'on a provoqué ?! Tu es vraiment naïf...Mais bon, si ça peut te faire plaisir...

Il prit la télécommande et alluma la télévision. Un gigantesque écran plat, en haute définition et avec des tas d'autres fonctionnalités.
Les deux amis tombèrent directement sur la chaîne qui diffusait le match. Un jeune joueur, bronzé, plus grand et plus musclé que Lucian, avec des cheveux longs, blonds, bouclés, descendant jusqu'à la poitrine, des yeux verts et foncés, se dirigeait vers les buts adverses à toute vitesse.

- Mais c'est... ! commença le gardien.

Le joueur s'arrêta net et commença à tourbillonner dans les airs. Des flammes rouges et vives sortaient de son pied.

- Fire Tornado ! cria-t-il en tirant un véritable boulet de canon enflammé.

Son adversaire tenta désespérément de stopper le ballon à l'aide des deux mains, mais le tir était beaucoup trop puissant. Il céda et la balle entra tellement vite dans les cages qu'elle en perça les filets. On s'y attendait, mais le public était ébahi, et le commentateur ne savait plus quoi dire.

- Kamatari...lâcha Lucian, furieux.