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| | [Non IE] Sur tes traces (Chapitre 13) | |
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Auteur | Message |
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| Kirara ★ Fantôme ★
Messages : 813 Né(e) le : 18/01/1999 Inscrit(e) le : 20/08/2012 | |
| Sujet: [Non IE] Sur tes traces (Chapitre 13) Mer 12 Sep 2012, 16:49 | |
| Sur tes traces, la première fic de 2KAssociation, un trio d'auteur barge... Une fic écrite à six main par Kenshin (inscrit mais pas très actif), Artifice (elle, par contre, elle est pas là) et moi. L'histoire commence dans le monde de Naruto; parce qu'entre nukenin, démon et ninja, ce n'est pas toujours de tout repos... Résumé: - Spoiler:
Sept ans après la fin de la guerre ; l’Akatsuki a été détruite, et de nouveaux jinchûrikis ont été choisis pour défendre les nations ninjas. Ryuka est l’une de ces nouvelles armes. Dans ses entrailles résident un monstre et dans sa tête résonne une promesse. Et si… ?
Fanart: - Spoiler:
/Interdiction formel de prendre ce fanart sans autorisation/
Chapitre 1: - Spoiler:
~ Chapitre I ~ Cobaye Rien n’a changé. Les hautes tours d’acier qui se profilaient entre deux traînées de brumes épaisses, le long défilé incessant de civils dans les rues bondées du centre-ville, jusqu’aux vitres crasseuses du complexe administratif…Même cette odeur dérangeante de médicaments –de mort– flottait encore dans l’air… Et pourtant ! Mei soupira.
« Maître Mizukage ? — Bien ! »
Elle ne précisa pas ce qui était bien, ou ce qui ne l’était pas ; ses talons claquèrent avec force sur le carrelage quand elle se détourna de l’unique baie vitrée du bâtiment. En quelques secondes, elle balaya de son habituel regard songeur l’assemblée réunie dans la salle : deux ou trois vétérans étaient présents, aux silhouettes courbées sur leurs cannes, mais la plupart était des ninjas de Kiri dont la valeur n’était plus à prouver. Des ANBU, aux masques accrochés sur le côté de leurs crânes, le visage découvert, encadraient plusieurs jûnins de haut niveau, tous armés plus qu’il ne fallait en ce genre de circonstances. Dans cette marée humaine, elle aperçut la tête de Chôjuro, à moitié dissimulée par sa lourde épée.
Mei sourit. Décidemment, elle aimait bien ce timide adolescent.
« J’imagine que je ne vous apprends rien de nouveau en affirmant que la quatrième grande guerre ninja a pris fin sur une victoire éclatante de l’alliance shinobi, commença-t-elle d’une voix égale sans avoir besoin de réclamer le silence. »
Le claquement familier de la porte d’entrée de la pièce attira son attention juste avant qu’elle ne termine sa phrase. En reconnaissant le nouvel arrivant, elle grimaça. Et à la vue des dossiers qu’il tenait à bout de bras, son rictus se transforma en malaise.
Visiblement, il avait bien travaillé. Et elle doutait finalement que ce soit une bonne chose…
La gorge serrée, elle fit signe à Ao, qui se tenait assis à sa droite, de continuer son petit exposé. Il acquiesça en prenant la parole.
« Après plusieurs cérémonies et fêtes en l’honneur de ce succès, chaque village caché a regagné ses territoires respectifs, avec, selon un accord mutuel, une durée d’un an de paix forcée afin de se remettre des dégâts matériels et humains… »
Cérémonies ? Accord mutuel ? … forcé ? Pourquoi faut-il qu’il fasse TOUJOURS des allusions au mariage ? Songea Mei, une goutte de sueur sur la tempe. Elle était déjà suffisamment stressée comme ça par la présence de ce type, bon sang !
« Mais récemment, alors que nous ne sommes qu’à trois mois de l’échéance de cette trêve, une attaque anonyme a eu lieu sur Kumo, coupa-t-elle brusquement en jetant un regard menaçant à son second. Et nous force par la même occasion à reconsidérer notre situation… précaire. Avouons-le, l’économie de notre daimyo a sévèrement chuté ces derniers temps et s’est répercutée sur notre propre système… Nous manquons de jeunes guerriers et nos élèves les plus précoces ne pourront être réellement considérés comme éléments de Kiri que dans deux ou trois ans… — N’exagérons rien ! s’exclama un ancien. Ils ont presque dix ans, après tout ! — C’est bien ce que je dis ! Ils n’ont pas l’expérience nécessaire ! Ils se feront tuer avant d’avoir pu lancer la moindre offensive ! »
La réplique, cinglante et définitive, ne permit pas au vieux ninja de riposter. Il se contenta de reculer un peu en grommelant quelque chose dans sa barbe.
Personne ne comprit vraiment quoi, mais les mots « folle furieuse », « catastrophes » et « de mon temps » revenaient souvent…
« Mais comment faire, dans ce cas, Mizukage-sama ? interrogea Chôjuro. — Justement, c’est là que nous ne vous avons pas tout dit, murmura la jeune femme en s’attirant une moue dédaigneuse d’Ao. Comme vous le savez, la mort de ce Tobi, tel qu’il soit, a entrainé dans le même mouvement la destruction complète d’Akatsuki…Et dans un de ses anciens repaires, nous avons pu retrouver la statue qu’ils utilisaient pour extraire les bijûs du corps de leurs propriétaires…Grâce à plusieurs spécialistes en sceaux, nous avons réussis à les capturer de nouveau avant de brûler cette machine. — Quoi ?! Mais je croyais que les démons avaient disparus avec ce truc ! Cria quelqu’un. — C’est ce qu’on nous a demandé de dire tant qu’on n’aurait pas décidé quoi faire de… de ça. — Et maintenant ? — Les sept démons retrouvés ont été répartis le plus équitablement possible entre les différentes nations ninjas…Pour notre part, c’est de Rokubi, le démon à six queues, dont nous avons hérité…Il est actuellement sous haute surveillance, plongé dans une espèce de coma artificiel dans un lieu tenu secret. — Attendez, Mizukage-sama…Vous ne voulez pas dire que… — Si. Nous allons lui trouver un nouveau jinchûriki… »
Un concert de protestations s’éleva aussitôt, lui coupant la parole. Mei serra les poings, ses ongles se plantant avec hargne dans la paume de sa main. Du sang coula entre les articulations. S’ils croyaient que cela lui plaisait ! Mais un bijû représentait un atout non négligeable pour un village caché, surtout si ce dernier manquait de se retrouver à la ruine suite à une guerre trop dévastatrice…
« SILENCE ! hurla Ao en abattant ses mains à plat sur la table, envoyant valser sa chaise à terre dans un fracas indescriptible qui mit aussitôt fin aux hurlements. — Merci, souffla Mei. Sachez que ce procédé ne m’enchante guère… D’ailleurs, les villages cachés de Konoha et Suna se sont farouchement opposés à cette alternative ! Enfin… Comme Takigakure a déjà choisi son nouveau réceptacle, et ce, depuis la fin du conflit, dites-vous que nous ne faisons que suivre l’exemple. Cela apaisera votre conscience ! Pour ce qu’il en reste… » Mei se releva juste ce qu’il faut pour prendre une attitude décidée, sous le regard désormais ravi d’Ao. Elle savait ce qu’il était en train de penser : il savourait à sa juste valeur le retournement de la situation, qu’elle avait orchestrée à la réplique près. Un vrai travail de dictateur ! Mais qui lui faisait bien mal au cœur…
Son index fendit l’air pour aller se pointer dans la direction du ninja qui se tenait toujours à l’écart. Répondant à son appel, il s’avança de quelques pas, plaçant son visage à la lumière des néons : il devait avoir la quarantaine ; quelques rides apparaissaient aux coins de ses yeux, dans lesquels brillait une lueur folle. Ses lèvres restaient plissées dans un rictus légèrement psychopathe. Il se tenait voûté, ses éternels dossiers sous le bras… C’était un de ces hommes qu’on n’aimerait pas croiser dans une ruelle sombre, un soir de pleine lune.
« C’est Sadako, un de nos meilleurs maîtres en fuinjutsu, qui s’occupera de sceller Rokubi, reprit Mei. Sa réputation n’est plus à faire, il me semble ! — Merci, Mizukage-sama, répondit ledit Sadako en s’inclinant imperceptiblement.
Sa voix avait quelque chose de… sifflant.
« Pour assurer la totale réussite du scellement, il nous faudra trouver un enfant, pas trop jeune de préférence, pour que sa constitution puisse accepter le démon à queue plus facilement, mais pas trop vieux non plus, sinon le bijû ne s’accrochera pas au nouveau réceptacle. L’ancien jinchûriki de Rokubi était Utakata, un déserteur. Mais nos archivistes possèdent encore des dossiers sur son métabolisme, et nous baserons la recherche d’un nouvel hôte sur ces données, afin de minimiser les risques d’une… libération de ce démon, et que ce dernier s’adapte dès le premier essai. Tous se souviennent encore de la crise Kyûbi qui menaça de raser Konoha, je suppose ? Dans ce cas, je n’ai pas besoin de vous faire une petite démonstration de ce qui pourrait arriver à Kiri en cas d’échec. »
L’assemblée frissonna dans un bel ensemble. Dans la bouche de Sadako, « enfant » sonnait « jouet » et réceptacle, « monstre ». Un vrai ninja de Kiri ! Selon leurs propres définitions…
« D’ailleurs, il me semble, continua-t-il à l’adresse d’Ao, que c’est vous que j’ai chargé de dénicher un enfant semblable à Utakata ? Qu’ont données vos recherches ? — Et bien, je crois que celle-ci pourrait convenir, répondit Ao en tendant au scientifique un fichier quelconque. Mais êtes-vous sûr que l’union entre… »
… Union ? Mais il le fait vraiment exprès ! Sous la table, Mei écrasa le pied d’Ao en lui susurrant un innocent « Tais-toi ou je te décapite ! ».
Alors que Sadako menaçait de se saisir des feuilles, Mei le lui arracha carrément des mains et l’ouvrit à la première page, se fichant éperdument du regard colérique du savant. Le futur hôte en question était une fillette d’à peine sept ans, si elle en croyait les informations soigneusement annotées par Ao. Sur une photographie, dans un coin, à droite, elle put voir qu’elle avait un visage fin, presque squelettique, encadré de mèches rebelles brunes et des yeux noisette. Elle était terriblement banale… Mais elle avait aussi l’avantage de posséder le même groupe sanguin et la même ossature qu’Utakata à cet âge, à quelques détails près.
« Ryuka Sandayu, lut-elle à haute voix. »
Sandayu… Elle connaissait ce nom ! Où l’avait-elle déjà vue ? Ah, oui. Sur la stèle dédiée aux morts de la quatrième grande guerre ninja.
« Qui sont ses tuteurs ? demanda Mei en consentant enfin à donner le dossier à Sadako. — Son grand-père… Un vieux fou au cerveau bloqué sur l’ère sanglante de Kiri, déclara Ao. — J’ai donc votre feu vert, Mizukage-sama ? interrogea Sadako. — Oui… »
Pauvre fille… Le destin a fait de toi le cobaye idéal !
oOOo Allez, concentre-toi un peu ! Elle n’y arrivait pas, même en ressassant encore et encore les rares instants volés à sa mémoire passée avec ces… inconnus ? Elle ne savait même plus comment les appeler, et ignorait si elle devait se fier aux paroles de Pépé Han. Sa maman était-elle réellement cette jeune femme souriante face à l’objectif, la taille fine et gracile drapée dans un yukata mauve bon marché, si rayonnante aux bras de son mari ? Et son père ? Elle se rappelait des cris poussés après une journée trop dure, une paie trop légère, et du bruit des coups sur ses bras quand elle posait une question qu’il imaginait indiscrète. Mais aucun de ces sons ne lui évoquaient l’homme rieur, serré contre son épouse, la main protectrice et bienveillante sur sa taille et les cheveux en bataille. Ses yeux s’embuèrent de larmes difficilement retenues.
« Ce photographe est un menteur ! » hurla Ryuka en envoyant valser le cadre contre le mur d’en face. Des milliers de fins éclats de verres s’éparpillèrent sur le sol dans un tintamarre assourdissant.
Il y succéda un claquement sonore, résultat de la main ridée qui venait de s’abattre sur sa joue.
« Petite sotte ! hurla Pépé Han en la saisissant par le col pour la relever. Regarde ce que tu as fait ! — Pépé ! Tu me fais mal ! »
Au-dessus d’elle, elle entendit Pépé Han vociférer des jurons sonores en l’agitant à la manière d’un sac à patates. Elle avait envie de vomir…
« Tu m’énerves ! Tu m’énerves à ne pas ressembler comme il le faudrait à tes parents, à être aussi faible, à n’en faire qu’à ta tête ! — J’y peux rien ! Je te jure que j’essaie, mais je n’arrive pas à… — Ne dis rien ! Tu ne lâches que des bêtises quand tu parles ! Je te… — Et bien, que de violence… »
Tous deux se retournèrent d’un seul mouvement vers le hall de leur petit appartement. Ryuka plissa les yeux, toujours à quatre pattes sur le sol, observant à la va-vite le groupe de ninjas encapuchonnés, placés en une formation de défense qui lui rappela vaguement quelque chose… Peut-être dans un de ces livres de ninjutsu que lui faisait lire Pépé Han… En tout cas, elle ne les avait pas entendus entrer ! Pourtant, ils étaient cinq, et, leurs armes semblaient bien lourdes… Elle reconnut des masques d’ANBU. Au centre de leur figure se tenait un homme bien plus imposant que les shinobis, au regard louche qui lui inspira aussitôt un dégout sinistre.
« Sadako-sama ! » s’exclama Pépé Han en s’inclinant aussitôt, face contre terre, avec la voix tremblante d’admiration.
Ryuka se dépêcha de l’imiter, avec un temps de retard cependant. Ses cheveux glissèrent entre ses épaules, et le silence s’installa bientôt… Et puis, instinctivement, elle porta la main à son cou. Il y avait… comme une piqûre de moustique. Cela la démangeait, en tout cas. En relevant un peu les yeux, elle vit le dénommé Sadako la fixer comme s’il s’accrochait à la vie à travers elle. C’était son regard qui la brûlait.
« Han Sandayu… Ravi de te revoir, après toutes ces années… murmura Sadako d’un air absent, l’observant toujours sans prêter une seule miette d’attention à Pépé Han.
Hein ? Ce type connaissait son grand-père ? Visiblement, ce dernier semblait le considérer comme un de ses supérieurs, et cela ne fit qu’augmenter sa méfiance.
— Que puis-je faire pour vous, Sadako-sama ? — J’aimerais vous parler… En privé, je veux dire. »
Le message était suffisamment clair pour que Ryuka se lève sans demander la permission. Elle traversa la pièce comme un automate et courut se réfugier dans sa chambre. La porte claqua avec force, faisant vibrer son cœur en rythme. Inconsciemment, elle porta la main à sa poitrine et crispa les doigts sur sa veste bleue marine… Le tissu, déjà quasiment inutilisable, se déchira sous la pression. J’ai un mauvais pressentiment…
oOOo Quand la peur vous prend aux tripes, en général, on a souvent du mal à penser à autre chose… Ryuka réfréna un sanglot rapide, pure réflexe hérité de Pépé Han, et ferma les yeux. Le noir, presque rassurant désormais, remplaça le décor parfaitement propre et rôdé du laboratoire dans lequel cet homme l’avait emmenée. Ce n’était pas tant les fioles et les instruments de médecine, dont elle ignorait le nom, qui l’effrayaient, mais ce qu’on allait lui faire… Personne n’avait jugé bon l’informer.
Enfin, si. Pépé Han lui avait juste assuré que son honorable sacrifice aiderait le village. Rassurant, n’est-ce pas ?
Courbé sur une pile de rouleaux aux inscriptions diverses, Sadako sourit. Cette enfant dépassait toutes ses espérances ! Elle était tout simplement parfaite. Non seulement, il restait persuadé que son organisme supporterait très bien son sceau, mais en plus, elle porterait à son paroxysme sa longue carrière de spécialiste en fuinjutsu. L’art des sceaux restait, même après tant d’années, une science très complexe que peu de ninjas pouvaient s’enorgueillir de maîtriser complétement. Sadako faisait partie de ceux-là. Chacun de ses sceaux était unique et demeurerait jusqu’à sa mort des modèles de génie. Et aujourd’hui, il allait enfin pouvoir tester jusqu’où il pouvait pousser ses talents.
Il se releva et contourna son bureau, posant un doigt sur le ventre dénudé de la fillette, la faisant frémir. Sa main libre, elle, se mit à composer plusieurs mudras à une vitesse ahurissante.
« On commence ! s’exclama-t-il en direction de ses assistants. »
On s’agita bientôt dans la petite pièce. Les minutes s’égrenaient plutôt rapidement, et plusieurs cercles se formaient peu à peu au niveau du nombril de l’enfant, plongée dans un sommeil sous l’influence d’un de ses sorts maisons, dont il était si fier. Du sang se mêlait à l’encre, et un chakra malsain pesait dans l’air. Une de ses infirmières s’était carrément évanouie à terre et son corps traînait encore sous le lavabo. Plusieurs de ses confrères l’encadraient pour contenir Rokubi. Mais malgré tous leurs efforts, il devenait évident que la présence du démon à six queues échappait de plus en plus à leur contrôle…
Sadako grimaça. S’ils continuaient comme ça, la fillette ne survivrait pas…
« Vérifiez le rythme cardiaque ! — Augmentez la pression sur Rokubi ! — Ajoutez un nouveau cran de sécurité au sceau ! »
Les muscles de la gamine se contractèrent soudainement et elle recracha une gerbe de sang. Sur son ventre, les signes se mirent à tourbillonner brutalement et à rougeoyer. Sadako fronça les sourcils et modifia légèrement ses mudras. L’improvisation restait très importante dans ce genre d’opérations… Quoi qu’il en soit, son propre chakra vint percuter le centre du sceau, dont les virgules fusionnèrent brutalement en attirant vers elles le chakra de Rokubi. On entendit dans la salle un hurlement fantomatique qui s’évapora dans l’air en seulement quelques secondes, et le bipper s’affola avant de repartir normalement…
Sadako se laissa tomber contre un plan de travail, sa main effaçant les traces de sueur sur son front. Un sourire vint peu à peu éclairer son visage. Il avait réussi ! Son plus grand chef d’œuvre…
oOOo Deux semaines venaient de passer…
Le grincement régulier et répétitif de la balançoire procurait à Ryuka un sentiment de sécurité qu’elle n’était plus sûre de trouver ailleurs. Elle soupira. Ces derniers quinze jours avaient été terribles. Elle ne se souvenait que par bribes de son passage chez Tête-de-Camembert, qui était parfois pire que Pépé Han, sur certains points, ce qui relevait de l’exploit, mais rien que d’évoquer ce qu’elle avait ressenti l’effrayait, la rendant muette et immobile pendant plusieurs minutes. Elle poussa du talon pour accélérer la cadence et visa les feuilles craquées de l’arbre. Ces derniers temps, son quotidien était rythmé par des regards interrogatifs des shinobis et méprisants des civils. Jusqu’à Pépé Han, qui éclatait à la moindre de ses erreurs. Ses cours à l’académie, où ses résultats des plus médiocres l’avaient reléguée en fond de classe, étaient ponctués des ricanements moqueurs de ses camarades en prime.
Elle n’osait pas utiliser son chakra ; à chaque fois qu’elle joignait les mains dans un mudra, un autre chakra, plus sombre, plus… étrange s’y mêlait et faisait dégénérer ses techniques dans un horrible fiasco qui faisait hurler ses professeurs. D’ailleurs…
« Qu’est-ce que tu fiches encore ? râla Pépé Han en arrivant à sa hauteur. Tu ne devrais pas réviser plutôt ? Ton maître n’a pas demandé à me voir pour rien, tu sais ! Dois-je te rappeler tes notes en genjutsu, en ninjutsu, en tout ?! Comment veux-tu servir le village avec des résultats pareils ? »
Il secoua la tête, comme dépité d’avoir une petite-fille aussi minable, et d’un signe, l’invita à le suivre. Elle obéit sans ciller, calquant ses pas sur les siens sans le moindre effort… Elle se mordit les lèvres et voulut prendre la parole. Lui demander ce qu’elle avait fait comme erreur pour mériter une punition pareille. Réclamer des informations sur ce tatouage qu’elle voyait apparaître par intermittence sur son ventre. Hurler des inepties à la face de ce monde qui semblait se moquer d’elle. Jurer. Tempêter. Vivre. A la place, elle se tut.
Elle serra les poings et ses yeux se perdirent dans l’horizon, dont les lignes jouaient avec des couleurs invraisemblables à travers le brouillard de ce pays maussade et déprimant. Elle se sentait seule.oOOo
Edit: je ne mets plus les chapitres dans le premier post, faute de place, désolé ! Chapitre 1 à 5 --> Page 1 Chapitre 6 à 12 --> Page 2 Chapitre 13 à ... --> Page 3
Dernière édition par Kirara le Mer 02 Jan 2013, 12:41, édité 18 fois |
| | | | Endo-Tenma
Messages : 1025 Né(e) le : 24/08/1998 Inscrit(e) le : 11/07/2012 | |
| Sujet: Re: [Non IE] Sur tes traces (Chapitre 13) Mer 12 Sep 2012, 19:10 | |
| Pas mal du tout ton idée ! |
| | | | Kirara ★ Fantôme ★
Messages : 813 Né(e) le : 18/01/1999 Inscrit(e) le : 20/08/2012 | |
| Sujet: Re: [Non IE] Sur tes traces (Chapitre 13) Mer 12 Sep 2012, 19:14 | |
| Et ce n'est pas fini, loin de là ! Tu es loin d'avoir encore tout vu ! Merci pour le comm's
(et, au passage...ce n'est pas mon idée à moi toute seule, hein ^^) |
| | | | Endo-Tenma
Messages : 1025 Né(e) le : 24/08/1998 Inscrit(e) le : 11/07/2012 | |
| Sujet: Re: [Non IE] Sur tes traces (Chapitre 13) Mer 12 Sep 2012, 19:20 | |
| Ok ! Vivement la suite alors !! |
| | | | Nishizono-kun Fanatique des manga
Messages : 1262 Né(e) le : 12/11/1993 Inscrit(e) le : 04/08/2011 | |
| Sujet: Re: [Non IE] Sur tes traces (Chapitre 13) Mer 12 Sep 2012, 20:35 | |
| c'est pas mal du tout
je te donne comme note : 14/20 bien mais peut mieux faire |
| | | | Kirara ★ Fantôme ★
Messages : 813 Né(e) le : 18/01/1999 Inscrit(e) le : 20/08/2012 | |
| Sujet: Re: [Non IE] Sur tes traces (Chapitre 13) Dim 16 Sep 2012, 16:01 | |
| Merci ^^ Ah, tu note ? Okay, alors on peux s'améliorer dans quel domaine ? Edit: Chapitre 2 ! - Spoiler:
~ Chapitre II ~ Boulet L’acier siffla, décrivant une courbe imparfaite au-dessus du terrain d’entrainement ; Ryuka le vit déviant de sa trajectoire initiale, ignorant sa cible pour venir se ficher dans le sol avec un bruit sec qui la fit jurer, vexée par ce nouveau raté.
« Mer…Zut ! »
Ryuka se leva de mauvais gré, se baissant pour ramasser le shuriken perdu, soupirant intérieurement. Alors qu’elle le rangeait dans l’étui prévu à cet effet, traditionnellement accroché à sa cuisse droite, elle se remémora rapidement les évènements de ces dernières années : cela faisait maintenant moins d’un an qu’elle était devenue genin, ayant réussi l’épreuve à l’âge inespéré de dix ans. Mais elle n’était pas dupe : elle savait très bien que sa promotion miraculeuse se devait uniquement à l’insistance de Pépé Han, toujours aussi borné, et peut-être même à celle de ce Tête-de-Camembert…Elle n’avait clairement pas le niveau, aux yeux des professeurs, et ne pouvait pas les blâmer. Malgré les longues heures d’entrainement qu’elle trainait derrière elle, elle n’était pas si compétente que ça. Son statut « spécial » ne jouait cependant pas en sa faveur ! Ses compagnons, deux garçons issus de familles civiles, qui ignoraient encore la dure réalité du monde shinobi –qu’elle-même appréhendait avec lucidité suite aux nombreux sermons de Pépé Han– la regardaient de travers avant de s’éloigner d’elle en se chuchotant des moqueries à l’oreille. Aussi, elle ne pouvait s’empêcher de se demander s’ils n’avaient pas été choisis en raison de leurs origines modestes. Aucun clans ne les réclameraient si elle les tuait accidentellement, ce dont elle doutait sérieusement de pouvoir réussir…
Sa seule chance résidait sans doute dans le fait que leur professeur restait moins stupide que les autres : lui se contentait de l’ignorer sagement, guettant le moindre signe suspect, sans succès. Encore heureux, diront ses collègues à la pause-café. Mais elle s’en fichait bien. Encore une preuve de sa médiocrité : sur les vingt-six shurikens qu’elle avait lancé, seuls cinq s’étaient plantés dans l’écorce brune et sèche de l’arbre qu’elle visait. Et ce n’était qu’une cible immobile ! Elle n’osait imaginer ce que donnerait un tel résultat face à des ninjas ennemis.
Un coup d’œil en direction du ciel lui confirma qu’il était temps de rentrer. Cela faisait plus de trois heures qu’elle s’entrainait, sans résultats et un nuage plus noir que les autres lui fit savoir qu’il allait pleuvoir. Elle se dépêcha de ramasser ses lames en désordre à terre. Elle les rangeas les unes après les autres, les comptant mentalement. Pas question d’en perdre un seul ! Elles avaient appartenu à son père, et tout ce qui touchait à ses parents revêtait un caractère sacré, avec Pépé Han.
« Merde ! Zut, je veux dire ! Il en manque un ! »
En effet, le dernier compartiment était vide. Elle jura en se baissant, tâtonnant un peu à l’aveuglette en soulevant des nuages de poussière devant elle, à la recherche du moindre petit éclat métallique. Elle abandonna rapidement le terrain d’entrainement pour se concentrer sur les fourrés qui entouraient la zone. Avec un peu de chance, un de ses lancers ratés l’avaient fait atterrir par là. Son front percuta une branche alors qu’elle soulevait un caillou –ce qui était complètement stupide, puisqu’après tout, comment son shuriken aurait pu se loger sous un caillou ? Mais il ne fallait pas chercher à comprendre avec elle– et ses yeux accrochèrent brusquement l’arme tant convoitée, plantée dans ce qui ressemblait à une butte beige.
« Le voilà ! s’exclama-t-elle victorieusement en se saisissant du shuriken. »
Elle ne le remua que légèrement, mais le gémissement humain qui retentit alors, suivi d’un fin filet carmin coulant du bout de la lame la fit soudainement blêmir, puis elle vira à une jolie teinte écrevisse. Oh non, pas ça, pitié !
Sa malchance légendaire avait encore frappé !
« Désolée ! Je ne pensais pas que vous étiez là à faire pipi ! Je…je vais aller m’entrainer au lancer de shurikens ailleurs, vous n’êtes pas d’accord ? »
Elle n’attendit pas la réponse de son interlocuteur, arracha carrément son arme du…fessier de sa pauvre victime et s’enfuit sans demander son reste, le rouge aux joues.
oOOo Son oreillette grésilla, l’agaçant davantage alors qu’elle tapotait vainement dessus pour faire revenir à la normale les lignes parasitées. Derrière le petit bruit répétitif, elle crut entendre les vociférations excédées de son équipe, mais peut-être n’était-ce que son imagination…Ryuka loucha sur les commandes, puis suite à une manipulation un peu plus brusque que les autres, elle entendit cette fois clairement les ordres patients de son professeur, et les protestations de ses équipiers. Le matériel laissait vraiment à désirer…
« Quoi ? s’exclama-t-elle, ce qui restait une façon peu polie de demander à son maître de répéter les consignes. »
A l’autre bout du fil, il soupira. Elle l’imaginait bien triturer ses doigts, fatigué d’avoir à gérer trois enfants en pleine préadolescence. Elle le plaignait sincèrement.
« Ryuka, la cible approche de ta position, l’informa-t-il. —Entendu. »
Sans attendre de signal, elle raccrocha sans plus de cérémonie – façon de parler, vu que ce n’était pas vraiment un téléphone, mais une imitation ratée des écouteurs de… On s’égare, là–. Elle jeta un rapide coup d’œil à sa carte. Si son maître disait vrai, alors la cible serait coincée si elle continuait dans sa direction. Elle eut un petit sourire. Ce serait parfait comme ça ! Elle la tenait, quoi qu’il arrive.
Seulement, elle avait évidemment –une fois de plus– oublié de prendre en compte le facteur Ryuka-et-sa-malchance-légendaire-qui-fait-les-ragots-des-commères-du-village-et-s’étrangler-de-rire-Mizukage-sama-à-chaque-repas-sous-les-hurlements-indignés-de-son-second-adoré-Ao-qui… Bref.
Elle préparait son corps à un saut périlleux qu’elle espérait maitriser et pas trop maladroit, mais son pied rencontra malencontreusement une saleté de caillou égaré là comme par hasard –à croire que les ennuis aimaient se perdre sur son chemin–. En tout cas, une chose en entrainant une autre, elle s’étala royalement à terre, sa sacoche sous elle et hurla de douleur en sentant une de ses armes lui rentrer dans les côtes. Le vacarme qui y succéda, résultant d’un théorème complexe sur la gravité ou un truc du genre qui fit tinter ses lames les unes contre les autres, couvrit ses cris et effraya le pauvre chat que son équipe s’acharnait à poursuivre depuis le petit matin. Il feula de surprise en sa direction, puis fit volte-face et repartit en sens inverse. Stupidement, elle tendit la main pour le rattraper…Mais un de ses coéquipiers fut plus rapide qu’elle. Il attrapa le chat d’un bond leste qu’elle jalousa aussitôt et ré-atterrit près d’elle, calmant l’animal enragé par une caresse entre les oreilles. La bestiole eut même le culot de ronronner. Ronronner !
« Non mais franchement, tu pourrais faire attention ! Si je n’étais pas intervenu, on le perdait de nouveau ! Pour la troisième fois ! »
Elle soupira, s’encastrant le plus possible la tête dans la terre. Toujours la même rengaine, le même regard, la même attitude à son égard. Elle voulut répliquer, mais l’arrivée des derniers membres de l’équipe l’en empêcha. Quelques phrases échangées entre eux, modèle d’efficacité purement ninja, suffirent à résumer la situation, et bien évidemment, son fiasco personnel qui avait menacé de bousiller tout le plan. Ryuka tiqua. Un plan ? Ils n’avaient même pas jugé utile de la mettre au courant !
Elle en oublia carrément ses côtes sanglantes, que Rokubi soignait déjà de toute façon. Son maître la releva sans ménagement, sans la moindre trace de compassion dans ses gestes ou dans ses yeux. Ryuka renonça à chercher la moindre miette de sentiments chez cette statue humaine et se contenta de disparaître dans un nuage de fumée à la suite de ses compagnons.
« Notre mission est terminée. Partons. »
oOOo Le stylo crissa en traçant des consignes quelconques sur leur dernier rapport de mission, spécialement rédigé par ses coéquipiers, pas encore assez fou pour lui confier la moindre tâche ayant un rapport avec la paperasserie. C’était la seule chose dont elle oubliait de se plaindre.
« Bien, se décida à intervenir son second Ao, en voyant son Mizukage absorbée par le paysage et visiblement peu encline à se concentrer sur son travail. Vous avez accompli votre mission avec brio ! »
Il savait que cette tâche était fastidieuse, mais elle aurait pu tout de même faire un effort. Ne serait-ce que pour le réceptacle !
Enfin, son maître sembla reprendre pied avec la réalité et toisa l’équipe onze de son regard nonchalant. Les deux garçons rougirent face à l’examen visuel de la séduisante kage, et son professeur, plus discret, se contenta de baisser la tête en grommelant quelque chose. Ryuka plissa le nez. Les hommes n’étaient pas vraiment difficiles en matière de femmes… Alors pourquoi ne les attirait-elle pas ? Avec ses cheveux bruns foncés et ses yeux brûlants, elle était quand même à peu près jolie, selon elle (plutôt selon Pépé Han) Peut-être était-ce un autre coup fourré de Rokubi ?
« Je vais vous assigner une nouvelle mission tout de suite, décida Mei Terumi en plongeant la main dans les différents dossiers qui jonchaient son bureau en désordre. »
Visiblement, la paperasserie n’était pas non plus le fort de la Mizukage, et Ryuka se surprit à sourire.
« Tiens, celle-ci par exemple, approuva-t-elle en leur tendant un rouleau, que leur maître s’empressa de saisir. Elle consiste à garder une petite heure des parchemins propres à plusieurs clans de notre village, lors de la réparation de la section secrète de la bibliothèque qui leur est réservé. Vous ne quitterez pas l’enceinte du village, c’est l’idéal ! »
Elle nota leurs noms sur le registre, puis les invita à sortir d’un geste parfaitement calculé de la main. Ses deux équipiers obéirent comme des petits chiens, suivis plus tranquillement par leur professeur. Ryuka, par pur esprit de contradiction, fut plus longue et claqua la porte en sortant, ignorant les sifflets moqueurs de ses camarades. Tout en Mei Terumi l’énervait ! De quel droit se permettait-elle de leur donner des ordres ? Parce qu’elle était Mizukage, c’est vrai, mais comment réussissait-elle à se faire obéir des garçons comme de vulgaires pantins ? C’était rageant. Et sa poitrine ! Elle-même était plate comme une limande, constata-t-elle en louchant sur ses seins inexistants. Elle arrêta son petit manège quand elle aperçut son maître l’observant bizarrement.
« Tu es jalouse de la Mizukage ! — Même pas en rêve ! »
Resté dans la pièce, de l’autre côté du mur, alors que les quatre ninjas disparaissaient dans l’angle d’un couloir, Ao prit la parole, s’adressant directement à son Kage, d’un ton qu’il voulait doux mais qui dérailla dans les aigus avant la fin de sa phrase.
« J’espère que vous savez ce que vous faites, Mizukage-sama… Si jamais la mission est un échec, c’est tout le village qui en subirait les conséquences… désastreuses ! »
Un de ses collègues, en bout de table, releva la tête d’un parchemin qu’il étudiait depuis quelques heures déjà, ravi de la diversion. Les disputes d’Ao et de Terumi-sama était généralement très amusantes et parfois écœurantes de bonne humeur.
« Tu exagères peut-être un peu, non ? — Du tout ! Les jeunes d’aujourd’hui ont un réel problème avec les responsabilités ! »
Et dans l’esprit tordu de Mei : Echecs... responsabilités… Encore une allusion au mariage ?
« Un mot de plus… et je t’étripe ! — Hein ?! »
oOOo Ryuka soupira, agacée d’avance ; pour une fois que les termes de la mission changeaient, il fallait que ce soit quelque chose d’encore pire ! Franchement, en quoi ces parchemins immobiles et ennuyeux risquaient-ils de se faire prendre, ou même de s’enfuir par leurs propres moyens ? Que craignait Mei Terumi ? Une invasion de mites ? Pour un peu, ces rouleaux auraient pu se garder seuls. Elle préférait courser ce pauvre chat dans la forêt, qui restait un cadre vertigineux et rassurant, toujours aussi familier après tant de fugues dans ces bois.
« Depuis combien de temps gardons-nous ces trucs ? osa-t-elle demander en direction d’un de ses coéquipiers, postés à la fenêtre. Elle l’enviait. Lui au moins était à l’extérieur. — Presque quarante minutes, répondit-il sans se retourner, par réflexe. »
Il fallait tenir : la relève arrivait dans vingt minutes ! Plongés dans leurs pensées respectives, ils n’entendirent pas le bruit sourd caractéristique d’une chute d’un objet fragile provenant de l’entrée. Bruit qui fut suivi d’une déglutition forcée et répugnante, comme quelqu’un que l’on assomme selon une de ces techniques abjects spécialement concoctées par la Section Interrogatoires et Tortures.
Ryuka observait ses doigts, fins et écorchés par le maniement des armes blanches. Elle était prête à parier qu’aucun chakra ne viendrait à en sortir pour une de ces techniques qu’elle observait à la volée durant leurs entrainements. Elle aimerait tellement pouvoir utiliser son chakra comme elle le voudrait, mais Tête-de-Camembert, qui lui rendait visite chaque année le lui avait formellement interdit, et la peur irraisonnée qui la prenait aux entrailles à chaque fois qu’elle sentait le chakra maudit de Rokubi se mêler au sien était on ne peut plus dissuasive : elle ne résistait pas et abandonnait. Arriverait-elle à devenir une vraie ninja sans chakra et en se cantonnant au strict taijutsu ? Elle en doutait, mais elle avait entendu dire qu’à Konoha, on faisait de ces shinobis particuliers des héros. Mais elle n’était pas à Konoha. Son village s’appelait Kiri, et ici, il n’y avait pas de quartier pour les faibles, catégorie à laquelle elle appartenait évidemment.
Elle voulut demander une nouvelle fois l’heure à son coéquipier, mais sursauta en s’apercevant que sa silhouette musclée ne se trouvait plus à la fenêtre. Elle plissa le nez. Lui qui était si zélé aurait-il quitté son poste sans autorisation ? C’était peu probable… Son kunaï chuinta en quittant la sécurité de son étui, et elle se mit en garde du mieux qu’elle le put.
Un grincement et une ombre s’étendant sur le parquet irrégulier de la petite pièce la fit reculer de trois pas, juste en face de la vitrine contenant les rouleaux. Elle ramena bien devant son visage son arme, la mettant en évidence : avec un peu de chance, son ennemi (c’était forcément un ennemi !) la verrait et rebrousserait chemin… Son espoir fou se dissipa bien vite quand un corps inanimé tomba sur le sol. Elle le reconnut aussitôt : c’était son partenaire ! Ryuka sentit son sang se glacer dans ses veines. Ce type, tel qu’il soit, n’hésitait pas à s’attaquer à des enfants !
Elle se désintéressa de lui pour observer son adversaire. Plongé dans l’obscurité d’une poutre, elle ne voyait de lui qu’une forme apparemment adulte et fine, taillée sur mesure pour le ninjutsu, chose qu’elle ne possédait déjà pas. Elle ne se fit pas beaucoup d’illusions sur ses chances d’en sortir et mit son « mode survie » en pause. Seuls comptaient les rouleaux, désormais. Quel gâchis ! Risquer sa peau pour deux ou trois antiquités poussiéreuses !
Elle tiqua ; son adversaire avait disparu ! Elle balaya du regard le petit espace sombre…et encaissa de plein fouet la technique de taijutsu, fauchant son dos d’un mouvement rapide de la jambe. Non, ce n’était même pas une technique, mais un simple coup de pied ! Elle s’écrasa sur le sol, les os aussitôt ressoudés grâce à Rokubi, et l’amour-propre en miettes. Elle aurait dû le voir venir ! Ryuka se releva souplement, sous l’effet d’une nouvelle poussée d’adrénaline. Une volée de shurikens atterrit aussitôt là où elle se tenait auparavant. Elle se remit juste à temps d’aplomb, se plaça rapidement hors de portée et s’autorisa une petite pause, en profitant pour détailler son adversaire.
Choc. C’était impossible !
Combien de fois avait-elle eu l’occasion de le voir et le revoir dans les pages du Bing-Book où il était classé « S » ? Il avait changé, cependant. Sa peau qu’elle imaginait opaline comme celle d’un Seigneur était couverte de longues cicatrices sans grâce, dure et tannée par le soleil et ses cavales. Si elle avait ignoré qu’Itachi, son frère, était bel et bien mort, elle l’aurait confondu avec lui : il avait laissé pousser ses cheveux jusqu’à ses épaules. Bientôt, il les nouerait en catogan, sans doute… Et ses yeux noirs, aussi insondables que la glace d’ordinaire, brillait désormais d’une détermination sanglante. Sasuke Uchiwa !
Je vais mourir ! fut la première chose qui vint à l’esprit de Ryuka.
Sasuke, lui, soupira. Eliminer les trois premiers clowns dehors avait été d’une facilité déconcertante. Mais placer des gamins pour protéger des rouleaux d’une telle valeur ? Qu’avait donc Mei Terumi dans la tête ? Pour l’avoir affrontée dans le passé, il en aurait attendu plus d’elle…Mais il faut dire que cela l’arrangeait. Sa jambe recommençait à le lancer…
Il n’osait imaginer le fiasco si jamais sa « blessure » se rouvrait maintenant.
Quand, enfin, les assauts répétés et maladroits de ces genins avait cessé, il avait cru un bref instant avoir droit à un peu de répit. Mais la dernière de ces ninjas ratés, une kunoichi, visiblement d’à peine une dizaine d’années n’avait pas hésité à lui sauter à la gorge. Pour un peu, il la respecterait. Pour un peu, seulement. Il fronça les sourcils en activant ses sharingans.
Se rendait-elle compte du chakra incandescent et si tentateur qui pulsait dans ses veines, enivrant ses mouvements désordonnés d’une aura folle et tourbillonnante, la transformant en un monstre à l’allure puissante et forte ? Il n’avait connu cette sensation que peu de fois et il en avait toujours payé le prix cher… Il décida de se méfier…. …et ses illusions retombèrent d’un seul coup quand Ryuka se lança dans une attaque aussi stupide qu’irréfléchie, bridant volontairement ce fantastique chakra si propre aux réceptacles. Il la repoussa du plat de la main, et ce contact lui fit un drôle d’effet. Il n’avait aucune envie de combattre cette novice, comme il avait eu envie de combattre Killer Bee ou Naruto Uzumaki. En fait, il mourrait d’envie de la corriger, mais s’abstint. Que cette fille soit une erreur à elle toute seule, une insulte au ninjutsu, ne l’intéressait pas. Pas du tout, même.
« Stop, fit-il simplement en parant un douzième ou treizième coup d’estoc raté. »
Il se faisait l’effet de Kakashi Hatake, lisant son bouquin cochon en esquivant les coups de Naruto, ce crétin. Il se morigéna intérieurement. Quelle bêtise !
Du côté de Ryuka, la jeune fille doutait d’avoir bien entendu. Stop ? Comment ça, stop ? Il fallait attaquer, plutôt ! Elle se plaça en position de défense, voulut le provoquer stupidement et… s’écrasa à terre. « Comment fait-il pour être aussi rapide ? »
« Tu as un sacré potentiel, pour une morveuse, résonna la voix froide et sans âme de Sasuke, parfait effet de style travaillé durant des années. Tu dois faire une bonne élève… Le kaléidoscope hypnotique du Sharingan ! »
Ryuka n’eut pas le temps de s’étonner ; ses yeux se voilèrent, retenant des larmes absentes et tout son être trembla au rythme muet d’une mélodie sournoise. Elle s’écrasa au sol, l’esprit déjà perdu dans les limbes brumeux du sharingan. Plus loin, Sasuke eut un sourire satisfait, avant de briser la vitre contenant les parchemins et de s’en saisir, un doute affreux tordant ses pensées : qu’est-ce qu’il lui avait pris de dire un truc pareil ?
oOOo « LES PARCHEMINS ! hurla Ryuka en se redressant vivement, la morphine se diluant déjà dans ses veines sous les protestations vexées de Rokubi. »
Un vertige la prit, et elle dut se retenir aux draps de son lit d’hôpital pour ne pas sombrer de nouveau. Que s’était-il donc passé ? Son regard glissa sur les corps inanimés de ses coéquipiers…
Elle tenta de se souvenir : la mission, la disparition de son pseudo-partenaire, et… rien, juste un trou noir effrayant de netteté, une silhouette se mouvant avec précision et justesse et une phrase murmurée à son oreille, sans queue ni tête. Trois virgules rouges dansèrent devant ses yeux, mais elle les ignora, débranchant d’elle-même son moniteur. Le tracé irrégulier des battements de son cœur disparut de l’écran et le « bip, bip » incessant cessa, lui permettant de mieux se concentrer.
Avec un peu de mal, Ryuka remit ses idées en ordre. Mais quel était donc cette sensation bizarre au fond de sa poitrine qui lui susurrait méchamment qu’elle venait de louper un tournant important dans sa vie ?
Dernière édition par Kirara le Mer 21 Nov 2012, 14:52, édité 1 fois |
| | | | Endo-Tenma
Messages : 1025 Né(e) le : 24/08/1998 Inscrit(e) le : 11/07/2012 | |
| Sujet: Re: [Non IE] Sur tes traces (Chapitre 13) Dim 16 Sep 2012, 16:25 | |
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| | | | Kirara ★ Fantôme ★
Messages : 813 Né(e) le : 18/01/1999 Inscrit(e) le : 20/08/2012 | |
| Sujet: Re: [Non IE] Sur tes traces (Chapitre 13) Lun 17 Sep 2012, 17:55 | |
| Merci Endo-Tenma ^^ Les choses sérieuse commence vraiment...dans deux chap' ! |
| | | | Endo-Tenma
Messages : 1025 Né(e) le : 24/08/1998 Inscrit(e) le : 11/07/2012 | |
| Sujet: Re: [Non IE] Sur tes traces (Chapitre 13) Lun 17 Sep 2012, 18:00 | |
| Super ! J'aime quand les choses deviennent sérieuse !! =) |
| | | | Kirara ★ Fantôme ★
Messages : 813 Né(e) le : 18/01/1999 Inscrit(e) le : 20/08/2012 | |
| Sujet: Re: [Non IE] Sur tes traces (Chapitre 13) Ven 21 Sep 2012, 18:50 | |
| Et le troisième chap' ^^ Merci à Endo Tenma sans qui ce topic serait très vide... - Spoiler:
~ Chapitre III ~ Parjure Ses mains farfouillaient des fonds de tiroirs anonymes, à la recherche de l’objet tant convoité. Quand elle sentit enfin la boîte recherchée glissant contre sa peau, rêche et dure, Ryuka s’autorisa un petit sourire satisfait. Elle racla le bois, ramenant le petit pot vers elle. Elle allait s’en saisir quand il lui fila entre les doigts et s’écrasa au sol dans un tintamarre assourdissant. Les bougies s’échappèrent, s’éparpillant en désordre sur le carrelage froid de la cuisine. Seuls des morceaux de cires déjà fondus restaient au creux de sa main. Ryuka jura.
« Merde ! Zut, je veux dire ! »
Elle sauta de son tabouret et s’abaissa immédiatement pour ramasser les petits bâtonnets multicolores. Une bougie pour chaque année passée, c’était la règle. Elle en prit trois et les fit rouler entre l’index et le majeur. Voilà près de trois ans qu’elle était revenue de cette mission ratée, avec ses deux coéquipiers à moitié-morts et cette amertume qui ne voulait pas la quitter, griffant son cœur et la faisant sombrer dans un étrange regret. Quel était ce manque qui lui broyait la gorge ?
Elle n’aurait su répondre, du moins, pas tout de suite, mais Ryuka caressait l’espoir d’un jour avoir la réponse à cette question. Pour le moment, elle voulait juste fêter son quatorzième anniversaire en paix. Elle planta les bougies dans une espèce de gâteau rose bonbon et écœurant rien qu’à le voir, fait-maison et en parfaite clandestinité, loin des reproches et des sermons de Pépé Han. Que ses traits lui rappellent trop, et de plus en plus, ceux de ses parents défunts, des fantômes si présents dans leur vie qu’elle doutait parfois qu’ils soient réellement morts, n’était pas sa faute et elle en avait assez de se sentir coupable pour cette ressemblance fortuite. Elle s’appelait Ryuka Sandayu, pas Tanaka, comme sa mère enterrée treize ans plus tôt et ne vivait que par procuration, le chakra maudit de Rokubi condamnant son avenir.
« Qui a planqué la dernière bougie ? râla-t-elle en s’apercevant qu’une bougie manquait à l’appel. »
Elle s’adressait aux murs, blancs et vides de photos depuis qu’elle avait brûlé les dernières représentants ses parents. Pépé Han n’aurait jamais eu l’idée d’y mettre quelques-unes la montrant sous son meilleur profil. Mais elle n’en avait cure.
Elle tâtonna du mieux qu’elle put dans le tiroir où elle avait trouvé cette boîte et finit par mettre la main sur l’absente. Elle la planta aux côtés des autres et recula de quelques pas pour contempler son œuvre. Le gâteau était maintenant illuminé de quatorze petites flammes vacillantes.
« Il faut que je fasse un vœu » décida Ryuka en se penchant, gonflant ses joues. Elle choisit un rêve au hasard et s’apprêtait à souffler quand la porte s’ouvrit soudainement, claquant contre le mur de plâtre et faisant trembler les fondations de leur petit appartement.
« Il ne faut pas quitter ta chambre ! exigea-t-il et Ryuka baissa la tête. »
C’était toujours comme ça ; jamais des questions, toujours des ordres, comme s’il croyait qu’à défaut d’être sa digne petite-fille, elle pourrait toujours être un gentil pantin obéissant.
Elle voulut répliquer, mais la vision d’une boîte de parchemins explosifs, posée en équilibre sur une étagère, juste au-dessus de son gâteau d’anniversaire raté… et des bougies, manquant de tomber dans le vide à chaque seconde lui coupa le souffle.
« TOUS A TERRE ! »
Et l’immeuble explosa.
oOOo L’un de ses coéquipiers présenta les environs d’un large geste du bras, faisant tourner son corps avec, à la manière d’un présentateur trop poli pour être sincère. L’autre applaudissait des deux mains, un rictus moqueur déformant ses lèvres rendues boursouflées par un énième coup de poing.
« Ryuka, reine des conneries ! s’exclamèrent-ils d’une seule et même voix en ricanant. »
Ladite Ryuka baissa les yeux en serrant les poings ; de quoi parlaient-ils ? De l’incendie général qui enflamma plusieurs quartiers provoqué par l’explosion involontaire de son immeuble, deux jours plus tôt ? Ce n’était qu’un stupide gâteau d’anniversaire ! Il n’y avait eu d’ailleurs aucun blessé…
Pourquoi donc s’acharnaient-ils à ressasser sa bêtise ? Leurs méthodes, qui ne laissaient aucune place à la compassion et à une chance de tisser une amitié solide comme il est coutume de faire avec ses coéquipiers, lui donnaient envie de vomir. Elle en avait assez de leur méchanceté gratuite, mais n’osa pas leur faire remarquer. Ce n’était pas le moment, pas alors qu’elle venait encore de leur offrir sur un plateau une preuve de leur supériorité.
L’occasion s’était présentée plus tôt dans l’après-midi : le matin-même, ils l’avaient prévenue qu’un entrainement « spécial » aurait lieu à la lisière des sous-bois, dans la forêt, sans cesse plongée dans ce brouillard pesant à l’odeur glaçante. Elle avait accepté sans réfléchir, avant qu’ils ne précisent qu’ils devraient affronter un clone de leur professeur pour se préparer aux futurs examens chûnins. Elle avait tiqué. De quels examens parlaient-ils ? On ne l’avait pas prévenu à propos de cette option. Ils s’éloignaient alors qu’elle se rendait compte qu’ils ne tenaient pas à l’avoir dans l’équipe, dans leur équipe, une équipe de deux ninjas et pas trois. Elle avait retenu ses larmes et son amertume et effacée l’heure et lieu du rendez-vous dans sa mémoire. Elle arriverait en retard et cela lui importerait peu. Qu’ils commencent sans elle si elle était aussi inutile que ça !
Inconsciemment, ils lui avaient obéis. Elle en avait hurlé. En silence.
L’entraînement avait débuté depuis près de trois heures quand elle s’était présentée sans s’annoncer au préalable. Ce fut une bête erreur : l’un de ses soi-disant coéquipiers, affirmant la confondre avec un animal sauvage, ou pire, un des clones brumeux de leur professeur, l’avait prise pour cible. La suite était un peu confuse : le shuriken avait été trop rapide pour qu’elle puisse l’éviter. Il avait littéralement fendu sa jambe, cognant contre l’os et déchirant le muscle. Le sang avait giclé et elle s’était écroulée au sol en hurlant de douleur. Avoir mal était un concept qu’elle ne connaissait que vaguement : Rokubi soignait généralement ses blessures avant qu’elle ne se rende compte qu’elle avait été touchée. Mais la vague brûlante qui avait traversé son membre endolori l’emporta irrésistiblement et l’assomma partiellement. Elle s’évanouissait quand leur maître –ceux des garçons, mais plus le sien– arrivait sur les lieux et la transportait sur un lit improvisé de mousse pour stopper l’hémorragie et la ranimer. Maintenant que la douleur s’était quelque peu calmée, Ryuka appréhendait le monde avec méfiance. Elle ne parvenait plus à marcher…
Et Rokubi, toujours aussi capricieux, ne faisait pas mine de la soigner, comme à son habitude. Le sceau de Tête-de-Camembert était donc un sceau à rebours ? En sept ans, c’était la première fois qu’il se révélait efficace et ce n’était pas vraiment le bon moment…
« Maintenant, on doit aller chercher un médecin au village ! Râlèrent-ils encore. — Qui m’a tirée dessus ? riposta-t-elle méchamment. »
Ils ne trouvèrent rien à répliquer et reculèrent de quelques pas en se tordant les doigts, soudain gênés. Ils savaient qu’en mission, ce genre d’excuses ne servirait à rien. On ne blesse pas ses alliés, même involontairement. Point. Ce fut ce moment que choisit leur professeur pour revenir. Il attira à lui les deux garçons et lui tendit un amas de feuilles qu’elle reconnut comme des plantes médicinales.
« Comprime-les sur ta plaie, recommanda-t-il. Nous, nous allons chercher un médic-nin. Il est hors de question de te transporter dans cet état. Ne bouge pas, surtout. »
C’était idiot de le dire, mais Ryuka hocha tout de même la tête. Ses trois compères disparurent dans un nuage de fumée qui la fit tousser. Bien sûr, ils étaient tous partis. Personne ne souhaitait tenir compagnie à Rokubi le démon. Son apparence de jeune fille innocente et médiocre n’y changeait rien. Elle les haïssait pour ça et il ne lui vint même pas à l’idée qu’elle puisse être injuste avec eux.
Quelques minutes s’égrenèrent rapidement, sans qu’aucun incident notable ne se produise, petit miracle en soi. Elle patientait depuis un quart d’heure quand une chaleur reconnaissable entre toutes par son caractère sournois ne se diffuse dans sa jambe, au niveau de sa blessure. Rokubi s’était-il donc décidé à la guérir ? Dans ce cas-là, on pouvait carrément parler de régénération ! Elle le remercia mentalement, un peu sonnée et se releva d’un bond leste. Elle gémit quand elle s’appuya sur son muscle endolori. Elle devrait s’étirer un peu avant de retourner au village. Elle décida de prendre le temps qu’il faudrait. Après tout, personne ne l’attendait.
Elle s’arrêta brusquement de réfléchir. Personne ne l’attendait…C’était tout juste : le résumé de sa vie. Jusqu’à Pépé Han qui ne guettait qu’une occasion de la mettre à la porte sans s’attirer les regards éhontés des voisins. Les larmes lui montèrent aux yeux alors qu’elle glissait les mains dans ses poches. Son porte-monnaie claqua quand elle le toucha de sa main. Tiens, elle l’avait donc emporté ? Elle plissa le nez, avant de se rappeler que c’était Pépé Han lui-même qui l’avait chargée de faire les courses, quelques jours plus tôt, juste avant une mission. Elle avait dû oublier de le ranger…
C’est ta faute, tout ça ! hurla-t-elle mentalement en direction de ce monstre résidant au plus profond d’elle-même. Un ricanement lui serra les entrailles en réponse. Je me rappelle de mon vœu. Il ne vaut rien. Tu condamnes mes pensées et mon avenir. Le sais-tu, ça ? Rien. Elle avait sans doute touché juste. Ou alors, Rokubi ne l’avait pas entendue.
Elle se rappela l’ancien réceptacle qui l’avait précédée. Utakata. Elle en avait lu des histoires sur lui. Son nom l’obsédait. Lui avait fui cette vie misérable d’arme ultime du village. Mais lui était fort. Pas elle. Cela dit, cela ne l’avait pas empêché de mourir sous les coups d’Akatsuki. Mais il n’y a plus d’Akatsuki. Elle serait vite rattrapée par les ninjas lancés à sa recherche. Elle n’aura qu’à se cacher, se dérober. Elle avait toujours été très forte à ce jeu. Ce n’était pas un jeu.
Ryuka gémit : deux parties d’elle semblaient se disputer à propos de ce qui convenait de faire ou pas.
« J’ai toujours été une gentille fille. Mais je veux vivre. Même avec toi. Tu comprends ? — Non. »
Le « non » la fit sursauter. Elle avait juré entendre une voix froide et cruelle lui répondre. Mais peut-être n’était-ce que son imagination… Que devait-elle faire, alors ? Se sauver, dans tous les sens du terme, comme Utakata et vivre sa vie ou faire honneur à son village et à son nom ? La première de ces idées était séduisante, mais si folle… Dans sa poche, ses pièces tintèrent.
oOOo Lorsque des médecins arrivèrent un peu plus tard, accompagnés du reste de l’équipe onze, ils ne trouvèrent qu’une large tâche rouge sombre au sol et un parfum de cèdre et de lavande flottant dans l’air. Incrédules, tous se retournèrent vers le professeur de leur ancienne future patiente. Celui-ci fixait les environs en fronçant ses yeux noirs, son sens de la logique sérieusement mis à mal par la tournure étrange que prenait la situation, de plus en plus incontrôlable.
« Je ne comprends pas… Elle ne pouvait même plus marcher ! Bafouilla-t-il. — Il faut croire que si, pourtant, puisqu’elle n’est plus là ! râla une infirmière, ébahie par la négligence de ce ninja. Il la dégoûtait. — Il y a des ours dans cette partie de la forêt, fit remarquer l’un des jeunes enfants. — Les animaux féroces mangeant des gosses, c’est bon pour les contes de fées, répliqua un ninja-traqueur spécialement dépêché dans cette unité-là par la Mizukage. — Tu ne pourrais pas la localiser ? demanda d’ailleurs le chef de la petite équipe. — Pas avec le chakra de Rokubi, dit-il après un temps d’observation. C’est étrange, il agit comme un brouilleur, comme s’il avait une volonté propre… — Mouais, souffla son interlocuteur, pas convaincu. »
Il était trop rationnel pour ce genre d’idioties. Il ne fut pas long à trouver une alternative.
« On va fouiller le secteur sur dix kilomètres. Si d’ici-là, on ne trouve rien, on file faire un rapport à Terumi-sama. Ne laissez passer aucune piste, pigé ?! On doit la retrouver, ce n’est pas n’importe quelle gamine, non plus ! — Oui, souffla le professeur de Ryuka. — Ah, vous, cria-t-il, vous restez avec moi ! Vous avez déjà fait suffisamment de conneries comme ça ! Laisser une enfant sans défense, surtout avec un niveau pareil, seule en forêt, c’est du grand n’importe quoi ! Il y a vingt ans, on exécutait pour moins que ça ! Que vous la considériez comme un monstre ou pas, je m’en fiche ! Le devoir d’un shinobi passe avant tous sentiments personnels ! Et les gosses, c’est pareil ! On se retrouve dans une heure ici et on communique par radio, ok ? Pas d’imprudence ! Elle s’est peut-être faite enlevée… »
Rapidement et efficacement, le petit groupe se mit en mouvement. Et resté seul avec le chef de cette unité spéciale, l’un de ses jeunes élèves se pencha à l’oreille du pauvre maître.
« Prof… Je crois qu’on a gravement gaffé sur ce coup… »
oOOo
Mei Terumi soupira, ses yeux glissants sur les différentes plaintes réunies sur son bureau en cette triste et maussade période. La situation tournait au cauchemar ! Elle avait dépêché sur les traces de Ryuka Sandayu plusieurs de ses hommes les plus performants, les mieux entraînés, auxquels elle confierait sa vie sans hésiter et ces derniers se révélaient incapable de retrouver une morveuse médiocre et encore genin d’à peine quatorze ans. Quelle honte ! Le Conseil en avait bien profité pour enfoncer le clou et la pression sur ses épaules devenait intenable… Elle allait craquer, forcément.
Tout le monde s’inquiétait de la perte de l’unique jinchûriki du village, l’arme absolue et ultime, leur dernier recours. Car s’ils s’étaient à peu près relevés des blessures causées par la quatrième grande guerre ninja, rien ne remplaçait la sensation de puissance et de force apportée par un réceptacle. Mais ce besoin malsain ne faisait que condamner encore un peu plus le concerné. La concernée, dans leur cas. Pour un peu, Mei serait soulagée du départ de l’adolescente, car c’était bien une fuite, cela ne faisait aucun doute. Aucune demande de rançon ne leur était parvenue.
Mais ce qui inquiétait le plus Mei Terumi n’était pas l’hypothèse invraisemblable d’un enlèvement, mais le danger que créait Rokubi ainsi lâché dans la nature. Le chakra du démon à six queues brouillait les dons de ses meilleurs traqueurs, même Ao avait renoncé. Rien ne semblait pouvoir arrêter le démon dans sa quête de liberté, dans lequel Ryuka semblait jouer un rôle décisif. Plus le temps passait, plus elle était loin de la jeune demoiselle et plus les chances d’une libération, même involontaire, de Rokubi s’accentuait. Les différentes nations ninjas ne leur pardonneraient jamais un tel écart. Il fallait retrouver Ryuka, et vite, avant une nouvelle catastrophe ! Que son pouvoir ne se soit pas manifesté une seule fois en sept ans n’arrangeait pas les choses.
Mei grimaça : il lui restait encore à avertir Sadako de la fuite de sa petite protégée…
oOOo Perdue dans d’autres chemins, de nouvelles contrées et de futurs horizons, Ryuka jubilait. Combien de fois était-elle sortie du village dans la clandestinité, pour perfectionner un entrainement inefficace ? Aujourd’hui, ces sorties prenaient une toute autre importance. Jamais elle ne s’était sentie aussi libre, aussi vivante qu’à ce moment précis. Dans son dos couraient certainement des ninjas à sa poursuite, mais bizarrement, elle n’en avait cure. Seules comptait les directions à prendre.
Les premières maisons d’un petit village, à l’orée d’une frontière quelconque, l’invitèrent à faire une pause dans une des auberges des environs. Elle s’autorisa à passer la nuit dans un lit propre et prit une chambre dans un hôtel, situé dans un quartier pauvre. Son gérant la regarda bizarrement quand il la vit s’avancer avec aplomb dans le hall de son établissement mais ne posa aucune question. Ce n’était pas tous les jours qu’on voyait une enfant seule faire halte chez soi. Il vérifia juste si elle avait de quoi payer et comme c’était le cas, lui sourit en lui tendant des clés. C’était un autre avantage de sa nouvelle identité : ici, elle n’était qu’une gosse un peu étrange et attendrissante, quoique particulière qui vous regardait avec une flamme brûlante dans ses iris chocolat, pas un horrible monstre, ni même une aspirante ninja. Personne ne savait qui elle était, et elle pouvait se créer tant de facettes et de masques qu’elle en avait le vertige. Il est vrai qu’à Kiri, on ne lui faisait pas de mal, mais le mépris avec lequel on la traitait valait toutes les insultes du monde. Au moins, maintenant, elle restait murée dans sa solitude et si les gens s’éloignaient, c’était par pure indifférence.
Au restaurant, tout aussi accueillant malgré sa sobriété, elle commanda une boisson et se laissa tomber contre le dossier de sa chaise, détaillant le plafond soutenu par des poutres de bois foncé, se perdant dans la contemplation des lignes irrégulières de sa construction. Elle n’avait emporté que quelques shurikens avec elle et un peu d’argent. Il faudrait songer à travailler pour ne pas finir à la rue, mais à part le ninjutsu, qui restait catastrophique, elle n’avait pas tant de talents que ça. Peut-être livreuse ou caissière, mais qui voudrait d’une employée si jeune ? Si elle pouvait seulement identifier ce manque qui lui serrait la poitrine, peut-être aurait-elle un indice sur l’attitude à adopter, l’objectif à poursuivre…
« NOUS ALLONS RETROUVER SASUKE ! Hurla soudain une voix hystérique à la table voisine, suivi d’une série de « chuts » excédés. »
Etonnée, Ryuka se décala légèrement, de manière à apercevoir la scène, un peu incongrue, il fallait l’avouer : une jeune fille rousse à lunettes violettes tentait de repousser violemment un homme aux cheveux blancs qui lui barrait sa bouche d’une poigne sévère, l’empêchant de parler davantage. A leurs côtés se trouvait un géant roux au sourire paisible qui regardait au-dehors.
Peu à peu, les clients se détournèrent du trio et les conversations reprirent. Alors, l’homme aux… dents de requins (Ryuka déglutit difficilement en reconnaissant une des lourdes épées des sept spadassins de Kiri pendue à son dos) consentit à relâcher sa compagne… et se prit une gifle monumentale qui fit… littéralement éclater sa tête en une gerbe d’eau. Ryuka retint un cri et se tassa sur sa chaise, plus qu’intéressée par la conversation et les évènements qui allaient immanquablement suivre.
« Calme-toi, Karin, fit le colosse, pas plus surpris que ça par son ami qui se transformait peu à peu en flaques pour réapparaître un peu plus loin. Il est vrai que nous avons une carte conduisant peut-être à son repaire, mais c’est inutile d’alerter toutes les autorités du coin pour ça. Nous devons rester discrets. »
En tendant l’oreille et en parcourant la salle du regard, Ryuka s’aperçut qu’elle était la seule à les entendre. C’était tant mieux, d’un côté. Ils ne semblaient pas avoir remarqué sa présence…
« Ouais, d’ailleurs, si on la perd, c’est fichu ! Intervint le troisième larron du groupe. — Ferme-la, Suigetsu. Je suis sûre qu’on le retrouvera ! Après toutes ces années ! Oh, Sasuke… »
Pendant que le tout dégénérait en une dispute violente, Ryuka se raccrocha violemment à sa chaise, la tête prise de vertiges soudains. Elle porta la main à son crâne et entreprit de se masser les tempes avec application. Ses yeux accrochèrent le bout d’une carte dépassant d’une cape et elle fut incapable de s’en détacher pendant qu’elle sombrait dans un rêve éveillé aux allures terrifiantes.
« Sasuke… Sasuke Uchiwa… »
Je me souviens d’une silhouette plongée dans l’ombre d’un pilier, de reflets noirs et rouges, alliage parfait d’efficacité et de beauté mortellement dangereuse. Ses pupilles dansent devant mes yeux, je les sens comme une invitation à renoncer. J’ai renoncé avant même de les croiser. Ses doigts s’activent, à la recherche d’un signe. Ce n’est pas moi qu’il convoite mais ce que je protège. Je dois l’en empêcher mais je ne m’en sens pas le courage. Je suis faible. Il est fort. Un gouffre nous sépare et il me tourne le dos, je ne distingue de lui que le mouvement à peine palpable de ses épaules. Son katana se balance sur ses hanches. Que verrais-je s’il se retourne ? Un dernier mot avant de mourir ? Une demande de pardon avant de me tuer ? Ou le sourire d’un homme qui me corrige dans mes erreurs ? Je suis une erreur. Et il est cette perfection que je recherche inconsciemment chez un ninja. Je cours derrière lui, je calque mes pas sur les siens et lui m’ordonne de l’oublier. Je ne veux pas. Ses yeux m’y forcent. Seule demeure l’empreinte d’une phrase reniant nos droits. « Tu as un sacré potentiel pour une morveuse… Je te prendrai pour élève. » Et ses yeux saignent, saignent, saignent…
Elle faillit hurler quand elle revint à elle. Ses souvenirs s’étaient imposés à elle sans qu’elle ne s’en rende compte. Si précis qu’ils lui faisaient presque peur. Presque, seulement !
Je te prendrais pour élève. Pourquoi cette phrase sonnait-elle fausse s’il l’avait réellement prononcée ? Elle décida d’aller elle-même chercher des réponses à ses interrogations.
Ce manque, au niveau de son cœur, se fit moins oppressant alors qu’elle refermait ses doigts sur la fameuse carte du repaire de Sasuke Uchiwa, et avant que la réalité de sa propre folie ne fasse écho dans sa mémoire, elle s’enfuit sans demander son reste. Derrière elle, une jeune femme rousse tentait vainement d’étriper une espèce d’hybride aquatique sous le regard morne de leur compère…
oOOo Dans la nuit, une jeune fille court. Elle ne s’arrête qu’à de rares occasions, pour consulter les bords mouillés d’une carte incertaine. Si elle se trompe, elle fait demi-tour et repart. Si elle ne parvient plus à avancer, elle contourne les obstacles. Si elle meurt de faim maintenant, elle reviendrait hanter les lieux.
Ryuka Sandayu est en marche vers son destin.
« Merde ! Zut, saperlipopette ! J’ai oublié de payer ce pauvre aubergiste… »
oOOo
Trois jours ne lui avaient pas suffi pour atteindre ce fameux repaire perdu au creux d’une série de petites montagnes, à plusieurs kilomètres de la frontière d’Iwa. Les rochers, d’un gris des plus étonnants, formaient une chaîne impénétrable autour d’une large crevasse dont les bords serpentaient entre des pans de sables blancs. Plus bas, une large rivière aux eaux sombres se mouvaient sans cesse, ballotée et transportée sous l’effet d’une attraction quelconque. C’est en suivant son parcours que Ryuka finit par dénicher une grotte encastrée derrière une cascade ricochant contre plusieurs promontoires rocheux, le long d’une paroi écorchée, comme portant les marques d’anciens combats. L’endroit était superbe, et savoir que cet écrin renfermait l’homme qu’elle cherchait inconsciemment depuis près de trois ans suffisaient à lui ravir sa beauté pour le transformer en une arène géante où son avenir se jouerait inévitablement.
Confortablement allongée sur une plateforme, guettant le moindre geste suspect, à la recherche d’un signal l’invitant à entrer et à se déclarer, Ryuka se perdait dans ses pensées. Elle se sentait un peu ivre : cet homme pouvait la tuer d’un clin d’œil, littéralement. Et pourtant, elle n’avait cessé de le rechercher, pire, elle l’avait trouvé. Elle distinguait des vêtements et quelques affaires pendant à un fil ninja entre deux rochers particulièrement pointus. Des affaires d’hommes, de déserteur. Cela ne faisait aucun doute, désormais, Sasuke Uchiwa était bien là. Un peu gênée par sa position, qui devenait désagréable au fur et à mesure que le temps passait, Ryuka bougea. Oh, ce ne fut pas flagrant, bien sûr. Mais sa malchance légendaire ne joua pas en sa faveur. Son pied percuta une lourde pierre, qui non seulement la fit gémir de douleur, mais qui trouva le moyen de déraper du promontoire pour percuter les parois et s’écraser au sol en entrainant plusieurs autres rochers avec lui. Au final, ce fut un mini-éboulement qui s’écrasa dans une gerbe d’eau et dont le vacarme se répercuta dans la crevasse, alertant certainement Sasuke. Ryuka se tassa contre la pierre, serrant les doigts. Elle ne devait pas bouger, elle ne devait pas bouger, elle ne devait pas…
La pointe froide d’un katana courant sur la peau dénudée de son cou la fit tressaillir. Elle ne devait surtout pas bouger !
« Tu n’es pas très discrète. » La voix froide de Sasuke résonna dans la vallée. Ryuka leva juste ses yeux pour entrapercevoir le visage de son nouveau bourreau. Peine perdue. Cette situation ne lui rappelait que trop sa première rencontre avec Tête-de-Camembert. Mais lui au moins s’annonçait. Elle n’avait même pas vu venir Sasuke. Et l’épée avec laquelle il traçait des cicatrices carmins sur sa gorge était bien réelle. Tête-de-Camembert ne l’avait jamais vraiment menacée.
Soumise ainsi au nukenin, ses mains à plat sur le sol et agenouillée, elle ne distinguait de lui que ses pieds et ses jambes, drapés dans un tissu noir. Mais elle imaginait son visage détendu par la concentration, comme un masque artificiel aux accents vengeurs. Elle rêvait de faire tomber ce masque dérangeant et voir enfin une émotion s’allumer dans ses yeux. Elle était ambitieuse, comme toujours et peu réaliste. Mais Dieu était témoin, jamais elle n’avait ressenti un désir aussi intense. Elle ne voulait pas seulement devenir l’élève de cet homme, elle le souhaitait ardemment.
« Que fais-tu ici ? Interrogea enfin le nukenin après un temps pesant de silence. »
Il ne reconnaissait que trop bien ce flux de chakra toujours aussi fou, courant dans ses veines. Les traits de son visage avaient certes perdu les rondeurs de l’enfance trop tôt, mais elle restait ce modèle d’innocence et de médiocrité qui l’exaspérait tant. Tant de possibilités et si peu d’opportunités… Il se baffa mentalement. Aucune faiblesse. Aucune pitié. C’était la règle. En voyant l’expression indéchiffrable de celui qu’elle considérait déjà comme son maître, le seul depuis des années, non, le premier qu’elle aurait vraiment, Ryuka blêmit. Comment pouvait-il être aussi calme ? Elle savait que sa réponse déciderait de son choix. Soit il l’épargnait, soit elle mourrait.
« Vous… » Elle serra les poings et se força à respirer calmement, virant ses yeux terriblement banals dans ceux d’un noir insondable de Sasuke. Bientôt, sa nervosité se transforma en une détermination effrayante. Elle savait ce qu’elle avait à faire. « Vous n’aviez pas promis de me prendre pour élève, il y a trois ans, par hasard ? » Sa voix dérailla dans les aigus à la fin de sa phrase, mais elle était plutôt contente d’elle.
Sous les paupières de Sasuke s’inscrivit une vraie surprise, la première depuis trop longtemps. Il écarquilla les yeux en relevant la pointe de son katana et échangea un regard étonné avec la morveuse qui lui tenait tête. Il était déstabilisé, et c’était mauvais. Très mauvais. Trop mauvais. Et quelque chose lui disait qu’il ne s’en sortirait pas par une pirouette habile… Et merde ! Dans quoi me suis-je encore fourré ?
Dernière édition par Kirara le Mer 21 Nov 2012, 14:56, édité 1 fois |
| | | | Endo-Tenma
Messages : 1025 Né(e) le : 24/08/1998 Inscrit(e) le : 11/07/2012 | |
| Sujet: Re: [Non IE] Sur tes traces (Chapitre 13) Ven 21 Sep 2012, 18:57 | |
| Bon CH3 !! Il y a quelque chose qui m'a fait éclater de rire : "Le sceau de Tête-de-Camembert" !! xD |
| | | | Kirara ★ Fantôme ★
Messages : 813 Né(e) le : 18/01/1999 Inscrit(e) le : 20/08/2012 | |
| Sujet: Re: [Non IE] Sur tes traces (Chapitre 13) Ven 21 Sep 2012, 19:34 | |
| Eh oui, tête de camembert ^^ Et vu la fin du chap', pas besoin d'être devin pour deviner ce qui va se passer ! |
| | | | Kirara ★ Fantôme ★
Messages : 813 Né(e) le : 18/01/1999 Inscrit(e) le : 20/08/2012 | |
| Sujet: Re: [Non IE] Sur tes traces (Chapitre 13) Mar 02 Oct 2012, 20:47 | |
| Attention, ça devient très sérieux...Et bordélique, par la même occasion ^^ - Spoiler:
~ Chapitre IV ~ Disciple – 1 Tournoyant sur lui-même à la manière d’une toupie insolite et mortelle, son shuriken fusa en ligne droite, sifflant comme un de ces cobras que charmait son maître durant ses temps libres. La cible n’était plus qu’à trois mètres encore trop long pour que Ryuka puisse affirmer avec précision que son coup réussirait ou pas.
Dans ses souvenirs, l’arme, patinée par la sueur et les exercices, aurait brusquement déviée de son parcours initial pour s’écraser au sol…ou se planter avec férocité dans la chair d’un intrus.
Aussi, elle retint à peine un sourire fier teintée d’une arrogance sans doute héritée de son nouveau professeur, depuis maintenant deux mois, quand elle vit qu’à peine trois centimètres séparaient le bout de la lame du centre de sa cible, tracée à l’encre rouge sur la roche grise. Ryuka se retourna vers Sasuke, son attitude toujours autant décidée. Des coupures bénignes faites à l’instant se refermaient déjà, de la sueur coulait de chacune des pores de sa peau, noyant ses vêtements, un pantacourt noir et un sweat-shirt d’un bleu sombre en parfait accord avec les eaux capricieuses de la rivière qui s’étendait plus bas, ouvert sur un simple haut qu’elle avait aussitôt classée « filet de pêche » la première fois qu’elle l’avait enfilé.
Sasuke-sensei n’avait pas franchement apprécié qu’elle ramène le dîner, deux magnifiques soles pêchées le soir-même, avec son propre T-shirt. A ce souvenir, elle ricana. Des anecdotes pareilles, elle en avait encore tant et tant qu’elle ne saurait pas s’arrêter si elle les déballait tout de suite.
Plus tard, peut-être.
Ses doigts se saisirent presque instinctivement d’une gourde trainant par là et laissée en plan lors d’un dernier exercice. Elle en but une gorgée, épuisée. Sasuke-sensei était un fanatique des horaires farfelus et un simple mot de trop le faisait éclater dans une de ses « crises pédagogiques ».
Dans ces cas-là, il…Non, c’était vraiment trop horrible pour qu’elle puisse le raconter.
Ryuka abandonna sa bouteille à terre et se retourna vers son maître, prête à en découdre et à plaider sa cause. Ce n’était pas trois centimètres qui allaient gâcher son après-midi, elle se le jurait. Pourtant, quand elle le découvrit observant un vol d’oiseaux filant vers le sud, son bouquin dont le titre était si rayé qu’elle n’arrivait pas à le déchiffrer abandonné au sol, et le regard perdu dans l’horizon, elle se sentit…trahie. Ne l’avait-il donc pas regardée une seule fois ?!
Ses poings se serrèrent, et toute possibilité d’une éventuelle pause inespérée s’évanouit en même temps qu’une tonnes de pensées belliqueuses faisaient son chemin jusqu’à son esprit. En général, quand il se désintéressait d’elle ainsi, c’était qu’elle n’avait pas « assuré », comme elle le résumait si bien. Elle avait le chic pour raccourcir ses explications trop scientifiques pour elle.
« Sasuke-sensei ! hurla-t-elle, indignée. — Je sais, Ryuka, soupira Sasuke, la prenant au dépourvu (elle n’avait pas posé de questions !) Ce n’était pas mal, mais… »
Le sourire qui commençait à s’étaler sur son visage trempé par les éclaboussures et l’effort disparut.
« Tu vois cette distance, là ? dit-il en désignant les trente millimètres séparant une des pointes de son étoile d’acier et le centre de sa cible. C’est encore trop. Recommence. »
« Recommencer » était le verbe préféré de Sasuke-sensei… En revanche, « bravo » ou « mes félicitations » étaient des mots dont il ne semblait pas connaître l’existence, au sens le plus pur du terme. Et au final, l’avait-il vue ou pas ? Sans doute que oui, pour s’être aperçu aussi rapidement de sa petite erreur. Mais rien ne pourrait le prouver. Oh, que c’était rageant !
Pourtant, elle obéit. Comme toujours. C’était le prix à payer pour pouvoir rester sous sa tutelle. Car si Sasuke-sensei ne se montrait pas assez satisfait de ses progrès, d’un simple clin d’œil, il pouvait la tuer. Et ça, tout comme perdre cette fantastique chance d’étudier à ses côtés, c’était inacceptable. Et puis, si elle était renvoyée chez elle, elle n’y survivrait pas, trop écrasée par la honte et le désespoir. Donc, l’équation avait beau être différente, le résultat restait le même.
Se retournant, Ryuka ne vit pas le demi-sourire de Sasuke.
Cette gamine était intéressante, vraiment. Même si les premiers temps avaient été difficiles : entre lui qui ne voulait pas d’une enfant collée à ses basques, ce que malheureusement, la jeune fille ne semblait pas comprendre et elle qui refusait obstinément d’utiliser son fameux chakra maudit, il avait menacé plus d’une fois d’éclater et de la tuer tout simplement. Il s’y était refusé.
Et puis, Ryuka avait rendu les armes, la première fois dans sa courte vie. Elle avait enlevé son T-shirt, composait un signe au hasard et le tatouage retenant Rokubi en elle s’était dévoilé. Elle avait frémit en le sentant suivre le tracé d’encre de ses doigts. Sasuke, lui, se retenait de le briser. Jamais, malgré ses piètres compétences en fuinjutsu, il n’avait vu un sceau aussi… approximatif ! Pas étonnant qu’il laisse filtrer le chakra de Rokubi. Si ça se trouvait, Ryuka n’avait même pas de réel chakra, à l’instar de Rock Lee et se servait uniquement de celui de son démon, sans s’en rendre compte.
En comparaison, celui de Naruto Uzumaki, usé par le temps et ses échecs, pouvait être facilement comparé à une œuvre d’art terrifiante de réalisme et offrant une protection éternelle.
Ryuka n’ayant pas cette chance, il fallut lui apprendre à maitriser ce chakra fou furieux. Ce fut compliqué, mais rassurée par sa présence, elle finit par y arriver. Il lui assura qu’elle ne risquait rien. C’était un mensonge, évidemment, mais étant là pour veiller au grain, ce n’était plus qu’un demi-mensonge. Logique, non ? Mais le plus désarmant n’était sans doute pas le fait qu’elle était un réceptacle. A quatorze ans, et sans réelle expérience, elle appréhendait le monde qui l’entourait avec une lucidité des plus étonnantes et faisait de la dure réalité des ninjas, faite de meurtres et de sang coulant à flots, son propre nindo, sans savoir encore toutefois quel serait son objectif, dans les années à venir. Il l’admirait pour cet optimisme, en secret, bien évidemment.
Avec une arme au tempérament pareil à ses côtés, se venger de Konoha ne serait qu’une formalité… Et puis, il y avait cette fatalité collant à sa peau, cette facette dérangeante de son caractère qu’elle appelait la « malchance légendaire de Ryuka Sandayu ». Lui préférait la nommer « paradoxe Ryuka ».
Elle n’avait pas compris pourquoi, mais il ne s’inquiétait pas. Elle avait toute la vie pour ça. Ryuka lançait avec hargne une nouvelle série de shurikens à travers l’espace qu’offrait le promontoire choisi pour cet exercice, qu’il se remémorait leur première véritable rencontre… La jeune fille avait dû le pousser dans ses derniers retranchements pour se faire accepter de lui…
oOOo Pause. Rembobinage… Deux mois plus tôt. Lecture ! « Vous… » Elle serra les poings et se força à respirer calmement, virant ses yeux terriblement banals dans ceux d’un noir insondable de Sasuke. Bientôt, sa nervosité se transforma en une détermination effrayante. Elle savait ce qu’elle avait à faire. « Vous n’aviez pas promis de me prendre pour élève, il y a trois ans, par hasard ? » Sa voix dérailla dans les aigus à la fin de sa phrase, mais elle était plutôt contente d’elle.
Sous les paupières de Sasuke s’inscrivit une vraie surprise, la première depuis trop longtemps. Il écarquilla les yeux en relevant la pointe de son katana et échangea un regard étonné avec la morveuse qui lui tenait tête. Il était déstabilisé, et c’était mauvais. Très mauvais. Trop mauvais. Et quelque chose lui disait qu’il ne s’en sortirait pas par une pirouette habile…
Et merde ! Dans quoi me suis-je encore fourré ?
Il n’avait rien promis du tout à cette gamine ! Mais le sharingan avait dû lui embrouiller l’esprit… Il rengaina son katana et recula de quelques pas, permettant sans le vouloir à Ryuka de se relever. Ses cheveux volèrent alors qu’elle titubait, sa main se tâchant de sang alors qu’elle vérifiait les dégâts laissés par son épée. Mais son regard était toujours aussi brûlant, aussi sauvage… Dans sa tête se frayait peu à peu une certitude inébranlable. Il s’était passé exactement la même chose le jour où il s’était décidé à tuer Itachi, puis à raser Konoha. Il devait tuer cette morveuse ! Ses sharingans s’activèrent d’eux-mêmes. Oui, d’abord, il la trancherait en deux, puis se gorgerait de ses hurlements de douleurs. Enfin, alors qu’elle serait à sa merci, il effacerait la mémoire à son cadavre, afin que jamais son esprit ne revienne hanter ses nuits sans rêve ni cauchemar. Mais ce n’était que pure superstition…
Elle mourrait debout, c’était sa dernière offre.
Se méprenant sur son mutisme et l’air concentré qu’il arborait, Ryuka voulut prendre la parole. Les mains froides serrant sa gorge l’en empêchèrent. Deux secondes passèrent, pendant lesquelles Sasuke la repoussa en arrière, raffermissant sans cesse sa prise. Elle suffoqua en sentant le vide derrière elle et battit des jambes. Malheureusement, Sasuke la tenait presque en l’air, et elle ne sentait plus vraiment le sol sous ses pieds…
Par un réflexe déraisonné, elle crocheta ses doigts sur le tissu des vêtements du déserteur, plantant ses ongles dans sa chair et vira ses yeux furieux dans ceux, insondables, du déserteur. Ainsi, elle allait mourir comme ça, sans testament ni dernière parole ? C’était injuste ! Pas après s’être découvert ce courage insoupçonné qui l’avait fait fuir son village ! Pas après tout le parcours qu’elle avait dû affronter pour venir jusqu’ici ! Pas après toutes ces découvertes… Pas avant être devenue aussi forte que lui !
« Si je tombe, vous tombez aussi ! le prévint-elle en faisant mine de l’entrainer avec elle dans sa chute. — Que… »
Ryuka arrêta son dangereux balancement avant qu’ils ne sombrent tous les deux. Les deux ninjas –aspirante pour l’une– s’affrontèrent du regard en silence, cherchant à faire passer dans cet échange toutes les insultes du monde qu’ils n’auraient pas pu se dire au préalable. Puis, Sasuke renonça. Il l’attira à lui. Ryuka eut un sourire victorieux… … qui disparut quand son corps décrivit un superbe vol plané qui lui fit faire un arc de cercle à travers le promontoire et l’écraser contre la paroi voisine dans un horrible craquement d’os. Du sang envahit sa bouche d’un goût amer et métallique, ses vertèbres se brisèrent sous le choc.
Mais Rokubi agissait déjà, et c’est seulement sonnée qu’elle glissa au sol, un peu dans les vapes. Sasuke s’étonna à peine de cette découverte qui lui confirma seulement ce qu’il savait déjà. Quel gâchis de devoir tuer un réceptacle ! Ces monstres de chakra pouvaient s’avérer bien utiles…
Seuls six mètres les séparaient encore. Six mètres de trop ! Sasuke tira de son fourreau Kusanagi, qui chuinta en quittant la sécurité de son abri. Qui chanta, crut entendre Ryuka. Mais c’était idiot. Une épée ne chante pas. Des faisceaux électriques se mirent à courir le long de la lame. Le cri caractéristique de milles oiseaux retentit alors dans la ravine, résonnant en des centaines d’échos le long des crevasses, dramatique et annonciateur de mort.
Le regard émerveillé que Ryuka porta sur son arme électrifiée la fit tourner de l’œil.
«Katana des mille oiseaux - Chidori katana» Sasuke se mit à courir, couvrant rapidement la distance qui les tenait à l’écart l’un de l’autre, son sabre en avant. Si Ryuka vit le danger, alors, elle ne réagit pas.
Pour Rokubi, en revanche, ce fut une autre paire de manches : un chakra maudit, d’un rouge aussi écarlate que ses sharingans, emmitoufla la jeune fille dans un manteau aux allures meurtrières. Ses pupilles, s’activant à une vitesse folle, lui firent sentir le danger. Il accéléra pourtant. Ce fut sa plus grande erreur, celle qui lui coûta la victoire. Il ne sut si c’était une réaction en chaîne au chakra de Rokubi, qui entra en résonnance avec ses propres forces, mais la blessure lacérant sa jambe gauche se rouvrit d’elle-même. Le sang gicla brusquement, tâchant son pantalon d’un rouge carmin peu rassurant… Il hurla de douleur, ralentit juste un peu et y porta la main en ahanant, stoppé net par ce déferlement.
Et au milieu de ce flot de sensations…
« Il ne faut pas que le sceau se rompe ! »
Mais Sasuke était un homme têtu, il força.
Une nouvelle vague brûlante l’empêcha de continuer plus longtemps ce petit jeu. Il jeta un regard désespéré au demi-mètre à la fin duquel se tenait Ryuka, observant la scène avec détachement comme si ce n’était pas elle qui se trouvait là, mais quelqu’un d’autre… quelqu’un d’autre d’extrêmement sournois, guettant l’occasion de frapper. Tout au fond de cette double-personnalité, Ryuka n’hésita pas une seule seconde, face à cette subite faiblesse dont elle ne chercha pas à comprendre les raisons. L’ouverture que lui laissait de cette façon Sasuke était trop inespérée pour être vrai ! Il ne fallait pas laisser passer sa chance…
Son poing se mit en mouvement sans qu’elle ne s’en aperçoive vraiment.
PAAAF !
Le coup fut si violent que Sasuke partit en arrière, portant instinctivement la main à son nez en sang et à ses dents démolies, tandis que l’autre glissait sous le bas de son pantalon, activant un sceau complexe qui s’illumina brièvement avant de resserrer la pression autour de son muscle. Il gémit en sentant les griffes de l’assemblage écorcher un peu plus ses vieilles cicatrices, mais Ryuka, trop intéressée par les dommages qu’elle lui avait elle-même infligée, ne le remarqua pas.
C’était sans doute mieux comme ça.
« Sale morveuse, articula-t-il en avalant un peu de sang au passage. »
Elle ne l’avait pas loupé, cette gamine ! Et son envie de la tuer s’était dissipée en même temps que cette superbe droite l’atteignait. Pouvait-on parler de techniques thérapeutiques secrètes ? Naruto devait sûrement être un beau spécimen de ce nouveau médicament, alors.
« Alors, alors ? Vous acceptez de me prendre pour élève ? Hein, hein ? Je croyais que j’avais du potentiel ! Répondez, Sasuke-sensei ! »
Il tiqua devant l’appellation : Sasuke-sensei ?! Ce n’était pas tant le traditionnel suffixe qui l’étonnait, mais cette façon particulière qu’elle avait de le prononcer, mêlant les deux mots de façon à ce qu’il n’en forme plus qu’un. Avec elle, les « s » s’enchainaient avec douceur alors que les autres syllabes claquaient sur sa langue, et son ton écorché laissait penser que tout ça n’était qu’une vague moquerie… Les notes saccadées de sa respiration, trahissant sa peur et son excitation, le timbre joyeux de sa voix… Et au milieu de cette partition enfantine, réglée mécaniquement comme sur du papier à musique qu’on relit sans fin, son nom, prononcé avec une dévotion tenant de la vénération et cet arrière-goût mauvais, comme un éclat amer et adulte…
« Sasuke-sensei ! répéta Ryuka, le début d’une longue série de rappels à l’ordre. »
Sasuke se passa une main sur le visage, épongeant du sang au passage, tentant de remettre de l’ordre dans ce tumulte d’idées chaotiques qui agitaient son crâne en ce moment-même. Parmi toutes ces pensées parasites, une seule question demeurait suffisamment importante pour qu’elle éclipse tout le reste et tambourine sous sa tête comme une sempiternelle litanie. Que faire de la mioche ? Pardon, de Ryuka Sandayu, puisque c’était son nom… Il était tout simplement hors de question de la prendre pour élève, comme elle l’exigeait. Ce n’était pas ce caprice de gamine qui allait le faire flancher, tout de même ! N’est-ce pas ? … Non. Oui. Non, vous dis-je ! … Oui ? Ce qu’il faudrait, songea Sasuke, c'est que ce soit elle qui fasse l’erreur fatale qui lui renverrait ses insolences en pleine figure, le pas de trop qui la tirerait dans la boue, afin qu’elle n’ait rien à lui reprocher et n’en veuille qu’à elle. C’était un procédé cruel, mais qui lui ferait moins de mal que s’il la repoussait franchement. Pas parce qu’il se souciait d’elle et de sa santé, non, loin de là, croyait-il, mais parce que Ryuka semblait être de ce genre de personnes très rancunières prêtes à tout pour faire payer une promesse brisée… Deux de ses doigts effleurèrent sa joue où s’étalait désormais un superbe hématome multicolore.
Il ne réfléchit pas plus longtemps : son défi était trouvé d’avance !
«Technique de la boule de feu suprême ! Gōkakyū no jutsu» Des flammes jaillirent d’entre ses lèvres, léchant ses doigts portés à sa bouche pour former un signe quelconque et éclaira la ravine d’une nouvelle lumière, faite d’étincelles mortellement acérées et d’une férocité à toute épreuve. Des lianes ardentes léchèrent les parois, coulèrent le long des crevasses jusqu’aux eaux sombres et capricieuses qui se teintaient d’ocre et d’orange. Des reflets fous furieux y dansèrent quelques instants… L’impact fut violent, mais le feu, loin de s’en désagréger, remonta et une espèce d’explosion sauvage et parfaitement incontrôlable au commun des mortels.
Mais Sasuke n’était pas n’importe qui ; plutôt que de s’engouffrer jusqu’à eux, les flammes disparurent juste avant de les frôler, se contentant d’apporter au promontoire une sensation de chaleur presque rassurante que Ryuka apprécia à sa juste valeur, plus encore que le spectacle que son futur professeur venait de lui offrir avec cette technique.
Sasuke Uchiwa n’était pas seulement un spécialiste des jutsus katon : il les réinventait littéralement, puisant dans leurs racines pour leur ajouter une nouvelle splendeur, une nouvelle force.
Ses ancêtres devaient s’en retourner dans leurs tombes.
C’était donc ça, un génie ? Comme son père le fit avant lui, Sasuke se retourna vers Ryuka, guettant sa réaction. Ne la voyant pas réagir, trop éblouie, il lui tapota l’épaule, la faisant sortir de son ébahissement. Ryuka sursauta, accrocha le regard devenu incandescent de Sasuke et recula de quelques pas, simple réflexe. Elle souffla en reconnaissant le sharingan brillant dans ses pupilles…
« Serpent, chèvre, singe, cochon, cheval et tigre. Ce sont les signes permettant la réalisation de cette technique, lui dit-il. Ensuite, tu devras concentrer ton chakra entre la poitrine et la cavité buccale et le relâcher brutalement. »
Sasuke marqua une pause, l’observant minutieusement, comme pour rechercher une faille dans cette armure qu’elle s’était construite autour de l’âme et du cœur. C’était étrange, cette sensation qu’il avait de percer à jours ses maigres défenses…
« Tu as trois jours, asséna-t-il enfin, pour apprendre et maitriser cette technique ! Si tu échoues, tu devras me laisser effacer ta mémoire et repartir en me laissant la carte qui t’as permise de venir jusqu’ici. Mais si tu réussis, c’est d’accord… — D’accord, quoi ?! Insista Ryuka, pas dupe. »
La guerre était enclenchée ! Il soupira…
« D’accord, je t’accepterai comme élève. — D’accord ! approuva la jeune fille. »
Sasuke n’eut pas le temps de la conseiller davantage, Ryuka se postait déjà face au vide, composant ses mudras, les modelant à son propre tempo et le singeant d’une drôle de manière…
Elle ne réussirait pas, cela ne faisait aucun doute. Et il se sentait à peine coupable de lui imposer cette épreuve ; après tout, pour maitriser cette technique, il fallait contrôler au moins une once de chakra, ce que visiblement, Ryuka peinait à faire, et le changer ensuite en katon, chose innée chez lui. Mais cette gamine n’avait certainement pas cette affinité et était trop mauvaise pour le transformer, quel que soit l’élément choisi. Puis, comment pourrait-elle forcer les codes génétiques ?
Seuls les Uchiwa pouvaient se vanter de venir au bout de ce jutsu-là…
Sasuke ricana. Lui, professeur ?! Et pourquoi pas danseur de claquettes pendant qu’on y était ?!
oOOo
Pendant ce temps, beaucoup plus à l’est, trois hurluberlus en costumes violets, sans aucun bandeaux frontaux, ni présents, ni rayés, accrochés à leurs maigres affaires démodés, s’escrimaient autour d’un feu de camp qui aurait presque pu être sympathique sans la main qui y flambait… Assis sur un rondin de bois clair, Suigetsu, sirotant son éternel soda d’un air nonchalant, observait à la dérobée sa coéquipière malgré-elle, une de ces jeunes harpies dégénérées qu’il haïssait tant. Karin, aux mèches folles aussi rouges que ses joues échauffées par la colère et l’effort, dessinait un de ces trajets hypothétiques dont elle avait le secret sur le sol de terre fraîche. Son bâton traçait, effaçait et recommençait son manège dans l’espoir qu’un éclair d’illumination ne leur montre le chemin à suivre qui mettrait fin à leurs multiples égarements dans cet arrière-pays que la plus ridicule des nations ninjas avait dû oublier de coloniser, après la quatrième grande guerre…
« Karin, finit-il par demander, n’y tenant plus et agacé par les mouvements désordonnés de sa partenaire, es-tu sûre qu’il faut bien continuer par-là ? Parce que, comme ton sens de l’orientation laisse sérieusement à désirer et qu’on a perdu la carte, je pense que… — Tu penses mal, Suigetsu ! Coupa vivement la jeune fille en époussetant ses genoux nus et écorchés. J’en suis plus que sûûûre ! »
Elle parut hésiter un instant, puis se tourna vers Jûgo, le troisième larron de leur improbable groupe. Un petit oiseau doré au chant puéril sur ses larges épaules, ce colosse aux cheveux roux en bataille se tenait courbé au-dessus d’une vieille marmite toute cabossée où mijotait une espèce de soupe à la couleur douteuse dont le fumet emplissait la clairière où ils avaient trouvés refuge d’une odeur qui leur rappelait vaguement la maison…
Mais quelle maison ? Les laboratoires d’Orochimaru, leurs errances communes avec Sasuke, quand il était encore là, ou un nouvel horizon encore à découvrir… ?
« Jûgo, le repas arrive ? demanda-t-elle en guise de distraction à ses pensées moroses. — Il arrive, répondit la voix morne de Jûgo. — Ahaha ! S’esclaffa Suigetsu, on dirait une parfaite petite maîtresse de maison ! Quel dommage que ce ne soit pas le style de Sasuke-chéri, n’est-ce pas, Karin ? — JE VAIS TE TUER !!! »
Alors que dans son dos résonnait les bruits d’une nouvelle bagarre de ses deux amis, Jûgo se crispa soudainement, son kunaï lui servant de louche échappant à sa poigne sévère et tombant dans le récipient. Sa marque maudite, lovée au creux de sa nuque, se mit à bourdonner… Des chaînes difformes glissèrent le long de son cou, coulèrent sur son torse…
Pris d’une inspiration soudaine dictée par une poussé déraisonnée de haine, Jûgo se saisit à la gorge de l’oiseau gazouillant à son oreille. L’animal fit « couic » alors qu’il le jetait dans sa marmite, entre deux morceaux d’asperges et de poireaux…
Puis la marque se rétracta comme si elle n’avait jamais existé. Jûgo s’étonna un instant de l’absence de son petit compagnon, sans savoir que son cadavre baignait désormais dans sa sauce, puis haussa les épaules et retourna à sa besogne. Derrière lui, Karin sautait à pieds joints dans la flaque qu’était devenue Suigetsu, lequel hurlait à cette furie d’arrêter de le piétiner ainsi…
Plus tard, à l’heure de ce fameux dîner, Suigetsu alla repêcher une plume jaune flottant entre quelques tomates…
« Il a un drôle de goût, ton ragoût, bougonna Karin en léchant sa cuillère, cherchant à analyser ce petit quelque chose d’un peu dégoutant entre l’arôme délicate des divers légumes. - Ah bon, tu trouves ? dit simplement Jûgo en lui envoyant un regard niais. »
oOOo Aujourd’hui serait encore une journée bien morne à méditer sur ses vengeances futures. Telles étaient les pensées moroses de Sasuke Uchiwa en ce début de journée ensoleillée. Ses yeux levés au ciel détaillaient avec hypocrisie les cordes de nuages, d’un cotonneux dans lequel n’importe quel homme aurait aimé se réfugier, noyés dans ce bleu torride, qui lui en rappelait un autre.
La lumière l’aveuglait, tuant ses plus précieuses armes d’un seul coup éblouissant, en traître.
« Mais où est donc passée cette espèce d’imbécile heureuse ? » pensa-t-il en avisant le promontoire rocheux, où Ryuka brillait par son absence. Les seuls indices de sa présence restaient son blouson, abandonné au sol.
Serait-elle déjà repartie ? L’idée le fit sourire, bien qu’il n’ait pas le cœur à ça. Dire qu’il avait cru qu’elle serait un peu plus…
« Hey ! s’écria la voix rauque de l’enfant, derrière lui, le prenant par surprise. »
… tenace. Enfin, c’était sans importance, maintenant.
« Sasuke-sensei, insista Ryuka, une nouvelle fois. »
Il hésita à sortir de son mutisme, embêter la jeune fille était un passe-temps auquel il n’aurait jamais imaginé s’adonner avec autant de ferveur et d’amusement. Mais en entendant de nouveau son nom prononcé de cette façon, il frémit. Que signifiait son sourire psychopathe –juste un peu– ?
« Pourquoi m’appelles-tu Sasuke-sensei ? demanda-t-il, dans un éclair de compréhension subite. »
Il venait de comprendre enfin toutes les possibilités que pouvait offrir ce simple suffixe. Et cela l’effrayait, lui donnait le vertige. Ryuka comprit son malaise, pas stupide pour deux sous et décida d’en profiter. Dans un coin de son cerveau, elle prépara avec une méticulosité affirmée les détails de la scène, orchestrée jusqu’à l’ultime réplique. Et elle donna l’assaut. Frappa. Le prit par derrière.
« A votre avis ? — Oh, non, ne me dis pas que… »
Pour toute réponse, un jet de feu mortel illumina la ravine.
oOOo Pause. Retour au présent. A la seconde près.
Sa dernière cible se fendit net sous son coup rageur. Ryuka vit des graviers éclater dans l’air, percutant les roches les entourant avec violence. Elle recula d’un pas, évitant la collision avec une de ces nuées pointues et protégea son visage de son bras droit. Elle sentit comme une piqure d’insecte à cet endroit, mais ne s’en formalisa pas. La plaie se refermait déjà, de toute façon. Derrière elle, Sasuke n’avait pas bougé d’un pouce et semblait l’observer derrière ses mèches corbeaux d’un œil… appréciateur ? C’était tellement inédit qu’elle en rit.
Cruelle erreur, lui rappelèrent les yeux accusateurs de son maître. Elle baissa la tête, vaguement honteuse, mais en colère. Pourquoi n’aurait-elle pas le droit de s’en féliciter ?
Elle tressaillit lorsqu’elle se sentit inspectée par les prunelles brûlantes du ninja déserteur, mais se refusa de baisser la tête et de flancher. Son honneur en dépendait, et elle savait que son sensei ne guettait que l’occasion de lui faire un reproche. Ryuka grimaça. Elle ne lui donnerait pas ce plaisir ! Après tout, ne s’était-elle pas tirée de l’exercice avec un certain brio ?
« C’est encore plus nul que ce que je pensais. Recommence. »
Le verdict sonna comme une condamnation, à ses oreilles. Avait-elle bien entendu ? N’en faisait-il pas trop, aussi ? Elle avait couru quand il lui avait dit de courir, sauté quand il lui avait de sauter, attaqué quand il le lui avait ordonné, riposté, esquivé, nagé et même mis sa propre vie en danger pour ses beaux yeux et ses caprices d’enfant gâté. Elle le haïssait, parfois !
Dans un geste totalement irréfléchi, elle tira un kunaï de sa sacoche et se rua vers lui en hurlant. A peine un mètre, évalua-t-elle en étudiant la distance qui les séparait. Aucune chance qu’il puisse esquiver ce mouvement qu’elle avait révisé près de cent fois ! Totalement infaillible ! Les deux doigts posés sur son front, la stoppant en pleine course et faisant valdinguer son arme au sol, la glacèrent plus sûrement que les pluies les plus froides de Kiri et les insultes à peine voilées de ses anciens compagnons. Un ange passa…
« Désolé, Ryuka, ce sera pour la prochaine fois ! assura Sasuke-sensei, moqueur. »
En reconnaissant cette étincelle guerrière dans sa voix, elle sursauta et banda ses muscles au maximum, prête à encaisser n’importe quel choc… Une pichenette suffit pour l’envoyer à l’autre bout du terrain d’entrainement. Elle voulut se relever, la poigne sévère de Sasuke-sensei le fit à sa place. Elle se retrouva chancelante devant lui, et il l’obligea à relever la tête d’un index expert.
Aucun mot ne fut dit, mais l’expression indéchiffrable qui flambait dans ses yeux parlait pour deux. Ryuka serra les dents, et partit rechercher ses shurikens en trainant les pieds. Sasuke sourit. L’avertissement était passé. Et plus le temps filait, plus ses progrès se montraient flagrants, plus il se le répétait en boucle…. Décidemment, cette gamine était vraiment très intéressante. Orochimaru avait-il pensé la même chose en le rencontrant ?
oOOo
Le firmament se drapait déjà d’un manteau obscur d’où s’échappaient plusieurs points de lumière blanche. Des étoiles, reconnut Sasuke, grisé par le calme de la nuit. Il rejeta la tête en arrière, soudain plus serein et respira profondément.
Dans son dos, Ryuka continuait ses exercices dans un vacarme de tous les diables, comme une effraction à cette étrange réalité qu’il essayait d’instaurer, sans succès. Il soupira en entendant un juron peu gracieux, qui sonnait encore plus faux dans la bouche de l’enfant.
« Arrête-toi, finit-il par ordonner. On rentre. — Vous devenez enfin raisonnable, Sasuke-sensei, articula difficilement Ryuka, à genoux, essoufflée. »
Elle était à bout de force ! Elle dut littéralement se trainer à terre, à sa suite, pour regagner la grotte qui leur servait de principal repaire. Elle frissonna en passant l’entrée, derrière Sasuke-sensei qui continuait d’avancer sans l’attendre. Les grottes lui rappelaient sans savoir vraiment pourquoi ses rares entrevues avec Tête-de-Camembert… Mais bon sang, elle ne parvenait pas à l’expliquer ! C’était comme une sensation diffuse, évanouie depuis trop longtemps dans la nature pour qu’elle puisse l’y rattraper… C’était frustrant.
« Tu ne crois quand même pas que l’entrainement est terminé ? — Hein ?! Mais, Sasuke-sensei, ça fait plus de douze heures que je me tape tous vos exercices foireux à la suite ! Je suis crevée, moi ! »
Ryuka sourit devant son regard accusateur. Elle se servit néanmoins de la voix faussement scandalisée de Sasuke-sensei comme exutoire et abandonna rapidement ses couvertures, pourtant chaudes et accueillantes, pour le rejoindre. Quoi qu’elle en dise, elle adorait qu’il fasse preuve d’un peu d’attention envers elle. Même si parfois, les conditions se révélaient si intenses qu’elle ne parvenait pas à tenir le rythme endiablé… C’était un de ces défis qu’il lui lançait comme ça, l’air de rien et qu’elle relevait bien évidemment, quitte à s’en prendre plein la gueule au passage.
Pardon, la figure. Comme dirait Sasuke-sensei.
Celui-ci vira ses orbes cendrés dans les siens, de la couleur des écorces de la forêt sacrée de Konoha. Iris contre iris. Un combat qu’il remportait d’avance. Mais le noir insondable de son regard céda la place à un rouge carmin qui l’effraya… Que voulait-il faire avec ses sharingans ?!
« Je vais t’apprendre...commença-t-il. »
Elle n’aimait pas ça. Sasuke activa le niveau supérieur de ses pupilles maudites. Mais alors, pas du tout !
« … à résister au genjutsu ! » Acheva Sasuke-sensei en envoyant une déferlante de chakra déclencher le pouvoir hypnotique de ses yeux. Ryuka n’y résista pas une fraction de secondes. Elle s’écrasa à terre, évanouie et l’esprit perdu entre deux cauchemars aux allures terriblement réels…
« Tsss… Minable ! On recommence. »
oOOo
Ses ongles se plantèrent avec violence dans la roche, s’écorchant les doigts qui ruisselèrent de sang avant que l’écoulement ne soit stoppé par Rokubi, toujours attentif. Ryuka se prit la tête entre les mains, effrayée par ce déferlement d’émotions négatives et se força à reprendre le contrôle. C’était le but de l’exercice, après tout ! Mais elle eut beau se concentrer encore et encore, elle ne parvenait pas à repousser cette intrusion aux limites de sa conscience… Enfin, la sensation reflua.
Ryuka soupira, soulagée, mais se reprit, honteuse. Ce n’était pas elle qui avait triomphé de l’influence hypnotique du sharingan, mais Sasuke-sensei qui avait cessé de son plein gré l’entrainement. C’était un peu vexant, même si elle savait qu’elle n’aurait pas tenu une minute de plus. C’était bien trop… intense.
« J’ai été déconcentrée, c’est pas ma faute ! Cracha-t-elle en guise d’explications. — Je ne t’ai rien demandé… — Oh. C’est rare que vous n’ayez rien à me dire ! — … mais je n’en pense pas moins. On re… — …commence, ouais, je sais. »
Cela devait faire bien deux semaines que Sasuke-sensei l’entrainait chaque soir et parfois, par surprise, dans la journée. Au détour d’un lancer de shurikens, d’un enchainement de taijutsu et de l’apprentissage d’une nouvelle technique particulièrement complexe, il activait le sharingan et la prenait dans ses filets… Chacune de ses illusions étaient chaque fois plus imaginatives que les précédentes. Ainsi, le nukenin repoussait ses limites au fur et à mesure qu’elle progressait dans cette fameuse résistance au genjutsu et plaçait la barre à une hauteur telle qu’elle devrait bientôt se briser tous les os du corps pour la franchir. C’était bien son style, et Ryuka se refusait de flancher. C’était un petit jeu qu’ils affectionnaient particulièrement, tous les deux.
Malgré tout, Sasuke ne pouvait nier que les progrès de Ryuka étaient flagrants : elle ne s’évanouissait plus dès le début, et pouvait rester près de trois secondes sans que le pouvoir du sharingan ne l’affecte. Ce court laps de temps restait suffisant pour qu’elle puisse fuir ou détourner la tête. Après, c’était une autre paire de manches. Si le pouvoir hypnotique de son dojutsu l’atteignait, elle résistait du mieux qu’elle le pouvait, ce qui conduisait à près de cinq minutes de confrontation éreintante, sans qu’aucun des deux ne puisse bouger, piégés par cette pression. Cinq minutes de résistance. C’était encore insuffisant. Et ce n’était pas lui qui allait la ménager !
« On y retourne ! » ordonna Sasuke, sans poser de questions.
Ryuka eut juste le temps de s’y préparer qu’il la soumettait déjà à une petite vision de son cru. L’univers sembla se tordre en milliards de torsions multicolores, dessinant dans l’air troublé des formes étranges aux lignes incertaines qu’elle ne reconnut pas. En tournant sur elle-même, paniquée, Ryuka comprit son erreur. Elle était emprisonnée dans cette autre dimension ! Quelle idiote ! Elle avait baissé sa garde juste quelques secondes et cela avait suffi à la faire sombrer dans le piège de son maître ! C’était rageant ! Mais maintenant que le mal était fait, il ne lui restait plus qu’à trouver la porte de sortie de cet endroit aux courbes effrayantes… Soudain, entre toutes ces ombres aux allures inquiétantes, une d’entre elles s’en distingua si nettement que Ryuka n’eut d’autre choix que de la reconnaître. Rokubi !
« Ce démon de malheur ne va quand même pas venir me persécuter durant mes entrainements ! C’est suffisamment compliqué comme ça ! » Songea-t-elle en colère.
Dans ce monde immatériel, quelques pas lui suffirent pour atteindre ce satané démon. Elle ne réfléchit pas, et frappa, dictée par une force nouvelle qu’elle ne se connaissait pas encore. PAAAF !!!
« Yees !!! » Son poing droit atteignit de plein fouet le visage de Ro… Hé, une minute ! Rokubi n’avait pas de visage ! Oups. Ce n’était pas Rokubi, mais Sasuke-sensei.
Pourrait-elle justifier cet écart de conduite avec sa malchance légendaire ?
« Hem… Désolée, Sasuke-sensei… — … Bien, dit-il simplement d’une voix glaciale, essuyant le sang coulant de son nez. Je suppose que c’est une question d’habitude. En tout cas, on peut dire que tu as fait de sacrés progrès. Tu arrives maintenant à bouger, même sous l’emprise du Kaléidoscope… — Et ? — Et entrainement surprise ! On retourne dehors ! — QUOI ?! Et quand est-ce que je vais dormir ? — Quand j’aurais décidé ! »
oOOo Si on avait demandé son avis à Ryuka Sandayu, celle-ci aurait répondu sans hésitation. Sasuke Uchiwa était un monstre. Pas le monstre auquel pensaient aussitôt tous ninjas dignes de ce nom, capable de commettre meurtres sur meurtres sans état d’âme et d’achever la veuve et l’orphelin dans un battement de cils inhumain, mais le genre qui vous regarde vous tuer à la tâche sans dire un mot, et pire, de s’en satisfaire…
Sinon, comment nommer cet homme qui ne l’avait fait s’entrainer toute la nuit sans broncher, ne lui avait accordé que deux heures de repos pour finalement la réveiller à l’aube ?
Sasuke et Ryuka avaient quitté le fameux repaire dès le lendemain de sa semi-réussite, dixit Sasuke. Ryuka n’avait pas osé demander le pourquoi du comment et l’avait suivi sans discuter. C’était son rôle de disciple, après tout. Mais en jetant un dernier coup d’œil à cette crevasse où elle avait vécu ses plus belles victoires, elle avait senti son cœur se serrer. Enfin, au moment où elle croyait avoir trouvé une maison, on la lui retirait. Mais elle s’était reprise.
Sa maison, c’était là où Sasuke-sensei décidait de l’emmener. Les rochers de ce pays montagneux avaient depuis peu cédé la place à une forêt sombre et touffue. Ryuka calquait ses pas sur ceux de Sasuke, marchant dans son ombre sans que ce dernier ne l’attende. De toute façon, elle faisait bien trop de bruits pour que le doute soit permis. Et elle risquait de s’accrocher à lui pendant encore quelques temps, alors, autant s’y habituer tout de suite et ne pas espérer qu’elle prenne la poudre d’escampette…
« Sasuke-sensei, dit Ryuka en prenant la parole sans qu’il ne lui ait demandé, où va-t-on ? — Tu ne me fais plus confiance, Ryuka ? Fut sa seule réponse. — Si ! Bien sûr que si ! Gronda l’adolescente. Mais ça ne me dit pas où on marche comme des vieux paumés depuis ce matin ! — Des vieux paumés… Ton langage laisse sérieusement à désirer. On dirait une fille de mauvais quartiers ! — Quelle insulte ! J’en suis enchantée… Mais de la part d’un déserteur, cela ne m’étonne plus… » Sasuke tiqua. Ryuka avait cette désagréable habitude de lui rappeler son statut… Il grommela quelque chose à propos d’éducation qui se perdait, puis reprit la route, en écartant une branche élastique… que Ryuka se prit de plein fouet. « AIIIEUH ! — Tu disais quelque chose ? — Grmmbl… ‘Spèce de face d’artichaut à la noix. — Quelle imagination ! »
Ils s’arrêtèrent enfin, dans une clairière sans témoin et Sasuke daigna se retourner vers Ryuka. Une vilaine écorchure barrait son nez. Il eut un sourire satisfait. Ce n’était que partie remise, après tout !
« C’est quoi, la prochaine leçon ? demanda Ryuka en étouffant un bâillement. — On dit : Quelle est la prochaine leçon, Sasuke-sensei, corrigea-t-il. — Ouais, si vous le dites. Donc, qu’est-ce qu’on va ficher encore ? »
Il y a des choses qui ne changeront jamais. Sasuke sortit une clochette de sa sacoche. Ryuka le vit l’accrocher à sa ceinture avec des gestes témoignant d’une habitude certaine. Elle fronça les sourcils. Qu’allait-il encore inventer ? « Si tu arrives à attraper cette clochette, je t’apprendrai les Mille Oiseaux. »
L'un des plus long chap'....
Dernière édition par Kirara le Mer 21 Nov 2012, 15:01, édité 1 fois |
| | | | Endo-Tenma
Messages : 1025 Né(e) le : 24/08/1998 Inscrit(e) le : 11/07/2012 | |
| Sujet: Re: [Non IE] Sur tes traces (Chapitre 13) Mar 02 Oct 2012, 22:22 | |
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| | | | Kirara ★ Fantôme ★
Messages : 813 Né(e) le : 18/01/1999 Inscrit(e) le : 20/08/2012 | |
| Sujet: Re: [Non IE] Sur tes traces (Chapitre 13) Ven 26 Oct 2012, 15:52 | |
| Chapitre 5 ^^ (désolé pour le retard --') J'ai arrêté de tout mettre sur le premier post, parce que je dépasse la limite autorisée --' - Spoiler:
~ Chapitre V ~ Disciple – 2 C’est d’un bond souple que Ryuka se jucha sur une haute branche proche de sa dernière cachette. Elle apprécia l’air fouettant son visage, le mouvement simple et discret –tellement ninja– de ses muscles et le léger silence quand elle se réceptionna en douceur contre l’écorce de l’arbre. Son dos se plaqua contre le tronc humide et la jeune fille se dépêcha de calmer sa respiration, guettant le signe d’une présence, humaine ou non… Rien à signaler, elle reprit sa route, un peu désappointée… Quoi qu’on en dise, si la traque de son maître –le crétin, l’imbécile, l’idiot et l’agaçant, mais terriblement génial, Sasuke-sensei– se révélait réellement intense, voire carrément excitante, elle n’aimait pas vraiment le fait qu’il soit totalement introuvable, et les trois jours passés sans la moindre nourriture à se mettre sous la dent n’arrangeait pas les choses. Elle mourrait de faim ! Avant d’aviser une hypothétique future tactique, Ryuka se remémora rapidement les conditions de cet exercice. « Voici les règles : Tu as tout le temps que tu souhaites, tu as le droit d’utiliser toutes les techniques de ton répertoire, même les plus dangereuses. C’est facile : tu t’empares de cette clochette, et je t’apprendrais le Chidori. » Ce à quoi elle avait répliquée quelque chose du style : « Mais vous êtes dingue ! C’est les Mille Oiseaux, mer… Zut ! — Qu’est-ce que tu viens de dire ? — Rien, rien. Quand commence-t-on ? » Le « maintenant » sarcastique et moqueur n’avait pas été formulé, mais clairement pensé. Cependant, Sasuke-sensei n’avait pas poussé la minute détente plus loin et avait continué sur le même ton supérieur, comme s’il savait d’avance qu’elle échouerait. « Une dernière chose, avait-il repris en daignant lui offrir un micro-sourire » Elle se souvenait d’avoir songé, comme à son habitude : Oh, non, je n’aime pas ça du tout… « Tu n’auras rien à manger tant que tu n’attraperas pas cette clochette ! — Hein ?! Mais on a rien bouffé, ce matin ! — TU n’as rien mangé ce matin. Pas « bouffer ». Et puis, qu’est-ce que ça change ? » Tout, Sasuke-sensei, ça change tout, pensa Ryuka en revenant au présent. S’il l’avait autorisée à utiliser autant de techniques qu’elle le voulait, ce n’était pas pour rien. Car même si elle y allait pour le tuer, ce n’était que par surprise qu’elle réussirait à l’avoir. Et la surprise n’avait rien à faire dans cette histoire-là… Comment réussirait-elle à saisir cette fichue clochette si elle n’avait même pas le droit de reprendre de maigres forces ? Jamais le gouffre entre eux n’avait été aussi large. Par la suite, elle l’avait maladroitement attaqué, et l’entrainement avait débuté. « C’est parti ! » avait lancé son professeur, presque enjoué. Parfois, il lui faisait vraiment peur. Mais ce n’était qu’un détail…
oOOo
Trois jours, à la minute près, désormais, qu’elle coursait Sasuke-sensei avec une hargne tenant du désespoir. Trois jours qu’elle ratissait ce coin de forêt de fond en comble sans trouver d’autres indices que des pièges pervers n’ayant qu’un seul but : lui indiquer qu’il était encore vivant… Trois jours qu’elle n’avait rien avalée et que son ventre criait famine. Elle avait bien tentée de chasser, mais… Ce que le gibier pouvait être moqueur, quand il s’y mettait ! Que personne ne rigole ! Elle restait persuadée que cet écureuil avait bel et bien ricané quand elle s’était étalée à terre en tentant de l’attraper ! Ah, ah. Le terme exact n’était pas vraiment un « exercice direct ayant pour but de tester ses capacités en temps d’action réelle » mais « un spectacle d’un ridicule vraiment humiliant… pour sa poire, malheureusement ». « SASUKE ! » hurla soudain quelqu’un. Ryuka se stoppa net, et tourna la tête en direction du cri, visiblement féminin. Ainsi, il y aurait quelqu’un d’autre dans ce trou perdu ? Etant donné qu’elle n’avait pas été si discrète que ça, on aurait très bien pu les suivre, mais Sasuke-sensei aurait déjà liquidé les intrus… Quelqu’un qui connaitrait son professeur, alors ? Une amie ? Non, le hurlement avait été lancé d’une manière bien trop passionnée pour… Une amante ? … Quelle blague ! Qui voudrait d’un iceberg pareil ?! Et puis, elle avait déjà entendue cette voix, mais où ? Ryuka –comme à sa triste habitude– remit ses interrogations à plus tard et mit le compte de l’appel sur une hallucination dû à la faim. Le résultat n’était pas très convaincant, mais cela lui suffit. Elle n’était pas si difficile, tout de même… « SASUKE ! » Ah, non, là, ce n’était plus du tout convaincant, pour le coup. « Moins fort, Karin, tu vas nous faire repérer ! » Suivant à la lettre une vieille leçon d’espionnage piquée quelque part aux archives de Kiri, Ryuka se pelotonna dans son abri improvisé et tenta d’apercevoir les espèces de zouaves venus interrompre son entrainement. En plissant les yeux, elle crut reconnaitre une touffe rousse, quelques dents pointues… Ah ! Elle y était ! Les imbéciles de l’auberge ! Bon. Pas la peine de retarder sa traque pour des crétins pareils. Elle les remerciera pour l’emprunt de la carte plus tard. Traduction : qu’ils aillent se faire voir. En haussant les épaules et se désintéressa du sort des espèces de ces bons à rien. Elle avait un prof à rattraper, elle…
oOOo Minuit moins deux. Sasuke leva les yeux au ciel et soupira. De la part de son élève, il s’était attendu à…un peu plus de…voilà, quoi. Résistance, peut-être. En tout cas, caché comme il était, elle ne risquait pas de lui tomber dessus… CRAAAC ! « AAAH !!! » BOUM ! « … — Heu… salut ? » En quatrième vitesse –elle tenait quand même à la vie. Un peu– Ryuka se redressa et se massa le crâne. Elle avait repéré son professeur plus tôt dans l’après-midi et l’avait pris en filature depuis les arbres. Et évidemment, il avait suffi d’une erreur de calcul pour que la branche cède et qu’elle chute directement sur son maître. Dans le style « effet de surprise » on faisait difficilement mieux, même si ce n’était pas le résultat qu’elle escomptait… Sasuke-sensei était déjà debout, de profil et une main sur la garde de son katana. Il la fixait. Enfin, non, elle ne le voyait pas clairement, mais il la fixait sûrement… Après tout, on parlait bien de Sasuke-sensei, non ? Il n’allait pas tarder à attaquer. Qu’allait-il bien pouvoir utiliser ? Des techniques katon ? Non, avec le temps, elle avait appris à y résister, c’était bien trop facile… Ou le Chidori. Histoire de lui montrer ce qu’elle manquait si elle échouait à ce test. Ou alors… « SASUUUKE !!! EPOUSE-MOIII !!! » Ah, elle ne connaissait pas cette attaque-là… Trois ninjas jaillirent dans un bel ensemble d’un fourré. Ryuka reconnut sans difficulté les trois zouaves de l’autre jour et écarquilla les yeux. Comment étaient-ils arrivés là ? Sasuke, lui, les dévisagea, ébahi. « Karin ? Jûgo ? Suigetsu ? Qu’est-ce que vous foutez ici ? — AH ! On dit «qu’est-ce que vous faites ici » Sasuke-sensei !!! — Toi, la ferme… — SASUKE-SENSEI ! Quelle honte ! — SASUKE-SENSEI ? répéta Suigetsu, complètement largué. » Ses yeux allaient de Ryuka à Sasuke. Puis un large sourire s’étira sur ses lèvres et il s’effondra au sol en hurlant de rire. « OUAAAH ! J’y crois pââââs !!! Sasuke-SENSEI ! Toi, prof ?! Et pourquoi pas danseur de claquettes, hein ?! » En tremblant, le ninja aqueux essuya une larme. « En plus, c’est une fille… Bien qu’on ne dirait pas… — HEEE !!! — UNE FIIILLE ?!!! hurla Karin, soudain hystérique. » Suigetsu se tapa le front en grommelant « Oh, la gaffe » et Jûgo haussa un sourcil. Ryuka plissa le nez. Oui, une fille. Où était le problème ? Le problème était que Karin passa en mode « furie » dans la seconde. « Où ?! Où ?! JE VAIS LA TUER !!!! PAS DE FILLES AUPRES DE MON S ASUKE-CHERI ! A PART MOI BIEN SUR !!! » Le dit Sasuke-chéri soupira, légèrement désespéré. Brusquement, Ryuka les pointa du doigt, l’air illuminé. « Vous connaissez ces imbéciles, Sasuke-sensei ? — IMBECILE ?! Comment ça, imbécile ? s’indigna Suigetsu. — J’y pense. Je voulais vous remercier pour la carte. — De rien, c’était de bon cœur, assura Jûgo. — HEIN ?! C’est… c’est toi qui a… ESPECE DE SALE MORVEUSE !!! hurla Karin. — JE SUIS PAS UNE MORVEUSE ! — Je lui dis tous les jours. » répliqua presque gentiment Sasuke-sensei en faisant mine de filer. Malheureusement, Karin le rattrapa en deux courtes enjambées. « Sasuuuke ! Ne pars pas ! Je t’aime tant ! Nous… » Ryuka n’écouta pas la suite et évalua rapidement la situation. Elle voulait profiter de l’effet de surprise ? Et bien, elle était servie…Elle avisa la clochette pendant à la ceinture de Sasuke-sensei et ne réfléchit pas. Sasuke semblait trop occupé à se débattre face à Karin –qui, émoustillée, commençait à parler de mariage, d’enfants, de petite maison dans la prairie et d’autres bêtises du même genre– pour s’intéresser à elle. Elle tendit les doigts et s’empara de la clochette si facilement que cela en devenait insultant. « OUAIS ! J’AI LA CLOCHETTE-EUH ! » Silence. Tous la dévisagèrent comme s’ils se trouvaient face à une dingue. C’était peut-être le cas, d’ailleurs… « Ryuka, finit par ordonner Sasuke, on s’en va. — D’acc’ ! Qu’est-ce qu’on fait de ceux-là ? — … On s’en va, j’ai dit. — Ok. SALUUUT !!! Et bien le bonjour chez vous ! Ils s’éclipsèrent si vite qu’aucun des trois ex-membres de la team Taka n’eut le temps de les suivre. Et soudain, un cri de femme déchire la nuit. « SASUUUKE ! Ne m’abandonne PAAAS !!! - ‘tain, elle a petée un câble, là, notre Karin… »
oOOo
« Qui étaient-ce ? » Depuis plus de trois heures, ils bondissaient de branches en branches. En voyant l’air renfermé de Sasuke, Ryuka n’avait pas osé poser de questions. Jusqu’à maintenant. « D’anciens coéquipiers. — Oh ! Et pourquoi vous poursuivent-ils ? — Je n’en sais rien. — Pourtant, la fille, là… — Karin ? — Ouais ! Elle semblait bien t’aimer… Même plus… — … » Sasuke s’arrêta net et se retourna vers elle… De sorte qu’elle le percuta de plein fouet quand elle arriva à sa hauteur. A la différence que lui ne broncha même pas et ne s’étala pas royalement à terre. « Je t’en pose, moi, des questions ? — Oui, tout le temps. — Ne joue pas sur les mots. — Je… » Il était déjà reparti. Ryuka shoota dans un pauvre caillou qui n’avait rien demandé… caillou qui atterrit d’ailleurs sur la tête de son maître. Il jura mais elle le coupa dans son élan en reprenant la parole. « Qu’est-ce qu’on fout, alors ? — … On va s’arrêter. Il y a une station thermale pas loin et… Pourquoi me regardes-tu comme ça ? — Sasuke-sensei ? Vous êtes malade ? Je veux dire, pas dans le sens « psychopathe », parce que là, je connais la réponse. — … En quoi est-ce si étonnant que nous prenions un jour de repos ? — Et c’est vous qui me demandez ça ?! Un médecin !!! brailla Ryuka. — Réjouis-toi plutôt de ne pas t’entrainer trois fois plus que d’habitude… — Vous n’oseriez pas ?! — Moi ?! Nooon… Tu me connais. — … » Il est dingue, songea Ryuka. Soudain, son visage s’illumina et elle se stoppa net. « Sasuke-sensei ! J’ai trouvé ! —Qu’est-ce que tu as trouvé ? — Pourquoi vous voulez vous arrêtez dans une station thermale ! Vous voulez voir les femmes toutes nues, c’est ça ?! Avouez-le, espèce de pervers !!! — Ryuka. Sois tu t’ôtes cette idée de la tête, soit c’est entrainement nocturne et départ le lendemain à trois heures du matin. Qu’est-ce que tu préfères ? — Vous êtes un monstre ! — Quelle importance ? »
oOOo Sasuke n’eut pas besoin de se retourner pour sentir la présence de sa jeune élève derrière elle. Sa respiration était saccadée et elle semblait épuisée. Il pouvait le voir, même de dos et retint un soupir. Dire qu’elle arrivait encore à tenir le rythme de ses entrainements. Elle était d’une endurance rare et lui savait très bien que c’était uniquement dû à Rokubi… Il n’était pas sûr qu’elle l’ait remarqué, d’ailleurs. Elle était de ce genre de gens à foncer dans le tas et à compter les morts ensuite… Non pas qu’il s’inquiétait, hein… « Bon. On va pouvoir commencer le Chidori. - Désolé, Sasuke-sensei… Mais j’peux pas. - Ah ? Et pourquoi ? » Ryuka vit rouge. « ET C’EST VOUS QUI ME DEMANDEZ CA ? VOUS ETES C… IDIOT OU QUOI ?! » Elle était vraiment crevée. Pendant plus de six heures, elle avait enchainé les entrainements et tenait à peine sur ses jambes. Et même l’envie d’apprendre le Chidori n’arrivait plus à la faire tenir debout… « Je vais dormir. — Ryuka… — Non ! C’est pas négociable ! — Ryuka ! Je ne le répéterai pas deux fois ! — Bye-bye ! » Il eut juste le temps de la voir décamper jusqu’à la station thermale… « Sacrée gamine… Elle a eu de la chance, cette fois, mais ça ne sera pas toujours comme ça… »
oOOo L’aube se levait sur une forêt touffue du Pays de la Cascade. Et avec elle, deux ninjas déserteurs profitaient des premiers rayons du soleil pour un nouvel –énième, plutôt– entrainement matinal… « Vous étiez obligé de me lever si tôt ? bailla Ryuka, débraillée face à Sasuke. — C’était ça ou cette nuit, répliqua aussitôt le second. — Ah. » Elle laissa un temps passer, puis reprit la parole. « Je suis nulle en ninjutsu… — Ce n’est pas la première impression que j’ai eu de toi… » Ryuka rougit. Les compliments de son maître étaient rares, pour ne pas dire inexistants, et il fallait généralement des semaines de pratique pour les deviner dans ses sous-entendus. Mais c’était gratifiant. Vraiment gratifiant. « C’est vrai que la Boule de Feu suprême, je l’ai apprise en une nuit. Je ne pensais pas y arriver aussi fa… — On démarre ? la coupa Sasuke. » Il fallait s’y attendre. Jamais il ne la laisserait se vanter impunément. Sasuke sortit une feuille de sa sacoche et la lui tendit. Ryuka s’en empara et l’observa, intriguée. Qu’est-ce que cela signifiait ? « Envoie du chakra dans ce papier, ordonna Sasuke. » Elle obéit, et la feuille se froissa instantanément. « Foudre, commenta son professeur. C’est l’affinité de ton chakra. — Trop cool ! » Rokubi est réputé pour être soi-disant le démon de la foudre, dans les légendes, se remémora Sasuke. Est-ce un hasard ? Certainement pas… « Cela va être plus facile pour le Chidori, ajouta-t-il. — Assez de blablas ! On y va !!! » Sasuke leva les yeux au ciel. Qu’est-ce qu’elle pouvait être… Non, il n’y avait pas d’adjectifs suffisamment fort pour la décrire. C’était elle, quoi. « Très bien. Voici les signes. »
oOOo Deux semaines passèrent, pendant lesquelles Sasuke ne fit qu’observer à la dérobée sa jeune élève durant son entrainement. Celui-ci était assez… laborieux. En général, le Chidori ne ressemblait à rien. Ou quand elle réussissait, ses éclairs allaient n’importe où et il devait intervenir pour ne pas faire exploser les environs. L’auberge où ils logeaient la veille en avait fait les frais. Mais elle progressait. Indéniablement. Et il se sentait un peu jaloux de son aisance… Il l’avait prévenu de la difficulté de cette technique : Tu n’as pas de sharingans, toi. Ne l’utilise que quand tu seras sûre et certaine du prochain mouvement de ton adversaire ! Et elle ne l’avait pas écouté, comme d’habitude. Enfin, il serait là pour veiller au grain. « Sasuke-sensei ! J’y arrive ! » Sasuke quitta à contrecœur la branche où il s’était réfugié. Il atterrit en souplesse sur le sol et fit signe à Ryuka de répéter l’enchainement. La jeune fille s’exécuta, sourire aux lèvres. Elle était dans un état la-men-ta-ble. Pour ne pas changer. Sasuke se redressa et hocha la tête, d’un air appréciateur. « Parfait. On va pouvoir passer à autre chose. — QUOI ? On ne se repose pas… j’ai rien dit. Qu’est-ce qu’on va faire, alors ? — L’invocation des serpents. »
*** Et un peu plus loin…. « Bouh ! Je suis la kunoïchi la plus NUUULE du monde ! — Mais non Karin, mais non… Jûgo, va chercher le saké… —Tu penses que ça va la réconforter ? —Non, mais au moins elle arrêtera de pleurer. »
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| | | | Kirara ★ Fantôme ★
Messages : 813 Né(e) le : 18/01/1999 Inscrit(e) le : 20/08/2012 | |
| Sujet: Re: [Non IE] Sur tes traces (Chapitre 13) Lun 05 Nov 2012, 12:47 | |
| Personne ? Bah...Tant pis ^^ Bref, chapitre 6 ^^ - Spoiler:
~ Chapitre VI ~
Proie Le jour se levait à peine sur une forêt tranquille aux alentours d’Iwa. Rares étaient les prédateurs à profiter des premiers rayons du jour et nombreux, donc, étaient les petits animaux à savourer cette aubaine...Comme les ninjas, ils…
« NOOON !!! Pitié, Sasuke-sensei ! »
... n’hurlaient pas.
« Quel est le problème ? Ce n’est qu’une Invocation, non ? Rien d’autre… » Soupira Sasuke en triturant son shuriken.
Face à lui, Ryuka campait sur ses positions, à terre, en tailleur. Sa bouche décrivait une moue boudeuse qu’elle ne semblait pas prête à abandonner et son caprice était dû à l’exercice suivant : Invocation. De serpents.
« Sasuke-sensei… Il y a quelque chose que je ne vous ai jamais avoué… Croyez-moi, c’est difficile pour moi de mettre ainsi ma vie privée à nue et j’attends de vous une compassion illimitée qui me permettra, j’en suis sûre, de rebondir et…
— Si tu le dis. Alors ? »
Ryuka leva les yeux au ciel.
« Je déteste les serpents. Ils me font penser à Sa… »
Elle se tut, mais Sasuke comprit. Sadako. Parfois, durant la nuit, elle murmurait son nom et son visage à ces instants était crispé par une peur sans précédent. Ce ne devait pas être des rêves agréables…Peut-être était-ce de là que venait sa phobie de tout ce qui ressemblait un tant soit peu à des laboratoires ou à des grottes. Mais Ryuka ne lui en avait jamais parlé. Il en souffrait, derrière son masque d’impitoyable ninja. Si sa jeune élève ne se confiait pas à lui, vers qui irait-elle lorsque le poids du passé se ferait trop lourd ?
« De toute façon, c’est moi le professeur, conclut-il en insistant sur le « moi » ce qui fit grimacer Ryuka de façon plutôt comique.
— Mais…
— Chut. Je vais te faire une démonstration, puis tu fileras. Tu as un jour. Il y a tout un réseau de grottes à quelques kilomètres…
— ENCORE DES GROTTES ?!
— C’est le terrain de chasse préféré des serpents, je ne te l’ai pas dit ? »
Ryuka déglutit.
Sasuke retint un sourire et fit le signe du tigre en déroulant le parchemin d’invocation. Une vague de chakra afflua dans ses veines sans qu’il n’y prenne garde.
« Invo… »
Il se tut brusquement et siffla bruyamment en se courbant en deux, les mains sur le ventre. Ryuka leva un sourcil.
« Sasuke-sensei ?
— Rien ! coupa-t-il en se redressant, non sans passer une main distraite sur sa blessure. Celle-ci le lançait. C’était de plus en plus fréquent, ces temps-ci… Si jamais Ryuka s’en rendait compte… Non, ce n’était même pas une option à envisager.
— Invocation ! reprit-il. »
Lui s’attendait à retrouver Manda deuxième du nom, mais son flux de chakra perturbé ne lui permit que d’invoquer un serpent de bas-étage… Quand la fumée se dissipa, Sasuke écarquilla les yeux. Oh, non, pas…
« Naguini ?!
- Oh, mais ne serait-ce pas mon Sasuke que je vois là ? Est-ce une façon de saluer les gens, petit sacripant ? Allez, répète après moi « Bonjour, Tati Naguini. » « Bonjour, Tati Naguiniii » Ne fais pas l’enfant, Sasuke ! »
Ryuka ricana, tremblotante malgré elle. Quel serpent se permettait d’appeler son maître, le terrible nukenin, « petit sacripant » et de lui donner des leçons ?
« Vous le connaissez, Sasuke-sensei ? »
C’était une question stupide, mais elle ne put s’en empêcher. Et le regard rouge tourbillonnant du Sharingan de son professeur ne l’empêcha de pouffer nerveusement. La situation était pour le moins cocasse….
Le reptile se leva soudain et battit l’air de sa queue. C’était une femelle, à entendre sa voix, et son corps noueux était d’un violet sombre intimidant, parcouru d’arabesques délicates blanches, comme des voiles légers. Elle arborait, à la manière des cobras, une espèce de houppe autour de sa tête aux traits fins, ornés de signes noirs. Et ses yeux, aussi jaunes que l’or le plus pur, semblait révéler une mémoire ancestrale, faites de souvenirs de plusieurs vies d’affilées. Un élan de respect parcourut Ryuka, le même que celui que lui inspirait Sasuke-sensei. La même peur, également…
« Comment ?! Tu ignores mon identité ? Sache, espèce de petite écervelée, que JE suis NAGUINI, grande prêtresse du Temple des Serpents, régente de la dimension reptilienne. Sais-tu qui est cette ridicule crapule, Sasuke, mon petit chéri ?
— Vous croyez peut-être que je connais tous les serpents qui parlent ? … Kyah ! Elle parle !!! »
Sasuke rougit violemment à l’entente de l’appellation et Ryuka déguisa son fou rire par une quinte de toux. Le ton de Naguini s’était fait mielleux quand elle s’était adressée à son maître, remarqua Ryuka. Elle avait l’air de l’adorer… de le considérer avec tendresse et amour…comme un…comme un fils ?
« C’est pas vrai, on nage en plein délire. » songea Ryuka, blasée.
« C’est avec Naguini que j’ai appris à invoquer des serpents, dit Sasuke, pour masquer sa gêne. Elle a son caractère mais c’est une excellente pédagogue….
— Tatata, je vois où tu veux en venir, mon petit ! répliqua Naguini. Hors de question que je m’occupe de ce bébé souris (sachant qu’une souris figurait au menu des serpents, Ryuka vira au blanc cadavérique) tel qu’elle soit et… d’ailleurs, qui est-elle, tu ne m’as pas répondu, mon chou !
— Je m’appelle Ryuka. Je suis son élève. »
Il y eut un court silence, bien vite rompu par la soudaine crise d’hilarité de Naguini. Vexée, Ryuka croisa les bras et tapa du pied sur le sol. C’était étrange de voir un serpent géant rire. Cela ressemblait aux gémissements d’un homme que l’on étrangle… en plus rapide et plus joyeux. Ou quelque chose comme ça.
« Toi ?! L’élève de mon petit chéri ? Tu es à peine plus grosse qu’un lapereau ! Tu comptes me faire mourir de rire ?
— C’est une manière comme une autre de tuer, riposta Ryuka. Et puis, c’est quoi cette habitude de m’appeler par des noms de nourriture ?
— Prouve-moi que tu peux être autre chose et nous en reparlerons à ce moment-là, soupira Naguini, brusquement lassée.
— D’accord, approuva Ryuka. Je vais apprendre cette foutue invocation et vous verrez bien ! Donnez-moi ce parchemin, Sasuke-sensei ! C’est quoi la suite ?
Sasuke, qui s’était contenté d’assister à l’échange avec intérêt s’avança et lui fit apposer son nom en-dessus d’une case vierge. En silence, Ryuka lut les autres noms. « Orochimaru » « Anko » « Sasuke »… Elle n’était que la quatrième Invocatrice de serpents en ce monde ? C’était étrange… et assez excitant de savoir qu’elle posséderait bientôt une arme réservée à une certaine élite…
Sasuke dénuda ses avant-bras et les tendit à Ryuka. Une marque s’y étalait. Fascinée, la jeune fille l’observa et la toucha même sans demander la permission à son professeur. A cet endroit, la peau semblait plus… sèche. Rugueuse.
« Si tu réussis à maitriser l’Invocation, toi aussi, tu posséderas cette marque.
— Une de plus ! s’exclama Ryuka.
— Une de plus ? s’étonna Naguini.
— Je t’expliquerais, promit Sasuke en remballant le précieux parchemin pour le tendre à Ryuka.
— Avant d’y aller, j’ai une dernière question, Sasuke-sensei… demanda timidement sa jeune élève. Pourquoi une grotte ?
— La peur stimule tes capacités, tu n’as pas remarqué ?
— Mais c’est du sadisme gratuit ! »
Sasuke se contenta d’émettre un ricanement satisfait et Naguini, dans leur dos, les couva du regard.
Se rendaient-ils compte de la complicité qui émanait de chacun de leurs regards… ?
oOOo
La grotte en question devait bien faire près de trente mètres de large, soit soixante fois la stature de Naguini. Ryuka regarda ses mains. Depuis son apprentissage du Chidori, des stigmates demeuraient sur sa peau… des griffures, sur tout le long de son bras droit. Pour les dissimuler aux yeux de Sasuke-sensei, elle portait de longues mitaines noires. Elle espérait n’avoir jamais à les lui montrer…Sans savoir pourquoi.
Elle serra les dents. Elle ne s’habituait pas à ce genre d’endroits…Ces grottes… Tout cela lui faisait peur. Un douloureux sentiment de familiarité s’empara d’elle sans qu’elle ne sache pourquoi et elle ferma les yeux.
Elle devait se concentrer sur son exercice, sans penser au reste…
« Invocation ».
…
Et d’un coup, elle n’est plus là...
La grotte est restée la même. Seul son aménagement diffère. Au centre se trouve un immense lac dont la surface ondule en frôlant des barreaux d’argents immatériels. Ils brillent, leurs reflets se répercutant sur l’eau comme autant de petites étoiles. Des illusions masquant une cruelle vérité…
Deux petits yeux mauvais y brûlent d’impatience et d’avidité derrière…
« Encore ! Donne-moi encore un petit peu de ta puissance… Juste ce qu’il me faut… pour m’en sortir ! »
Elle ouvrit les yeux. …
A quelques lieux de là, Sasuke souffla. Il se tenait penché en haut du crâne de Naguini et lui caressait négligemment entre les oreilles. La Grande Prêtresse ronronnait littéralement de plaisir. Cependant, il n’y prenait pas garde et fixait depuis plusieurs minutes déjà la direction où Ryuka avait disparue. Il avait un mauvais pressentiment…
« Tu t’inquiètes beaucoup au sujet de cette petite, constata Naguini, presque amère.
— Hn.
— C’est troublant de te voir ainsi attaché à quelque chose d’aussi… fragile.
— Hn.
— Elle ne te rappellerait pas quelqu’un de ta connaissance, par hasard ?
— Hn.
— Oh, mon chou, regarde là-haut ! Un éléphant rose !
— Hn.
— SASUKE !
— Quoi ? »
Naguini secoua sa tête, manquant de le faire dégringoler. Il se rattrapa de justesse à ses écailles et la foudroya du regard sans succès.
« Tu as changé, Sasuke, dit simplement Naguini, mortellement sérieuse. »
Il ne lui répondit pas et reporta son attention sur la ravine sans chercher à comprendre le sens de cette remarque sibylline…
Soudain, la petite radio dont la jumelle se trouvait dans le sac de Ryuka se mit à grésiller. Avec un empressement qu’il ne put cacher aux yeux avisés de Naguini, il activa le contact et tenta de contrôler du mieux qu’il put sa voix.
« SASUKE-SENSEI !!! Brailla Ryuka, faisant sursauter Naguini.
— Oui ? demanda Sasuke, pas le moins du monde impressionné.
— Je crois que j’ai un problème… Va voir ailleurs si j’y suis !
— Après seulement une demi-heure d’entrainement. Tu t’améliores. Que fais-tu ?
— J’essaie de ne pas me… Mais dégage, toi, je t’ai pas causé ! me faire bouffer.
— Très bien. Arrête tout de suite et re… répondit machinalement Sasuke avant de se reprendre, QUOI ?! Comment se nomme ce serpent ?
— Manda. Ça vous dit quelque chose ? En tout cas, il est très gros et de très mauvaise humeur… Il bouche l’entrée, je ne peux plus sortir. Vire tes sales pattes de là !
— J’arrive. »
Sasuke raccrocha et se tourna, blasé, vers Naguini qui riait, hystérique, à ses côtés.
« Qu’est-ce que je disais ? Pouffa la Prêtresse. »
oOOo
« Bon sang, Ryuka, est-ce que tu arrives à mesurer la portée de ce que tu as fait ?
— Ben… »
Tous deux se tenaient dans la ravine où Ryuka se débattait il y a quelques heures avec Manda, dont elle gardait un mauvais souvenir. Après l’intervention de Naguini, dont l’autorité supplantait visiblement celle du Roi des Serpents, ils étaient repartis dans leur monde, les laissant se débrouiller seuls.
Et Ryuka s’étonnait d’avoir revu son maître presque… paniqué.
« J’ai pas fait exprès, jura-t-elle. Si vous croyez que cela m’a fait plaisir de me retrouver avec un gros machin visqueux entre les pattes ! »
Sasuke arrêta net de faire les cent pas devant elle. Tant mieux, elle commençait à avoir le mal de mer.
« Ta phobie va mieux ?
— A peu près, constata Ryuka, surprise. Qui est Manda ?
— Le Roi des Serpents.
— J’suis trop forte, alors !
— Comment as-tu fait ? Questionna Sasuke, ignorant son intervention.
— Je...je... »
Le silence de la jeune fille valait tout les discours.
« Le chakra de Rokubi se mêle au siens quand elle utilise le ninjutsu... »
Le sourire amusé et quelque peu fou de son maître la fit frémir.
« Parfait ! Dans ce cas, voici le plan… »
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Ce n’est que bien plus tard dans la nuit que Sasuke se laissa glisser à l’extérieur de l’auberge dans laquelle il avait trouvé refuge. Seul, il leva les yeux vers le ciel étoilé et caressa du bout des doigts son katana. « Enfin… »
Bientôt, il ne resterait de Konoha que des cendres…
Pris dans sa contemplation, il ne vit pas la silhouette de Ryuka dans son dos. Elle se tenait trop droite, et une lueur inquiète brillait dans ses yeux bruns…
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| | | | Kirara ★ Fantôme ★
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| Sujet: Re: [Non IE] Sur tes traces (Chapitre 13) Mer 14 Nov 2012, 14:54 | |
| Tch', toujours personne...Enfin, je publie quand même (tordue °° ) Là, ça change d'endroit ^^ Et de personnages ! De nouveaux arrivant ^^ - Spoiler:
~Chapitre VII ~ Mouchard-1 Du haut de la falaise des Kage, perché sur le crâne de pierre de son propre père, Naruto Uzumaki admirait les toits de Konoha. Il se sentait heureux rien qu’à la vue des passants qui déambulaient insouciants dans les rues et entre les étals. Cela faisait près de sept ans que la Quatrième Grande Guerre Ninja avait prit fin… Les relations des différents villages étaient aux négociations plus qu’aux conflits et si les ninjas prenaient soin de s’entrainer, c’était plus par habitude que par réel souci. Le seul incident notable à relever était cette attaque anonyme sur Kumo, il y a plusieurs années désormais, peu avant sa nomination au poste de Kage, et identifié comme étant un avertissement de Kusa qui aurait mal interprété un message codé du Village Caché des Nuages… Cette erreur prouvée, ses dirigeants avaient eu si honte de leur méprise qu’ils avaient préféré se terrer plutôt que de se défendre… Pour lui aussi, tout allait bien. Ses amis, s’ils gardaient des mauvais souvenirs de cette sombre période, se relevaient peu à peu et étaient vus par les civils comme l’élite shinobi de Konoha, ce qui n’était pas tout à fait faux. Mais le jour où Kakashi, Gaï et d’autres l’avoueraient à haute voix n’était pas près d’arriver. Ils craignaient la retraite plus que tout… Il fallait bien ménager Sakura, enceinte de quatre mois et par extension Lee, qui était intenable à l’idée d’être papa. La kunoichi aux cheveux rose avait mit du temps à tourner la page de ses anciens amours mais selon ses dires, ne regrettait pas d’avoir accepté cette invitation à dîner du spécialiste en taijutsu, trois ans auparavant qui avait débouché sur une belle histoire… Intelligente, elle compensait son ennui en le secondant dans ses tâches administratives tandis que Lee accaparait le pauvre Neji qui, en qualité de coéquipier, supportait son enthousiasme débordant… Shikamaru multipliait les missions au Pays du Vent, Chôji filait chez Ichiraku dès qu’il avait un moment de libre, ce qui faisait rougir Ayame, la mignonne petite serveuse de l’établissement et d’autres anecdotes qu’il prenait soin de savourer. Elles étaient le rappel qu’ils étaient enfin en paix… D’ailleurs, lui-même ne disait pas « non » à chacune des réclamations de Hinata. Quelles soit pour un après-midi shopping ou une séance d’entrainement… La seule ombre au tableau, peut-être, était l’absence de Sasuke. Il voulut, comme à son accoutumée, sombrer dans une de ces dépression dont il avait le secret, mais l’arrivée d’Izumo et Kotetsu l’empêcha de s’étendre sur le sujet. « Hokage-sama ! (cela le gênait de se faire appeler ainsi par des ninjas qui avait été ses supérieurs il y a quelques temps) Une jeune fille non-identifiée s’est présentée aux portes du village ! »
oOOo « Dans ce cas, voici le plan… Tu vas infiltrer Konoha. » Ryuka déglutit devant le sérieux du nukenin. Plaisantait-il ? A sa gestuelle qu’elle avait apprit à décrypter, elle comprit que non. Etait-il devenu fou ? Il parlait de Konoha, l’une des plus grandes puissances ninjas en ce monde ! Si cela se trouvait, d’autres continents avaient peut-être même déjà entendus parler d’elle… « Vous vous fou… — « Fichez ». — Vous vous fichez de moi ? articula Ryuka d’une voix blanche qu’elle essayait vainement de maitriser. —Tu connais la réponse. Cela fait maintenant six mois… —… que je souffre d’être sous votre tutelle… —… que je suis ton… —… bourreau… —… maître ! Et que je t’aide à progresser… —… en tentant de me tuer à chacun de vos exercices sadiques… —Tu as dit quelque chose ? —Qui ? Moi ? Nooon… » Sasuke retint un commentaire sarcastique à la vue du sourire trop innocent pour être vrai de Ryuka. Il soupira. « Tu as le choix : Soit tu m’obéis. Soit tu retournes à Kiri. Seule. » Ryuka manqua de s’étouffer. Retourner à Kiri ? Alors que là-bas, elle n’était qu’un instrument, une arme, un pantin, une marionnette… une… un jinchûriki ! Une traîtresse, qui plus est, qui avait pactisé avec l’un des nukenins les plus dangereux de ce siècle après Itachi Uchiwa dont il était le petit frère ! Elle préférait de loin l’identité de Ryuka Sandayu, élève non-déclarée de Sasuke Uchiwa mais qui comptait bien se faire une place un jour dans la légende ! « Je vous écoute, finit-elle par répondre d’un ton qu’elle espérait neutre pour ne pas trahir le chaos qui régnait en elle. » Sasuke devina plus qu’il ne comprit le dépit de son apprentie mais choisit raisonnablement de l’ignorer. Sa haine de Konoha était plus forte que tous les émois de Ryuka… Et devant son regard décidé, il se dit que finalement, elle pouvait être sérieuse… « C’est quoi ce plan pourri ? » Ou pas.
oOOo Ryuka souffla en se remémorant les derniers conseils de son maître. Konoha n’était situé qu’à une dizaine de kilomètres au nord. Elle dissimulerait son chakra et son état de ninja pour se faire passer en simple civile et fouiner tranquillement dans les secrets les plus intimes de cette puissance shinobi. Sasuke-sensei voulait tout savoir. Absolument tout. Avec un sourire un peu dément, Ryuka se dit qu’elle le prendrait à la lettre et en profiterait pour établir la liste des derniers potins du Village. Grossesses, couples, naissances… Elle glisserait ces détails entre deux informations sérieuses afin d’être sûre qu’il les lise et rirait bien. Ce serait sa vengeance personnelle. Elle se trouvait désormais dans une forêt verdoyante et ensoleillée. Des rayons lumineux passaient entre les feuilles et éclairaient son chemin. C’était trop facile, pourtant Ryuka se laissa charmer par ce paysage enchanteur. Ici et là, elle trouvait cependant des traces sur les arbres, signe que des ninjas s’y étaient entrainés ou battus, et cela lui rappelait sans cesse qu’elle n’était pas ici pour un pique-nique. D’une certaine manière, c’était préférable. Elle ne devait pas perdre de vue son objectif. Elle ne voulait pas sacrifier l’enseignement de Sasuke-sensei sur l’autel de sa bêtise. De sa malchance légendaire, aussi. Ce ‘paradoxe Ryuka’. Qu’est-ce que cela pouvait bien être, enfin ? Une voix retentit soudain, l’empêchant d’y réfléchir davantage. « Gaï-sensei ! — Pouvez-vous nous expliquer la raison de cette, je cite, « réunion secrète » ? Pas si « secrète » que ça, vu que la moitié des ninjas du village et même les civils ont été mis au courant par votre annonce, souffla une voix féminine, agacée. — Quelle idée, aussi, de le hurler partout avec un mégaphone… — Amis, nous sommes ici rassemblés pour fêter la promotion de Neji au rang d’ANBU ! » Ryuka haussa les sourcils. Un ANBU ? Impossible ! Les ANBU sont des shinobis réputés pour leur discrétion et leur efficacité, ceux auxquels on attribuait les plus basses besognes, en risquant leur vie et leur santé mentale par la même occasion. Des hommes à l’intelligence et à la force inégalable, prêt à tout pour leur village ! Certainement pas un énergumène-gourou de… ça. Enfin, un ornithorynque affublé d’un horrible costume vert printemps aux sourcils proéminents. « Lee, mon fidèle disciple, où as-tu mis le saké ? — Ici, Gaï-sensei ! Oups ! » Ce fut trop. Ryuka s’écroula de rire à terre sans autre cérémonie. Evidemment, c’était une mauvaise idée, mais la vision d’une version miniature du shinobi le plus vieux du groupe en larmes devant des bouteilles brisées à terre était des plus comiques ! Quelques secondes plus tard, quatre paires d’yeux la fixaient avec méfiance et animosité. « Qui es-tu, demanda –exigea, plutôt– un homme aux yeux de mutants. — Heu… — Qu’est-ce qu’une gosse fiche dans cette forêt ? enchaina sa compagne. — Ben… — Du calme, compagnons ! N’effrayez pas cette gente demoiselle ! souffla le Gourou. » Aussitôt, il se jeta au cou de Ryuka et se mit à l’asticoter de questions, au grand dam de ses coéquipiers et à une vitesse si affolante que Ryuka renonça à le comprendre. Ce ne fut que lorsque ses élèves –c’était la seule chose qu’elle réussit à capter dans ce flot de paroles– l’attachèrent à un arbre qu’elle put parler. Elle avisa leurs bandeaux frontaux à l’effigie de Konoha et pria le ciel de ne pas être renvoyée avant même d’être entrée au village. Avec un peu de chance, elle y serait dans la soirée… Ryuka baissa la tête pour cacher un vil sourire et quand elle la releva, elle renonça à essuyer des larmes imaginaires, ses mains étant liées. « Ô preux shinobis ! commença-t-elle, très inspirée. Voilà près de… deux mois ! (elle retint de justesse « ans » jugeant que ce n’était pas très plausible) que j’erre dans cette forêt inhospitalière en quête de bonnes âmes prêtes à recueillir la pauvre orpheline que je suis ! Mon grand-père, que j’aimais tant (elle grinça des dents… Pépé Han, lui manquer ?) est mort, seul dans sa hutte sans me donner ses… heu, dernières bénédictions (Tu parles !) et ainsi maudite jusqu’à la fin de ma vie, j’ose espérer trouver refuge en vos cœurs et celui de la noble cité de Konoha ! » Elle se tut et rassembla son courage pour faire face aux remarques désobligeantes des quatre shinobis. A sa grande surprise, les deux Tortues-Ninja dont les noms étaient Gaï et Lee pleuraient à chaudes larmes en l’assurant de leur soutien inconditionnel et ce Neji et Tenten soupiraient en réponse aux réactions puériles de leurs partenaires, mais ne semblaient pas dupes… « Allez, on l’emmène. » dit simplement Neji.
oOOo C’est ainsi que Ryuka, élève officieuse de Sasuke Uchiwa, se retrouva face au Hokage le plus exubérant de toute l’histoire des villages ninjas réunis : Naruto Uzumaki, dont le regard brillant de curiosité la mettait mal à l’aise. Il n’y avait pas une once d’hostilité dans ses yeux, mais son insistance faisait grimper en elle un sourd malaise… A l’instar de Sadako… Dans son esprit, Uzumaki passa de « potentiellement dangereux » à « ennemi mortel ». Après tout, n’était-il pas une légende vivante ? Et le rival de son maître ? « Comment tu t’appelles ? » résonna la voix claire et familière de Naruto. Il avait un si beau sourire que Ryuka en oublia presque de se méfier. Presque ! « Tanaka… — Et que faisais-tu toute seule aux portes de Konoha, petite ? » Le sang de Ryuka ne fit qu’un tour. « J’SUIS PAS UNE GAMINE ! Heu, enfin, je veux dire… Mon grand-père est mort il y a deux mois, avoua-t-elle. » Elle ne devait pas risquer sa couverture pour des idioties ! A savoir, se montrer incapable d’encaisser la moindre allusion à sa taille, aussi petite soit-elle. L’allusion, pas sa taille. Le Hokage, qui sembla enfin se réveiller, questionna de nouveau : « Et tu n’es pas triste ? » Cela surprit Ryuka. Triste que Pépé Han meure ? C’était monstrueux à dire mais… peut-être un peu. Peut-être pas. Certains pleuraient quand un membre de leur famille disparaissait, elle le savait, même après la guerre, il y avait eu tant d’enterrements dans son village d’origine… Elle, ce n’était pas pour Pépé Han qu’elle pleurerait. Mais pour qui alors ? Sasuke-sensei ? Elle le voyait mal succomber à une attaque ou à une maladie. En fait, elle le voyait mal mourir, tout simplement… « Si. » mentit-elle. Naruto haussa les épaules, déconcerté. Il avait l’impression de se reconnaître en cette enfant détaché qui énonçait des faits graves comme s’il s’agissait d’une évidence. Mal-aimé et mal compris… Il sourit, mélancolique. « Tu peux rester, alors, Tanaka ! » Le visage de l’enfant s’éclaira brièvement et Naruto se demanda ce qu’elle avait de si important à faire pour qu’elle s’en aille aussi rapidement… Sakura, qui était resté dans l’ombre toute la durée de l’entretien, vint le rejoindre et posa une main sur son épaule. Il avait apprit à reconnaître chacune de ses émotions, qu’elle avait de plus en plus de mal à dissimuler avec les émois de sa grossesse, aussi sut-il aussitôt qu’elle s’inquiétait. « Naruto, commença-t-elle, tu es dingue ! Personne ne sait qui est cette fille ! Elle n’est répertoriée sur aucun registre ! Tu ne peux pas faire ça comme s’il s’agissait de… de rien ! — Pas de souci, Sakura, je sais ce que je fais ! Bon, je file chez Ichiraku. Tu viens avec moi ? — Ah, pas question ! Tu as encore du boulot à finir ! — Je le ferais plus tard, assura Naruto en enjambant la fenêtre de son bureau. » Personne ne savait pourquoi il s’obstinait à passer par cet endroit alors que franchir la porte était nettement plus pratique… Cela ne plut guère à Sakura, qui, sans doute influencée par l’enfant aussi énergique que son père qu’elle sentait croître en son sein et son caractère déjà impulsif et violent, brandit le poing… PAAAF !!! « Sa… Sakura ! C’est le troisième mur que tu me casses, cette semaine ! »
oOOo A des kilomètres plus à l’est, Sasuke soupira. Cela faisait à peine deux jours que Ryuka s’était éclipsée et il ressentait déjà les effets de la solitude, après presque six mois de cohabitation forcée avec une enfant énergique et déterminée. De là à dire que Ryuka lui manquait… Non. Il allait enfin profiter de ce qui ressemblait de près à des vacances ! « Enfin, la paix ! » songea-t-il avec délectation. Ce serait formidable… Il tourna les talons et s’engouffra dans ce qui sera son repaire pendant la mission de Ryuka. Outre le fait que bientôt, il aurait accompli l’obsession de toute une vie, il se sentait incroyablement… bien. Soudain, alors qu’il s’apprêtait à s’allonger à terre pour une nuit de sommeil qu’il jugeait amplement mérité, trois silhouettes surgirent du fond de son antre et s’approchèrent de lui. Sasuke sentit son sang se glacer. Cette tignasse rouge, ce sourire sadique, cette allure tranquille…Pitié, qu’on ne lui dise pas que… « Sasuke ! s’écria Karin en lui sautant au cou. On t’a enfin retrouvé ! Et sans cette espèce de vaurien ! Maintenant, je ne te lâche plus ! » Dans son dos, Suigetsu ricana. « Tu vas pouvoir faire taire Karin, comme ça. » Juugo ne dit rien, mais son hochement de tête fervent valait mille suppliques. « C’est pas vrai » pensa Sasuke en tentant de se détacher de Karin qui ronronnait presque d’extase dans ses bras « La malchance légendaire de Ryuka a dû déteindre sur moi… »
oOOo Ryuka errait dans les rues de Konoha, soulagée. Elle avait été acceptée, comme une princesse, comme une reine, comme une déesse ! Toute à son allégresse, elle faisait à peine attention aux atours colorés des passants, à la joie de vivre émanant de chaque sourire esquissé à son passage, des nombreuses sucreries qui l’auraient affamé d’habitude et aux multiples attractions des marchés… Avec son adresse naturelle, elle aurait facilement gagné un masque d’ANBU… Bon sang, elle voulait retomber en enfance, oublier Pépé Han, oublier Sadako, oublier Rokubi, mais certainement pas Sasuke-sensei ! Réapprendre à ne pas grandir trop vite. C’était si bon ! Mais en même temps, elle sentait confusément que cela ne lui conviendrait guère… Elle avait déjà trop appris, trop souffert. Pour elle, c’était trop tard. Bien trop tard. Son cœur se serra à cette pensée. Qu’est-ce que ça faisait, d’être insouciant, ignorant ? Bizarre, peut-être… Elle ne put s’égarer davantage. Dans sa nostalgie, elle venait de trébucher contre un passant. Et pas n’importe lequel ! C’était Gourou, qui, marchant sur les mains, slalomait entre les citoyens de Konoha suivis par son élève Lee trottinant à ses côtés… Ryuka reprit aussitôt son costume d’orpheline éplorée et fit un petit sourire à l’homme qui avait eu la bonté d’âme de l’emmener ici. S’il savait qu’il venait de faire pénétrer une sorte d’héritage vivant de l’un des plus grands ennemis de cette puissance ninja en son sein-même ! « Bonjour, Monsieur Gourou, le salua-t-elle poliment. — Oh, c’est toi, répondit-il sur le même ton enjoué. Alors, comment ça se passes ? — On vient de m’attribuer un logement de fonction dans le centre-ville, avoua Ryuka en se remémorant les consignes d’un jûnin dont elle serait sous la tutelle jusqu’à sa majorité –elle ne comptait pas s’attarder aussi longtemps, tout de même…– — Parfait ! s’enthousiasma Lee. Tu es jeune, énergique, tu vas nous accompagner, Gaï et moi, à notre entraînement ! Nous allons te confronter à une épreuve qui réveillera la fougue de ta jeunesse !¬ — … Hein ?! bégaya Ryuka. » Elle ignorait ce qu’était la fougue de la jeunesse, mais elle choisit de s’en méfier. Ce devait être le nom de la secte de Gourou et son disciple. Cependant, plus par une curiosité enfantine qu’elle venait de s’inventer que par réel souci d’espionner ces deux zouaves au profit de Sasuke-sensei, elle les suivit… Elle avait le tournis à l’entente de leurs élucubrations mais c’était fantastique de se laisser emporter dans cette spirale de joie et de bêtises…
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« Bien. Que dois-je faire ? » Ryuka, Gaï et Lee, rejoints par Tenten et Neji qu’elle avait chaleureusement salué, plus par réflexe que par envie, s’étaient réunis près d’un terrain d’entrainement numéroté « sept ». Ils s’y étaient échauffés pendant quelques minutes durant lesquelles elle avait fait attention de ne pas révéler son niveau. Maintenant, ils devaient penser qu’elle était une enfant rendue agile et vive par treize années passées en ermite avec son grand-père dans la forêt. Ce n’était pas plus mal, mais elle devait continuer à se surveiller… Venait enfin le moment où elle devrait se montrer digne de la confiance et de l’amitié de Gaï et Lee : l’épreuve de la fougue de la jeunesse ! « Voici ta cible, commença à expliquer Lee. » Il lui tendit une photographie d’un homme aux cheveux argent et à l’air nonchalant. Il était assis sur le toit du Tour des Kage et lisait un petit livre à la couverture orange dont elle ne pouvait distinguer le titre. Elle plissa les yeux. Ce bouquin… Elle se souvenait l’avoir vu dépasser d’une des sacoches de voyage de Sasuke-sensei ! Elle s’en rappelait, puisque son maître n’aimait guère s’encombrer lors de leurs déplacements et ces quelques feuillets était la seule chose qu’il n’utilisait pas, se contentant de l’observer avec détachement, menaçant parfois de le jeter au feu avant de le ranger à nouveau dans sa besace avec un soupir…Elle n’avait jamais osé poser des questions à ce sujet, tant il semblait…ailleurs. La vérité la frappa alors. Sasuke-sensei avait vécu dans ce village. Il y avait grandi, il y avait progressé, peut-être avait-il eu une famille, un professeur lui aussi, des amis même ? Son ventre se tordit. Elle ne savait rien de lui ! Et que pourrait-on lui dire sur Sasuke, les personnes susceptibles de l’avoir vraiment connu ? Fut-il un plaisantin ou était-il déjà cet homme sérieux et soucieux de ses moindres gestes ? Pourquoi avait-il déserté ? Comment avaient-ils réagis au départ d’un ninja de Konoha ? Et surtout, pourquoi était-il parti ? Pourquoi ? Elle reporta son attention sur Gaï et ses compagnons à regret, du vague à l’âme. Pourquoi, bon sang ?! « … prendre en photo sans son masque, acheva Lee. Ça marche ? — Heu, bien sûr que oui ! appuya-t-elle précipitamment, s’attirant un regard inquisiteur de Tenten. — Puisque tu es une civile, peut-être qu’il ne se méfiera pas, songea Neji en haussant les épaules. » C’était sa manière à lui de se soucier de ses coéquipiers, comprit Ryuka. Des coéquipiers… Eux en étaient des vrais. Ils s’épaulaient au combat, mangeaient ensemble et s’entrainaient en équipe. La complicité qui émanait d’eux était palpable et cette aura lui brûla les yeux quand elle se rendit compte qu’elle n’avait jamais travaillé qu’en solitaire… « J’y vais, alors, souffla-t-elle en s’éloignant aussi vite qu’elle le put. » Elle devait relativiser sa situation. A peine venait-elle de faire un pas dans Konoha que les prises de consciences affluaient et menaçaient de lui faire exploser le crâne. Elle changeait. Et plus que tous les enseignements qu’elle pourrait en tirer, la peur que ces changements déplaisent à Sasuke-sensei la fit trembler de frayeur. Sasuke-sensei… Elle croyait tout connaître de lui ! Ce que ses « Hn » pouvaient dissimuler d’encouragements, de conseils, d’inquiétudes, de mots tendres. A l’entente de ces grommellements, elle sentait toute l’importance qu’il lui accordait. La façon dont il se tordait les mains dans l’attente. Elle savait que cela pressentait des intrus dans les parages et se faisait plus discrète qu’à l’accoutumée. Quand il tirait ses cheveux en arrière après un entrainement épuisant. S’il ne le faisait pas, elle était si déçue de n’avoir pu le satisfaire qu’elle travaillait sans relâche des heures après ! Et tant d’autres encore… Maintenant, elle découvrait avec stupeur que tout ce dont elle était persuadée n’était qu’une façade ! Qu’il y avait quelqu’un de différent derrière son Maître, le vrai Sasuke Uchiwa et qu’elle n’y avait jamais fait attention ! Non, qu’il n’avait jamais voulu lui montrer ! Elle avait envie de vomir. A force de marcher, elle finit par arriver face à cet homme masqué dont elle n’avait pas retenu le nom. Elle se ragaillardit à l’idée d’un Gaï éperdu d’admiration à ses pieds et sourit, en paix avec elle-même pour une courte accalmie. « Monsieur ? susurra-t-elle. » Etonné de cette voix si jeune et pourtant indiscutablement séductrice, l’homme se retourna… et ne put rien faire quand une main arracha vivement son masque puis quand un flash l’aveugla. Sonné, il vacilla et se rattrapa au bras de son camarade, jurant et réclamant vengeance… Ryuka était déjà loin. « Gaïïï ! J’ai réussi ! » Elle glissa l’appareil dans sa main droite, ouvrit le boîtier avec frénésie et impatience… « Aaah ! J’ai oublié la pellicule ! Tout est perdu ! »
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Sans aucune grâce, les muscles moulus par ses exercices avec Gaï et Lee en guise de punition pour son échec et l’esprit fatigué de ses doutes, Ryuka soupira et s’assit en tailleur sur le lit de son nouvel appartement. Elle l’adorait. Peut-être était-ce parce que c’était son premier foyer à elle seule… Les murs étaient blancs, mais elle y avait accroché des affiches de films de Yukie Fujikaze* et d’autres groupes de musiques ainsi qu’une bannière au slogan « La Fougue de la Jeunesse est en toi ! » en lettres orange sur fond vert. Ce logement prêté par l’Hokage et son tuteur qu’elle rencontrerait certainement dans les jours à venir –si elle était encore là !– était garni d’une immense baie vitrée donnant sur la ville, éclairée de lanternes rouges et de lampadaires. Les rayons de la lune, blafards et désenchanteurs, suffisaient à l’illuminer. De toute façon, Ryuka était bien capable de se déplacer uniquement grâce à l’ouïe. C’’était un talent et une capacité que Sasuke-sensei avait tenu à développer… Mue d’une inspiration soudaine, Ryuka se releva et s’appuya sur la vitre, détaillant la cité avec attention. Ses voisins étaient encore debout… Elle vit une adorable demoiselle danser dans les bras d’un garçon qui était certainement son fiancé. Ils avaient les joues rouges et riaient à gorge déployée, comme dans un film dont on aurait coupé le son. Des bouteilles gisaient à moitié vide sur leur commode. Quand ils s’embrassèrent, Ryuka détourna les yeux, écarlate et gêné de les avoir espionnés. Elle avait néanmoins retenu qu’ils étaient beaux. Les gens heureux étaient toujours beaux. Etait-elle belle, elle ? Aux côtés de Sasuke-sensei, elle s’était sentie euphorique et magnifique. Elle n’était pas amoureuse, non. C’était quelque chose de… différent. Un lien à la fois moins solide que l’amitié ou l’amour que l’on pouvait porter à un être cher et bizarrement mille fois plus fort que tous ces sentiments réunis… Mais Sasuke-sensei lui avait menti… Il lui avait menti sur son passé, sur ses motivations, ses intentions, sur ce qu’il était. Il ne la mettait pas au courant de ses projets, la considérait comme une… comme une arme. Comme les gens de Kiri ! Elle y avait cru, pourtant. Elle y avait cru quand il lui avait envoyé cette pichenette avec une attention qui ressemblait à celle d’un père. Elle y avait cru quand il lui avait enseigné tout ce qu’il savait, comme s’il se souciait de ce qui pourrait lui arriver à Konoha. Elle y avait cru quand il l’avait complimenté, quand il lui avait souri… « Les Uchiwa ont toujours été excellents comédiens, ricana une voix démente dans son esprit. » Rokubi… Ryuka secoua la tête, trop lasse pour le chasser. Qu’il parle si cela lui faisait plaisir ! Elle ne l’écouterait pas ! Et puis, de toute manière, ce n’était pas comme si il ne devait pas être là… Non ? « Tu avoues finalement que tu as besoin de moi comme j’ai besoin de toi ? Je suis mille fois plus utile que ce Sasuke de malheur, après tout ! Je te soigne quand tu te blesses, je veille sur tes arrières quand tu baisses ta garde et profite d’un repos bien mérité… C’est un travail d’équipe. Nous sommes une équipe, ma Ryuka ! Une famille ! Tu ne dépends d’aucun de ces incapables puisque tu m’as, moi ! » Elle avait le vertige… Sa main se referma sur le kunaï caché sous ses vêtements, en précaution… Qu’est-ce que ce démon racontait ? Qu’est-ce qu’il voulait dire ? Oui, il la soignait, mais c’était parce que si elle mourrait, il mourrait aussi, non ? Elle tremblait et serrait convulsivement son arme, brillante sous les reflets des étoiles. La lame nue frottait contre ses doigts. Ce n’était pas possible et elle allait le prouver ! Elle allait voir, cette satané limace, que Ryuka Sandayu ne comptait certainement pas sur elle ! Elle allait voir… « Attention, tu vas te faire du mal. Nos vies sont liées, tu te rappelles ? Ce n’est pas contre moi, qui suis à la fois ton père, ta mère, ton frère de cœur, de sang, d’âme, que ta haine doit être dirigée, mais envers tous ceux qui t’ont mentis ! Ce Han Sandayu, Sadako « Tête-de-Camembert », et même Sasuke… Il t’a menti ! Il t’a menti ! Tu le hais pour ça, pas vrai ? Oh oui que tu le hais, je sens ta haine, ta folie, si… si écrasante ! Oh, c’est parfait, oui, c’est parfait, parfait, parfait… Encore, encore, pitié ! Toute cette haine ! Juste encore un peu… Encore un peu de cette folie et je suis libre… » Jamais un kunaï ne fit autant de bruit quand il tomba à terre. Ryuka se laissa glisser contre la vitre en haletant. Des bribes de paroles haineuses s’entrechoquaient entre son crâne, elle avait un mal de tête horrible et se sentait nauséeuse. Le souffle court, elle constata avec effroi que ses membres semblaient froissés. Elle avait du mal à les bouger, comme si quelqu’un s’était amusé à jouer à la marionnette avec elle. A cette idée, elle plaqua une main contre sa bouche alors que de la bile remontait de sa gorge. Elle ne voulait pas que ce démon prenne le contrôle ! Une vague de panique la submergea. Qu’avait-il dit ?! Qu’avait-il dit ?! Elle n’arrivait pas à se rappeler. Elle en pleura de rage… C’était la même sensation le jour où elle avait été soumise pour la première fois au Kaléidoscope Hypnotique du Sharingan… Sur le toit de l’immeuble voisin, une ombre féline à neuf queues battant le vide se fond dans la nuit. Naruto inspira profondément…
oOOo « Surveillance du village assurée par un certain « Izumo » et « Kotetsu »… Sakura Haruno est enceinte de sept mois de Rock Lee… de neuf heures du matin à vingt-deux heures au soir avant que d’autres ninjas du nom de « Aoba » et « Ebisu » ne prennent le service de nuit… Ino Yamanaka a rompu avec Saï il y a deux semaines… aucun relâchement de leur part à attendre… » Ryuka mâchonna le bout de son crayon de bois. Voilà près de deux heures qu’elle planchait sur le rapport qu’elle livrerait à Sasuke-sensei à son retour. Elle avait trouvé refuge dans une clairière de l’immense forêt de Konoha, échappant à la vigilance de Gaï et de Lee. Elle referma le rouleau d’invocations sur lequel elle gribouillait plus qu’elle n’écrivait et forma le signe du « Tigre » avec aisance. Satisfaite, elle le vit disparaître dans un nuage de fumée. Si ses calculs étaient bons, son travail devait être scellé dans une bulle-monde de la dimension reptilienne. Sa facilité nouvelle à réussir des petites techniques de ce niveau la surprenait. Il n’y a pas si longtemps, elle arrivait à peine à viser correctement une cible immobile… Mais ce n’était plus que de vieux souvenirs. « Si c’est ça Konoha...Le fameux village...Un Hokage qui pense qu’à bouffer des ramens, sa secrétaire qui défonce trois murs en une semaine, un jûnin qui passe son temps à lancer des défis débiles, une alcolo comme Kage à la retraite et un pervers que l’on considère comme un très bon instructeur... Où va le monde ? » pensa-t-elle avec humour en songeant aux dernières rencontres qu’elle avait faites ces derniers jours… Pourtant, elle s’y plaisait… Elle se redressa et épousseta son kimono. Malgré les pans de tissus lourds et difficiles à porter, elle espérait s’entrainer sans trop de maladresse. Elle ne devait pas perdre la main, même si sa mission reposait sur son hypothétique statut de civile… Elle saisit un shuriken et visa un éclair roux qu’elle identifia comme un écureuil. Elle répugnait à tuer sans raison, mais ce fut un pur réflexe quand elle projeta son arme en avant… Sauf que l’étoile de fer dévia comme par magie de son parcours initial et vint se perdre dans les fourrés environnants… Ryuka soupira. Ce n’était qu’une question d’habitude… « Akamaru ?! Ça va, mon chien ? retentit soudain une voix suraigu à moins d’un mètre de sa position. — Oups... » La malchance légendaire de Ryuka Sandayu a encore frappée !
oOOo Le lendemain, c’est trois coups secs frappés à la porte de son appartement qui réveillèrent Ryuka en sursaut. « S’qui’s’passent ? » bougonna-t-elle en tentant de s’extirper de ses couvertures, les cheveux emmêlés et la bouche pâteuse. Après huit jours assez tranquilles passés à Konoha, elle pensait en avoir fini avec les formalités administratives. Elle était désormais enregistrée sous le nom de « Tanaka Karakee » et s’était habituée à ce que l’on l’appelle de cette façon. Et puis, elle avait eu le temps d’obtenir quelques informations, de bien comprendre le fonctionnement du village, tant de petites choses rapidement effectués qui la laissait profiter de moments de repos... Et de s’entraîner avec l’équipe de Gaï, ainsi que de sympathiser avec quelques autres personnes. Mais ça, Sasuke-sensei ne devait pas le savoir. Jamais ! Ce quotidien la changeait tellement de ce qu’elle connaissait d’ordinaire et elle n’aurait su dire ce qui lui plaisait le plus… Une vie d’aventure, de danger, de mort aussi, bref, une vie de ninja ou une vie comme celle-ci, sans se poser de questions en qualité de simple fille ? Elle remit à plus tard ses interrogations et s’habilla en quatrième vitesse avant de se ruer vers la porte d’entrée, se cognant dans un mur au passage et brisant la vaisselle offerte par Teuchi d’Ichiraku, quand Gaï avait décidé d’organiser une crémaillère en son honneur… A ce souvenir, elle sourit. Le flegme de Shikamaru Nara, les hurlements hystériques d’Ino Yamanaka, les piques acerbes de Sakura Haruno… C’étaient ses ainés, ils avaient l’âge de Sasuke, mais elle s’entendait avec chacun d’eux mieux qu’avec certains enfants de son âge. Et quand Masashige Yuhi, qui accompagnait sa mère, le mentor de Hinata Hyûga, Shino Aburame et Kiba Inuzuka –qu’elle avait eu peur en le reconnaissant ! Elle avait appris que son chien était indisponible pour tout le mois à cause de sa bourde…- avait rougi en l’embrassant sur la joue pour lui fêter la bienvenue, elle avait cru mourir de bonheur. Ainsi, elle pouvait plaire ?! « J’attends personne pourtant...Est-ce que c’est Lee ? » Elle ouvrit la porte… et se figea. Sur le palier se tenait un homme assez massif, au long manteau noir et peut-être apparenté à un grizzli pour avoir l’air si peu aimable. Ryuka croisa les doigts. C’était sans doute le précepteur des impôts… Se confronter à des clients parfois fauchés laissait forcément des cicatrices… De si moches cicatrices… Il était défiguré… Il devait avoir de l’expérience, alors… « Bonjour. Je m’appelle Ibiki Morino. Je suis bien chez Tanaka Karakee ? — Euh...Oui, pourquoi ? — Bien. Je vous emmène à la section interrogatoire de Konoha. »
*Yukie Fujikaze : c’est une actrice que l’on voit dans le premier film de Naruto. Vous savez ce qu’il vous reste à faire...
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| | | | Kiyama-Hiroto59
Messages : 385 Né(e) le : 06/03/2000 Inscrit(e) le : 24/08/2012 | |
| Sujet: Re: [Non IE] Sur tes traces (Chapitre 13) Sam 17 Nov 2012, 13:09 | |
| Je suis ta fic depuis pas très longtemps mais je l'adore déjà !! Continue comme ça, j'ai hâte de voir la suite :D |
| | | | Kirara ★ Fantôme ★
Messages : 813 Né(e) le : 18/01/1999 Inscrit(e) le : 20/08/2012 | |
| Sujet: Re: [Non IE] Sur tes traces (Chapitre 13) Sam 17 Nov 2012, 15:20 | |
| Oh, un gens °° /PAN/ Sérieusement, merci ^^ Et ça fait plaisir de voir que quelqu'un apprécie notre histoire ^^ Bref, chapitre suivant: - Spoiler:
~Chapitre VIII~ Mouchard-2 Seule dans une salle aux murs nus, Ryuka attendait. Elle ne savait pas où elle se trouvait, mais on l’avait certainement amenée sous terre, puisqu’il n’y avait aucune fenêtre… Elle frissonna. Il faisait froid aussi. Ibiki Morino n’avait pas jugé bon de lui expliquer ce qu’elle faisait là. Cela pouvait être aussi bien une décision de l’Hokage, bien que cela ne corresponde pas au personnage haut en couleurs d’Uzumaki, que celle du Conseil, dont elle ignorait encore tout ! En une heure, personne n’était venu la voir pour lui résumer la situation déjà compliqué par le fait qu’elle soit une espionne et que ces gens l’ignorent. Ryuka grimaça. Quoi qu’il arrive, elle devrait tout faire pour ne pas paniquer et cacher ce qu’elle pouvait… Bien sûr, il était hors de question de mentionner le nom de Sasuke Uchiwa, puis son statut de jinchûriki et… Elle se prit la tête entre les mains. Elle ne pouvait rien révéler !
« Du calme, ça ne peut pas être aussi désespéré que ça ! Bon, je suis prisonnière de, si je me souviens de ce qu’a dit Morino, la Section Interrogatoires et Tortures de Konoha alors que je suis une espionne et Sasuke-sensei ne m’a rien appris qui puisse m’être utile ! Après tout, je suis sensée être une civile… Je peux peut-être défoncer les murs avec le Chidori ou des techniques Katon, mais si ça rate, je suis mal… De toute façon, si je m’enfuis, on découvrira que je suis une espionne et Sasuke-sensei va me tuer. Non, il va d’abord m’éviscérer, m’écarteler, me pendre par les boyaux à un arbre et me taper dessus avec Kusanagi, m’électrocuter, me décapiter, me…. Et si je reste et que je révèle quoi que ce soit, même résultat. En fait, si, c’est aussi désespéré que ça ! Je suis maudite, c’est ma malchance légendaire ! »
Elle lorgna un court moment la serrure de la porte et s’imagina sortir de cette cellule, ce qui était forcément impossible pour l’orpheline, petite-fille de paysan, qu’était Tanaka, et aborder quelqu’un, n’importe qui, dans les couloirs pour demander à être interrogé plus vite. Cette idée, aussi saugrenue, stupide et indigne d’un ninja soit-elle, la détendit. Sasuke-sensei lui faisait confiance pour une mission de ce calibre. Elle ne pouvait tout simplement pas échouer ! Enfin, la porte s’ouvrit et un la silhouette d’un homme d’âge mur se dessina dans son encadrement. Ryuka le reconnut au premier coup d’œil et sa mâchoire faillit se décrocher… Kakashi Hatake ?! Elle se rappelait de lui ! C’était l’homme qu’elle avait dû prendre en photo sans son masque quelques jours plus tôt et qui avait aussitôt réclamé son renvoi après cet incident malgré les excuses de Gaï et le refus de Naruto ! Elle failli éclater de rire en se remémorant cet épisode pour le moins comique et se dandina sur sa chaise en pensant à Sasuke-sensei lui ordonner de faire cent pompes, non, mille pompes… L’homme, Kakashi, leva son unique sourcil en la voyant et Ryuka songea qu’il avait dû demander à être présent à l’interrogatoire. Peut-être était-ce sa façon de se venger, de prouver à Gourou Gaï qu’elle n’était pas qu’une simple petite fille pour lui avoir volé son masque, que toute cette mascarade n’était pas qu’un jeu mais une véritable affaire d’espionnage… Ryuka blêmit en se rendant compte de son erreur qui n’en était pas vraiment une. Ce type la soupçonnait ! Tout le monde le traitait de mauvais joueur mais c’était un des seuls à se rapprocher de sa véritable identité… Elle n’avait pas le droit à l’erreur, pas avec lui. Il s’assit en face d’elle et se racla la gorge d’une façon si distinguée que Ryuka lui sourit, ironique, avant de baisser les yeux avec humilité. Si elle commençait à être arrogante, à lui montrer qu’elle n’avait pas peur de lui, elle n’irait pas loin…
« Naruto a tenu à ce que tu restes au village, dit Kakashi en la regardant, étonné de son changement de comportement mais pas intrigué plus que ça, cependant il préfère être prudent. Normalement, c’est Inoichi qui aurait dû t’interroger mais il est trop occupé. La fin de la guerre n’empêche pas les ninjas de déserter... »
Il soupira et Ryuka battit des paupières. « Vraiment ? » semblait-elle dire, comme si sa mimique ne signifiait pas du tout « Je le sais bien, j’en côtoie un depuis plusieurs semaines et ô surprise, je suis pourtant tout ce qu’il y a de plus vivante et peut-être même suis-je… dangereuse. Non, vous ne me croyez pas ? En tout cas, vous devriez vous méfier… »
« C’est parti ! s’écria Kakashi si soudainement et d’un ton qui lui rappela étrangement celui qu’employait Sasuke-sensei pour lui annoncer le début d’un entrainement »
Elle cligna des yeux et planta son regard dans le sien, attentive. Kakashi ne faisait aucun geste. Peut-être cherchait-il à l’hypnotiser ? Elle devrait sans doute faire semblant d’être prise au piège de son genjutsu… Voyons, devrait-elle faire la poule ? Elle se retint de maudire Sasuke-sensei. Il l’avait tant entrainé à résister au Sharingan qu’à force elle était immunisée contre la plupart des genjutsus… Et des poisons par l’invocation des Serpents… Et de tant d’autres choses par Rokubi… En fait, songea Ryuka, nostalgique, on pourrait dire que je suis presque increvable… Après tout, je suis encore là, non ? Malgré toutes les crasses de la vie… Elle se rendit alors compte que Kakashi avait relevé son bandeau frontal, dévoilant son œil gauche. Ryuka tiqua, s’affola... « Mangekyu Sharingan, souffla-t-elle, fascinée par la forme que prenait la pupille de Kakashi. » Elle n’en connaissait pas de pareil. « Tu connais le Mangekyu Sharingan ?! s’exclama Kakashi, et à sa voix blanche, Ryuka devina que sa réaction équivalait à des aveux. »
« Merde ! Non, crotte. Zut. Ma malchance légendaire… »
oOOo De la grotte où il s’était réfugié émanait le lourd fumet d’une pauvre soupe et Sasuke songea que plus jamais il ne laisserait Jûgo et Karin cuisiner ensemble. Il secoua la tête et s’éloigna à petit pas afin de ne pas alerter Karin et les autres. Surtout Karin, en fait. Ces trois-là qu’il avait cru mort, capturés par les samouraïs du Pays du Fer était tout ce qu’il y avait de bien vivant. Ils criaient, s’époumonaient, braillaient, meuglaient… Et tout ce bruit lui faisait l’effet d’une tempête ravageant des années de solitude sur son passage. Ce que Ryuka avait commencé à construire, eux l’achevaient en discutant avec lui d’égal à égal, comme s’ils n’avaient jamais été maître et subordonnés, mais presque… amis. Ce mot lui brûla la langue. Il n’avait pas d’ami. Il n’en avait jamais eu et n’en aurait jamais. Il était si pris dans ses pensées, à tenter de se convaincre de ce qu’il n’était déjà plus, petit à petit, qu’il ne remarqua pas Suigetsu glisser dans son dos et l’interpeller soudainement. Sasuke faillit sursauter.
« Alors, on essaie de s’échapper, Sasuke ? » se moqua-t-il.
Il voulut répliquer mais n’en eut pas le temps. Suigetsu toucha du bout du doigt un hématome multicolore qui s’étalait de sa pommette jusqu’à la mâchoire en fronçant les sourcils. Sasuke recula aussitôt, et Suigetsu, encore plus étonné que vexé, ricana.
« Ça te fait mal ? Allez, dis-moi, c’est elle qui t’a fait ça ? »
C’était étrange de voir combien Suigetsu pouvait être fasciné par sa jeune apprentie. Si Karin et Jûgo se demandait comment il avait bien pu la prendre pour élève, Suigetsu, lui, n’aspirait qu’à la rencontrer, cette enfant qui avait réussi à mater l’Uchiwa. Sans doute que les traces de coups, souvenirs de coups de poing perdus et de chutes durant leurs entrainements (c’était dingue, la façon qu’avait Ryuka de se mettre dans le pétrin, et ce que Sasuke pouvait faire pour l’en tirer) y était pour quelque chose… C’était devenu son jeu favori, de trouver quelles blessures et quelles nouvelles habitudes de Sasuke était dû à l’arrivée de sa disciple dans sa vie…
« Hn. Oui, consentit-il enfin à répondre. — Alors, ça, c’est une fille bien ! s’enthousiasma Suigetsu. J’ai sacrément hâte de la rencontrer, ce phénomène ! Comment as-tu dit qu’elle s’appelait, déjà ? — Je ne l’ai pas dit »
oOOo Avec consternation, Kakashi se demanda comment sa mission, pourtant simple et qui ne devait être qu’une espèce de vengeance, de coup bas contre Gaï pour égaliser les scores de leur défi, avait pu dégénérer ainsi. Tanaka Karakee n’avait que quatorze ans et semblait vraiment abattue par la mort de ses proches et son errance. En tout cas, elle ne devait pas mentir. Singer la tristesse était quelque chose de vraiment difficile à faire, encore plus que la joie –ça, il le savait bien– et elle ne faisait pas semblant. Cependant, à peine s’assit-il sur sa chaise, face à elle, qu’il révisa ses impressions. Là, seule et prisonnière d’une cellule et de ses appréhensions aussi, Tanaka Karakee avait l’air… différente. Ses grands yeux bruns qu’il avait trouvé banals brillaient d’une lueur féroce et ses sourires en demi-lune qu’elle affichait parfois sans s’en rendre compte et disparaissait aussi vite qu’une éclipse le mettaient mal à l’aise. On aurait dit un ninja et Kakashi se remémora Haku et son visage rayonnant d’innocence, Haku qui pourtant s’était lié à Zabuza, un des pires démons qu’il ait existé sur le continent. Il décida de se méfier, si jamais sa gêne des derniers face à elle ces derniers jours étaient finalement justifiés. Il pensa à Sasuke, qu’il avait cru sauver de ses ténèbres. Au moment où il avait relâché son attention sur le garçon, celui-ci avait déserté et rejoint Orochimaru. Ses épaules s’affaissèrent, comme si le poids du monde, ou au moins des larmes de Sakura, la détermination presque malsaine de Naruto, le sacrifice vain d’Itachi et tous les regards d’incompréhension, de déception et de colère des habitants de Konoha pesaient sur lui. Ses doutes furent vérifiés quelques minutes plus tard.
« Mangekyu Sharingan, avait-elle murmuré avec admiration »
S’il était habitué à ce que son œil, dernier cadeau empoisonné d’Obito, suscite la peur ou du moins un respect forcé, peu connaissaient le véritable nom de sa forme évoluée. Peu, aussi, étaient capable d’y résister comme elle le faisait inconsciemment… Kakashi fronça son unique sourcil visible. « Tanaka Karakee » songea-t-il « Même si une enfant orpheline sans la moindre connaissance des pratiques ninjas arrivant au village et demandant l’asile est une couverture assez réaliste, qu’elle fasse front à Dôjutsu parfois mortel est la preuve suffisante qu’elle est une espionne et pas n’importe quelle espionne… » Un sentiment qu’il ne parvint pas à identifier –espoir ? colère ?– lui remua les tripes et fit balancer son cœur. L’arrogance qu’elle affichait, comme si ce n’était pas bien grave qu’elle soit là, captive, et qu’elle trouverait un moyen de s’échapper, de survivre, lui rappelait étrangement Sasuke…
oOOo
D’un simple coup d’œil, le kaléidoscope hypnotique du Sharingan avait fait voler en éclats sa couverture. Sasuke-sensei la tuerait, il n’y avait pas d’autres solutions. Ryuka tapota, simple réflexe, la poche intérieur de son kimono où elle rangeait son kunaï et ses rapports. Elle n’avait jamais pris le risque de les abandonner sans surveillance et s’en félicitait à présent. Elle était déjà dans les ennuis jusqu’au cou et si les ninjas de Konoha découvraient en plus cette preuve irréfutable de sa culpabilité, elle ne donnait pas cher de sa peau.
Elle leva les yeux vers les fenêtres, mais même si Kakashi était parti comme une flèche avertir ses supérieurs, il ne risquait plus que la porte pour s’échapper. L’ouverture entre les barreaux était trop petite, peu importe combien elle était maigre. Un bébé n’aurait pas pu y passer, de toute façon. Elle haussa les épaules et se redressa, face à l’entrée de la cellule.
A cet instant, le regard brûlant d’une détermination propre aux gens qui ont trop soufferts pour se bercer d’illusions, elle ressemblait plus que jamais à ce qu’elle rêvait d’être, et sans doute aussi un peu à ce que Sasuke souhaitait faire d’elle. Elle détacha ses cheveux bruns, qu’elle avait noués en chignon avec une pince à cheveux représentant un tourbillon orange offerte par Lee et la glissa dans la serrure. Elle sourit. Visiblement, Kakashi n’avait pas pris la peine de remettre le cadenas et avait juste tourné la clé deux ou trois fois. Parce que la porte était en métal et sa pince en plastique, elle la consolida avec un peu de son chakra. Plus rapidement qu’elle ne l’aurait espéré, la porte céda et s’ouvrit sans même grincer.
« Les techniques les plus simples sont les meilleures ! Apparemment je ne perds pas mes bonnes habitudes... » pensa-t-elle avec un petit sourire satisfait en se remémorant les longues après-midis où Pépé Han la croyait enfermée dans sa chambre alors qu’elle déverrouillait ses fenêtres pour s’enfuir par les toits.
Il n’en fallut pas plus pour qu’elle parte à l’aventure à travers les longs couloirs de la Section Interrogatoires et Tortures.
oOOo « Personne à gauche...Personne à droite...Ok, je fonce ! Sans réfléchir, évidemment, comme d’habitude ! »
A vrai dire, Ryuka ignorait ce qu’elle cherchait. La sortie peut-être, ou des informations… Elle avançait sous se soucier des pièges qu’elle aurait pu rencontrer, et quand son pied s’enfonça nettement dans le sol, déclenchant un mécanisme qui fit ouvrir une fosse remplie de piques derrière elle et qu’elle n’évita que de justesse, elle ne s’en rendit même pas compte et était déjà repartie. Tous les Dieux –et les autres– qui auraient sans doute voulu la voir morte hurlèrent de rage. Soudain, deux voix discutant vivement, se disputant même, attirèrent son attention. Elles provenaient de derrière une porte de métal, comme toutes celles qu’elle avait vue auparavant, sauf que celle-ci était assez entrouverte pour qu’elle puisse tout entendre de la conversation en cours.
« Oui, le village est en train de passer une alliance avec Kiri, dit la première. Ça n’aura pas été facile… Même le Tsuchikage est moins buté que cette bonne femme ! »
Mei Terumi, une bonne femme ? Ryuka se souvint de la ravissante dame qu’elle avait rencontrée des années plus tôt et sourit. Non, décidemment, une bonne femme n’était pas une expression qui convenait à la séductrice et prédatrice Mizukage.
« Grâce à Uzumaki –Ryuka tiqua devant l’absence de titres honorifiques– Suna et Kumo sont aussi de notre côté, et maintenant Kiri ? Qu’est-ce qui a influencé la Mizukage ? — Apparemment le jinchuuriki de Kiri à déserté. Celui de Rokubi ou celui de Sanbi ? »
C’est de moi qu’ils parlent, songea Ryuka. Enfin « ils », il y avait une voix indubitablement féminine parmi les deux ninjas.
« Celui de Rokubi. — Faut croire que c’est inscrit dans les gènes de Rokubi, d’être déloyal à son village ! Je me rappelle de l’affaire Utakata… C’est l’unité Kakashi qui s’en était chargé ! Ces idiots avaient négociés la vie de ce déserteur au lieu de le livrer carrément à Kiri… Ces sales nukenins… Et l’autre ? — Celui de Sanbi est toujours au village du brouillard. Mais pour Rokubi… Tu sais, il paraît que ce n’est qu’une gamine même pas talentueuse ! Uzumaki s’est promis de le ramener, autant pour Kiri que pour l’hôte. Tu sais que le sort des jinchuuriki a toujours été très important pour Naruto étant donné qu’il est lui-même l’hôte de Kyûbi. De toute façon il parait que... »
Ryuka n’écoutait déjà plus. Ce qu’elle avait entendu l’avait totalement abasourdie. Que Konoha soit au courant de son départ et de son identité, enfin, tout est relatif, elle s’en fichait, elle savait que ça avait fait le tour des pays ninjas, mais le reste...
« Il y a un autre jinchuuriki à Kiri... » était tout ce qu’elle parvenait à penser.
Jamais elle ne s’en serait doutée. Pourtant elle savait que Sanbi appartenait à Kiri ! Alors pourquoi personnes d’autre n’était regardé comme on la regardait, pourquoi personne d’autre n’était aussi seul qu’elle ? Et puis, à quoi pouvait bien ressembler ce second réceptacle ? Elle songea que si elle l’avait connue, peut-être auraient-ils pu être amis… Quelle drôle d’idée… Et le Hokage... Ce benêt naïf d’Uzumaki… C’était le jinchuuriki de Kyubi ! Elle n’avait jamais entendu parler d’une pareille chose, comment avait-il pu atteindre un tel rang ? Elle était complètement perdue. Elle était face à deux jûnin, Ibiki Morino et une femme aux cheveux violets remontés en une queux de cheval.
« Merde. Je veux dire, zut. Je suis mal. Encore. »
« Qu’est-ce que tu fais là, toi ? cracha la fille aux cheveux violets. »
Ibiki posa une main ferme sur son épaule, sans doute pour la retenir de sauter sur Ryuka et de l’écorcher vive aussitôt. La fille siffla, comme un serpent, nota Ryuka. Elle trépignait d’impatience à l’idée de remettre cette morveuse à sa place. C’est Ibiki qui prit la parole, d’une voix presque amicale.
« Pour arriver là, tu n’es décidemment pas comme les autres ! — Comme les autres, moi ? répliqua Ryuka sans réfléchir. Jamais ! — C’est ça, répondit Ibiki, pas plus impressionné que ça. En attendant, met les mains derrière ton dos et ne bouge plus… »
Ryuka obéit, docile, comme si elle voulait se rendre, vit les deux jûnin se détendre et relâcher très légèrement leur garde puis... ... Elle attaqua.
Mon dieu, elle est gafeuse °°
Dernière édition par Kirara le Sam 17 Nov 2012, 18:53, édité 1 fois |
| | | | Kiyama-Hiroto59
Messages : 385 Né(e) le : 06/03/2000 Inscrit(e) le : 24/08/2012 | |
| Sujet: Re: [Non IE] Sur tes traces (Chapitre 13) Sam 17 Nov 2012, 18:37 | |
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| | | | fidio971
Messages : 196 Né(e) le : 03/10/1998 Inscrit(e) le : 16/01/2012 | |
| Sujet: Re: [Non IE] Sur tes traces (Chapitre 13) Dim 18 Nov 2012, 07:26 | |
| Superbe fic , j'aime bien votre idée =D |
| | | | Endo-Tenma
Messages : 1025 Né(e) le : 24/08/1998 Inscrit(e) le : 11/07/2012 | |
| Sujet: Re: [Non IE] Sur tes traces (Chapitre 13) Dim 18 Nov 2012, 12:34 | |
| Youpi !! J'aime encore plus !! =) |
| | | | Kirara ★ Fantôme ★
Messages : 813 Né(e) le : 18/01/1999 Inscrit(e) le : 20/08/2012 | |
| Sujet: Re: [Non IE] Sur tes traces (Chapitre 13) Mer 21 Nov 2012, 14:41 | |
| Merci beaucoup à vous trois ^^ Du coup, le chap' 9 ! - Spoiler:
~ Chapitre IX ~ Fugitive
« Katon ! La boule de feu suprême ! »
Une gerbe de spirales rouges et oranges éclaira brièvement les murs et Ryuka, pas peu fière d’elle, sentait que l’on pouvait certainement sentir la chaleur jusqu’en dehors des murs de la petite pièce où se déroulait le combat. Et, encore mieux que tout le reste, Ibiki, désarçonné par la soudaine riposte de cette accusée qu’il croyait inoffensive, ne put éviter l’un des shurikens explosifs cachés dans les flammes. Il jura mais réussit néanmoins à s’en sortir indemne, ce qui n’était pas au goût de Ryuka qui renifla dédaigneusement, l’air de dire « Coup de bol ». Seulement, elle était lucide. Bien sûr que ce n’était pas de la chance, mais du talent. Rien que du talent. Qu’elle ait réussi à le surprendre était d’ailleurs un miracle et elle serra les dents.
Un miracle, c’était ce dont elle avait besoin pour gagner ce combat, ou du moins rester en vie face à ces deux jûnins désormais déchainés, peu ravis qu’une gamine, une suspecte qui plus est, leur tienne tête aussi obstinément.
« OK, résuma Ryuka, un peu affolée tout de même. Le plan c’est que je les batte et que je me tire, j’ai toute mes observations sur moi. Heureusement que je suis prévoyante ! –il ne lui vient même pas à l’idée que justement, non, elle n’était pas prévoyante et que ce n’était qu’un coup de pouce de ce fameux destin dont Neji lui rabâchait parfois les oreilles – »
Le corps en sueur, haletante, Ryuka ahanait plus qu’elle ne disait le nom de ses techniques. Ses adversaires étaient mille fois plus endurants qu’elle et petit à petit, au fur et à mesure que les minutes s’égrenaient, terriblement longues, chacun de ses gestes se faisaient plus lents que le précédent.
« Ibiki, j’y vais ! s’écria soudain la fille, un rictus carnassier scotché sur ses lèvres. »
Ironie du sort, sans cette grimace sadique –et ses vêtements de bimbo– elle était si belle qu’elle aurait pu ressembler à un ange.
« Ok Anko ! approuva son coéquipier »
En même temps que la frayeur, une vague d’adrénaline pulsa un court instant dans les veines de Ryuka. Ils semblaient tous deux sûrs d’eux, bien trop pour elle et elle se rappelait du nom d’Anko Mitarashi sur les parchemins d’invocations des serpents. Déjà, Anko –puisque c’était bien elle– tendit le bras vers elle, sa manche remontée jusqu’à ses épaules et Ryuka reconnut le tatouage particulier, le même qu’elle avait, presque totalement caché par les cicatrices du Chidori. Elle fronça le nez.
« Invocation ! hurla-t-elle avant que Ryuka ne puisse esquisser un seul geste pour l’en empêcher. »
Elle vacilla un court instant, alors que les deux dimensions auxquelles elle était liée se déchirèrent, ouvrant un passage propre aux invocations. Le monde reptilien sembla hurler sa satisfaction et livra alors sa plus féroce guerrière, un immense serpent tout en longueur, gracieux, pour peu qu’un serpent puisse l’être et sa silhouette ornée de voiles, comme une mariée. Aussitôt, Ryuka reconnut l’être venue d’ailleurs et frissonna. Pourquoi avait-il fallu qu’entre tous les serpents, Anko choisisse Naguini ? Il y en avait tant d’autres, pourtant ! Reddo aux crocs aussi rouges que son nom, Aoi, le timide et sage boa, bien trop petit pour son espèce, même Manda aurait fait l’affaire ! Seulement, Naguini était la seule à lui faire peur ainsi…
« Pas toi, souffla simplement Ryuka, parce qu’elle était de toute façon trop fatiguée pour dire une autre phrase, plus longue et plus sonore, comme par exemple « NON, pas toi, ô cauchemar de mes nuits déjà hanté par Sadako ! » — Dis donc, souriceau –encore cette détestable habitude de l’appeler par des noms de proie– est-ce une façon d’accueillir ses supérieurs ?! la gronda pas tellement gentiment Naguini en fouettant l’air de sa queue. »
Ryuka nota avec amusement qu’Ibiki faillit d’ailleurs décoller du sol suite à une bourrasque de poussière et elle jura que Naguini l’avait fait exprès. Elle savait que la Grande Prêtresse et Régente de la Dimension Reptilienne avait un faible pour les jeunes éphèbes mais n’appréciait que de loin tous les autres. Elle était prête à parier que si les lois entre invocateurs et invoqués l’aurait autorisé, Naguini aurait créé un harem de jeunes et beaux humains et mangerait ceux qui vieilliraient trop vite. Malgré elle, l’idée la fit sourire et quand elle imagina Sasuke-sensei en robe de soie de prostituée, maquillé à outrance et la bouche plissée dans un rictus dédaigneux, elle se retint de rire tellement fort que son ventre en fit d’atroces galipettes.
« Naguini ! Vous vous connaissez ? s’étonna enfin Anko. Puis elle secoua la tête. De toute façon, ça ne change rien, attaque-la ! — Anko ! Alors, c’est toi qui m’as appelé ! Vois-tu, mon petit rat –ainsi, elle aussi n’avait pas le droit au même traitement de faveur que Sasuke-sensei–, j’aimerais bien, mais elle est sous la protection de mon petit Sasuke chéri, je ne peux rien contre elle. — Sasuke...Uchiwa ?! Le déserteur ? s’étrangla Ibiki en se redressant soudain. »
Alors finalement, Kakashi avait eu raison de se méfier…
« Naguini, tu viens de foutre en l’air ce qu’il me restait de couverture. Je vais crever, chuchota Ryuka. »
Elle parlait lentement, sur le ton de la discussion, mortellement sérieusement et bizarrement lasse. Anko cligna des yeux. Elle était complètement ahurie par la conversation quelque peu... singulière entre le serpent et la jeune fille. Ledit serpent souriait d’ailleurs comme un dément, et la jûnin de Konoha se rendit compte que sans elle, ils ne se seraient jamais aperçus du lien entre Sandayu et Uchiwa. La reptile avait fait exprès de le mentionner, sans doute pour se venger de Ryuka. Oui, cela tenait la route. Naguini avait toujours été très jalouse et possessive avec ses jeunes favoris et Sasuke en faisait partie. Une fois que ses idées se remirent en place, elle se figea patiemment, profitant de la manœuvre du serpent. Déjà, Ibiki s’était rapproché par les arrières laissés sans surveillance de l’espionne et l’empoigna fermement. Ryuka fut complètement désarçonné, et se débattit violemment, sans succès. Si Naguini ne pouvait pas se battre contre Ryuka, elle pouvait au moins la distraire et Anko fit passer dans son regard toute sa gratitude, émoussée par la haine démesurée qu’elle portait aux déserteurs en général, Orochimaru et Sasuke en particulier.
« Tu la tiens bien Ibiki ? se renseigna-t-elle sans voir que dans son dos, Naguini secouait la tête, déçue de son comportement. — Je vais chercher le Hokage, répondit-il à moitié. »
Il haletait bruyamment, le corps déjà usé alors qu’il avait à peine combattu. Oui, Ibiki vieillissait et Anko se dit qu’il ferait mieux d’accélérer la formation de la jeune Ino Yamanaka, qui devait bientôt prendre la tête de la Section Interrogatoires & Tortures à la suite de son père Inoichi.
« Tu n’auras pas besoin d’aller très loin, résonna soudain une voix rauque à leurs oreilles ».
Et en effet, Naruto se tenait dans l’encadrement de la porte, bientôt suivis de ses gardes du corps et d’autres ramenés en route qu’il avait dû distancer pour arriver plus vite. Vraiment, leur Hokage était bien le digne fils de son père, aussi rapide et aussi doué. Et aussi lumineux.
« Libère-lui la bouche, ordonna Naruto d’un ton qui n’admettait aucune réplique »
Ibiki acquiesça simplement et s’exécuta.
« Pourquoi nous as-tu mentis en nous dévoilant ton identité ? enchaina aussitôt Naruto sans laisser le temps à Ryuka de reprendre son souffle et de parler. »
Une belle stratégie face à l’hyperactive Tanaka Karakee, se dit Neji avec tristesse, dissimulé par son masque d’oiseau derrière Naruto.
« Pourquoi ne nous as-tu pas dit tout de suite que tu étais Ryuka Sandayu, la jinchuuriki de Rokubi ? Et quelles sont tes relations avec Sasu… Uchiwa ? »
Plusieurs des ninjas relevèrent la tête, ébahis et Neji grimaça. Naruto, emporté par sa colère, le goût amer de la trahison et peut-être le fol espoir d’avoir des nouvelles de son ami –pouvait-on encore l’appeler comme ça ?– ne cessait de commettre des erreurs de jugement. Normalement, il aurait dû amener à l’écart Ryuka. Pas l’interroger sur place et de cette façon. De plus, connaissant la jeune demoiselle, elle répliquerait vertement et sèmerait peut-être le doute dans l’esprit des combattants présents, ce qui n’était pas du tout souhaitable.
« Vous êtes débile ou quoi ?! se rebiffa d’ailleurs l’intéressée, rageuse. Vous m’auriez aussi bien accueilli si je m’étais ramenée en disant « Hello, je m’appelle Ryuka Sandayu, je suis le jinchuuriki de Rokubi et je viens de déserter mon village ! » et comment vous savez pour Sasuke-sensei ? — Les aveux de Naguini suffisent largement, s’exclama Anko en levant un doigt triomphant. »
Les épaules de Naruto s’affaissèrent soudain. Dans son regard passèrent plein de choses, du regret, de la fatigue, du désespoir, et Ryuka tressaillit, touché par la vague d’émotion qui ne lui était pas destiné. A qui pouvait donc bien penser l’Hokage de cette façon ?
Sasuke-sensei, peut-être ?
« Bon, mettez-la en prison, chuchota-t-il comme si le dire à voix haute aurait été une hérésie. On verra ce qu’on fera d’elle demain. Je pensais la renvoyer à Kiri… La Mizukage la réclame depuis des mois ! »
A ces mots, le cœur de Ryuka s’enflamma.
« Encore cette histoire ?! Mais c’est une obsession ! Vous êtes les deuxièmes à me faire le coup –Naruto releva vivement la tête et Ryuka songea qu’il avait dû deviner que le premier était Sasuke– Je préfère moisir ici, dans une cellule, ou pire, renoncer au ninjutsu, plutôt que de retourner à Kiri ! »
Un jeune jûnin, à la chevelure sombre en queue de cheval haute prit alors la parole. Comme il se tenait près de Naruto, Ryuka imagina que cela devait être un de ses conseillers.
« Galère, ça ne doit pas être si terrible, Kiri… — La ferme, Shikamaru, siffla Naruto. — Parle pour toi ! Vous pensez que les jinchuuriki vivent tranquillement et qu’ils sont adulés de la population depuis la guerre ? Bande de gros naïfs... Killer Bee et Naruto doivent bien être les seuls jinchuuriki à avoir une vie sociale ! Plutôt mourir que d’y retourner ! En plus, ça fera chier Rokubi… »
Seul Naruto parut choqué de sa vulgarité. Neji secoua la tête. Voilà qui remettait au moins ses idées en place. Jamais Tanaka n’aurait dit une chose aussi grossière que celle-ci. Ryuka ne devait pas avoir froid aux yeux, elle. Dans la tête de Ryuka, justement, un tourbillon de pensées aussi amères les unes que les autres se succédaient sans qu’elle ne puisse y faire le tri. Le souvenir de son ancien professeur, plus gentil qu’il ne s’en donnait l’air au fond mais impuissant, n’arrivant pas à comprendre le moindre de ses sentiments. Celui de ses deux coéquipiers aussi méprisants que bêtes, qui n’avait pas encore suffisamment souffert pour savoir ce qu’elle était et ce qu’était un vrai ninja. Et les autres, Pépé Han et ses parents qu’il semblait voir à travers elle. La Mizukage qui ne lui accordait que de vagues taquineries alors qu’elle réclamait une véritable confiance. Tout cela brûlait sa mémoire. Chacun de ses souvenirs étaient comme des bouts de papiers qui flambaient dans son esprit. Non, jamais, elle ne voudrait retourner à Kiri. Là-bas, certes, elle s’en rendait à compte maintenant, ce n’était pas que les gens la détestaient mais qu’ils ne la comprenaient pas. Qu’ils ne cherchaient simplement pas à la comprendre. Pas comme Sasuke-sensei…
Ce fut la voix de Naruto, rauque, qui la tira de ses pensées.
« De toute façon, je n’y peux rien, l’accord que j’ai passé avec la Mizukage stipule que je dois reconduire le jinchuuriki au village si jamais je le retrouve. Il n’y a rien de plus à dire. — Non, en effet, articula avec lenteur Ryuka. »
Elle avait l’impression d’avoir avalé du sang et le goût lui restait presque sur la langue…
oOOo Naruto soupira, la tête entre les mains, soudain aussi fatigué que s’il avait eu mille ans la veille. Il savait, non, il avait toujours su que Sasuke lui attirerait des ennuis. Cette gamine en était l’exemple parfait. Imprévisible, prête à tous les sacrifices, même celui de sa santé mentale, pour accomplir son objectif –mais quel objectif, bon sang ?– et en plus, vu qu’elle appelait son ancien camarade « sensei » on pouvait en déduire qu’il était son professeur. Un sourire éclaira brièvement le visage du Hokage, éclaircie dans la tempête de ses sentiments. Sasuke, professeur ? Et pourquoi pas danseur de claquette pendant qu’on y était ?
Enfin, le véritable problème restait quand même Ryuka. Une jinchuuriki. Une victime d’un système shinobi qu’il croyait éteint. Une petite boule d’énergie, peut-être pas d’optimisme, mais de détermination. Comme lui.
Et sans doute avec le même pouvoir puisque malgré le pacte passé avec la Mizukage, il avait de plus en plus de mal à se résigner à lui renvoyer Tanaka Karakee. Non, Ryuka Sandayu.
Enfermer les bijû dans des humains était définitivement une mauvaise idée, malgré tout ce que l’on pouvait dire. Soudain, un bruit assourdissant le tira de ses pensé.
oOOo « MERDE ! Merdre-merde-merde-zut ! ZUT ! »
Crier fit un bien fou à Ryuka, comme si, soudain, tous les poids accumulés sur son cœur s’envolèrent d’un coup en même temps que sa voix se cassait. Les derniers échos de son hurlement se perdirent entre les murs de sa prison et elle se laissa tomber contre la paroi de pierres nues, rouge et toute essoufflée. Sa poitrine semblait vouloir s’arracher de son corps et elle articula avec difficulté un dernier « merde ». Elle souriait aussi et si elle avait pu, elle aurait ri.
Bien entendu, elle devait s’échapper, quitter Konoha et revenir auprès de son maître Sasuke. S’enfuir loin de tous ces beaux sentiments, regagner ce en quoi elle croyait. Oublier d’être déstabilisé par de simples paroles de paix, incarnation d’idéaux dépassés et de bêtes utopies, et recommencer à vivre vraiment la réalité d’un nindo de ninja.
Et pour cela, elle devait d’abord sortir de cette geôle humide qui lui rappelait un peu trop les laboratoires de Sadako. Elle pensa à utiliser le Chidori mais le souvenir cuisant de ses bras meurtris lui revint en mémoire et elle fit la grimace avant de se rabattre sur l’invocation d’un serpent pas trop gros et si elle avait de la chance, assez silencieux pour ne pas leur faire courir le risque d’être aussitôt repéré.
La prison était quelque peu isolée du village alors peut-être que...
Sauf qu’en plus de son chakra –ou plutôt de celui de Rokubi– vint s’ajouter à son signe du Tigre l’un des pires éléments de ce que Gaï appelait le « facteur chance » : sa malchance légendaire. Le paradoxe Ryuka.
« Invocation ! »
L’explosion qui suivit son exclamation n’était certainement pas descriptible, du moins pour Ryuka. Les murs tremblèrent et jusqu’aux fondations du quartier général de la section Interrogatoires et Tortures s’ébranlèrent avec l’arrivée de Manda.
« Tu oses encore m’invoquer, souriceau ? fit nonchalamment le serpent en fouettant l’air de sa queue, une habitude, sans doute, chez eux. — Pourquoi tu m’appelles comme ça ? se plaint-elle. On dirait Naguini. »
Manda cligna des yeux. Au dehors, Ryuka voyait les fenêtres des habitations s’illuminer une à une et elle dut se rappeler que le Roi des Serpents prendrait plaisir à la croquer si elle le pressait trop. Pour contenir toute sa frustration et son inquiétude, elle tapa du pied sur le sol. Le bruit pour répétitif et agaçant soit-il, ne dérangea pas le moins du monde Manda.
« C’est peut-être normal, consent-il enfin à répondre. Après tout, c’est ma mère. — Que… Ah. — Oui. — Je me disais aussi. »
Il y eut un court silence, et un ange passa entre eux. Ryuka aurait bien aimé qu’il fasse le taf à sa place mais considérant que le destin n’avait jamais été très tendre avec elle, elle jugea plus prudent de se mettre en mouvement et reprendre les rênes. De nouveau sérieuse, elle jaugea Manda d’un œil critique et le serpent se fit la remarque qu’elle ressemblait beaucoup plus à Sasuke qu’à leur dernière rencontre.
« Côté discrétion, t’es super, cingla-t-elle en levant les yeux au plafond ».
Courage, se dit-elle. Bientôt, ce serait le ciel qu’elle verrait.
« Tu n’avais qu’à pas m’invoquer, rétorqua très puérilement Manda, oubliant juste avec elle qu’il était Roi de toute une dimension et faisant exprès de se comporter en enfant. — Pas fait exprès, enchaina tout aussi intelligemment Ryuka ».
Elle sourit, un rien sardonique et bondit sur sa tête d’une impulsion du pied. En tendant l’oreille, elle pouvait presque entendre les exclamations d’horreur étouffés des ninjas. « Qu’est-ce que c’est que ce boucan ? » « Ça vient des prisons du quartier des ANBU ! »
« On file, ordonna Ryuka, telle une princesse, assise en tailleur entre les cornes de Manda. — Tu as de la chance d’être sur ma tête sinon je te boufferai pour oser prendre un ton pareil en ma présence ! gronda sourdement le serpent. — Vas-y, essaie toujours… – elle sursauta violemment quand Manda inclina brusquement la tête et ne se rattrapa que de justesse aux écailles brillantes du crâne de l’animal – Eh ! J’aurais pu crever ! — C’est ce que je cherchais à faire, souriceau ! »
Tous deux savaient bien évidemment qu’à cette hauteur-là, Ryuka n’aurait fait que s’écorcher un peu les genoux. Comme aucun ne posa de questions quant au fait que Manda obéissait aveuglément à une enfant qu’il aurait volontiers mangé en temps normal. Ryuka, certes, ne comprenait pas le soudain revirement du serpent, mais lui avait de sacrées bonnes raisons –pour un reptile, du moins. On ne s’attaque pas à ce qui pourrait nous tuer. Manda s’y était frotté des années auparavant, avec Sasuke et sa jeune élève était du même acabit que lui. Moins désillusionnée, moins désenchantée, pâle copie de l’homme sombre à l’âme damnée mais tout autant dangereuse. Il aurait aimé lui trouver un modèle, se dire « tiens, elle ressemble à… » sauf que désormais, la jeune demoiselle était un peu de tous les gens qu’il avait connu. Orochimaru l’ambitieux, l’immortel, l’increvable. Itachi le manipulateur, le désintéressé, prêt à tous les sacrifices pour réaliser ses rêves –ou celui des autres. Sasuke et sa façon de combattre, tellement folle, tellement idiote, avec ses propres moyens, parfois si dérisoires comparé à ceux de ses adversaires. Anko et sa fougue, son envie de vivre, de sauter à la gorge sans réfléchir de tout ce qui pouvait entraver sa liberté de penser. Izuna et son dévouement total à ce qu’il pensait en valoir la peine. Même Madara. Madara et toutes ses ténèbres. Pourquoi ne pouvait-elle pas être Ryuka, tout simplement ? songea-t-il dans un soupir que la jeune fille, perchée sur sa tête, ne comprit pas. Il redressa la tête et les tuiles du toit formèrent comme des corolles au-dessus d’eux. Manda s’agita encore un peu tandis que Ryuka se cramponnait à lui et il s’extirpa complètement des décombres de la prison. Quand Ryuka, qui avait fermé les yeux pour ne pas s’aveugler avec la poussière, regarda autour d’elle, elle fut frappée par la proximité des ninjas de Konoha. Proches, oui. Même beaucoup trop proches.
« On dégage. Tout de suite, murmura-t-elle la gorge nouée. »
Elle venait d’apercevoir Gourou, Lee, Neji et Tenten dans la foule. Manda obéit aussitôt et s’en alla à une telle vitesse que les ninjas, éberlués, n’eurent même pas le temps de réagir. Ryuka se détendit, soulagée. Demain, aux premières heures de l’aurore, elle retrouverait Sasuke-sensei.
« TANAKA ! hurla soudain une voix qu’elle ne connaissait que trop bien. »
Blême, elle se retourna. Derrière elle, les cheveux défaits, les joues rouges et le corps désarticulé, presque cassé d’avoir couru trop vite, Tenten la fixait de ses yeux bruns qu’elle avait trouvé banals à leur première rencontre. Désormais, ils irradiaient d’une lueur étrange qui lui brûlait la peau et aussi stupide que cela soit, Ryuka reconnut là la Flamme de la Volonté dont parlait tout le temps Naruto. Elle frémit. « Qu’est-ce que tu es en train de faire, Tanaka ? » ahanait Tenten, et elle continuait de dire tant de « reviens, reviens » que Ryuka eut envie de rire. Que s’imaginait-elle donc ?
« Je suis une ninja, répondit Ryuka. Une jinchuuriki. Un nukenin. Je suis Ryuka Sandayu. Tu ne me connais pas. »
Elle avait essayé de parler d’une voix froide mais à voir l’air surpris de Tenten, elle sut qu’elle avait ratée son coup. Elle s’était adressée à elle comme l’aurait fait Tanaka.
« Mais non ! se rebiffa Tenten »
Il sembla à Ryuka que toute la peau de son corps s’était hérissée à l’instar de celui d’un chat.
« Dégage ! dit-elle d’une voix empressée. — Jamais ! Enfin, pas sans toi. »
Ryuka claqua de la langue, agacée.
« Va-t’en, je te dis ! — Ou quoi ? Qu’est-ce que tu vas me faire ? s’écria sur un ton de défi. Me tuer ? » C’est une idée…
Et Ryuka, qui avait appris à reconnaître la voix de Rokubi, teintée d’une haine vieille de plusieurs millénaires, sarcastique et pourtant mortellement sérieuse, se raidit.
Il y a un kunaï caché sous tes vêtements. Il suffirait juste de l’attraper –deux doigts, simplement, pour ne pas attirer son attention sur tes prochains gestes- et de viser. Le cœur, peut-être. Ou les flancs. Sais-tu que le sang n’est jamais de la même couleur en fonction des parties du corps que l’on touche ? Que l’on ouvre ? Que l’on écorche, que l’on blesse ? A moins que ton cher Sasuke-sensei ait omis de le préciser ? Moi, je te le dis. Qu’aimerais-tu, alors ? Aussi sombre, presque noir, que les fleurs que l’on trouve parfois sur les ruines du Village Caché des Tourbillons ? Ou clair, si clair que l’on a l’impression de patauger dans du sirop de fraise…
Ryuka tressaillit. Sa volonté s’effritait en même temps que Rokubi déversait sur son cœur tout son fiel. Et Tenten n’en voyait rien, parlant dans le vide, s’adressant plus aux arbres et au paysage qui défilaient autour d’eux tandis que l’on s’éloignait de plus en plus de Konoha. « Va-t’en, murmura à nouveau Ryuka, l’interrompant soudain. » Elle tremblait de la tête aux pieds.
« Hein, qu’est-ce que tu dis ? — Va-t’en avant que je ne te tue ! s’écria-t-elle cette fois. »
C’est à peine si toutes deux se rendaient compte que la main gauche de Ryuka, qui pourtant était droitière, serrait si fort le kunaï qu’elle en devenait blanche.
« Bye-bye, articula Ryuka. »
Ses paupières s’ouvraient et se refermaient, comme si elle allait s’endormir sur le champ et elle lança l’arme aux pieds de Tenten qui, surprise, ne put que bondir en arrière pour l’éviter. Sa tête heurta, heureusement guère violemment une branche, et elle atterrit sans aucune grâce et maîtrise de sa chute sur le sol, aux pieds d’un vieux chêne. Son crâne bourdonnait et elle mit plusieurs minutes à assimiler ce qui venait de se passer. Tanaka… Tanaka l’avait menacée… Ryuka avait tentée de la tuer… Comment aurait-elle pu alors savoir que c’était tout le contraire ? Puisqu’au même moment, encore un bout de l’âme de Ryuka se déchirait et toute la haine qu’elle dissimulait jusque-là sans aucun effort apparaissait, offerte, aux mains avides et gourmandes de Rokubi.
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| | | | Kirara ★ Fantôme ★
Messages : 813 Né(e) le : 18/01/1999 Inscrit(e) le : 20/08/2012 | |
| Sujet: Re: [Non IE] Sur tes traces (Chapitre 13) Sam 01 Déc 2012, 11:13 | |
| Zioup, chap' 10 ^^ Little HS ^^ - Spoiler:
~ Chapitre X ~ Le conseil des cinq Kage Il neigeait à gros flocons sur le Pays du Fer, seule province du continent à être totalement indépendante et neutre. C’était comme une enclave dans ce monde encore jeune qui avait du mal à vivre sans régler ses différends par le sang. Il y arrivait, un peu plus tous les ans, au fur et à mesure que les autres pays ninjas se réunissaient désormais pour un immense débat en noir et blanc. Qu’ils soient de petits ou grands Villages, cela avait peu d’importance. Mifune, Généralissime du Pays du Fer et aussi droit et dur que le nom du pays qu’il présidait, y veillait. Et jusqu’ici, cela avait plutôt bien marché.
Mais, songea Naruto, alors que lui et son escorte s’approchaient du lieu de réunion, jusqu’ici, ils n’avaient jamais eu à gérer une crise telle que la fuite d’une Jinchûriki et surtout, le retour d’un nukenin de rang S comme Sasuke Uchiwa. Son meilleur ami, son frère de cœur. Son ennemi. Il serra les dents. Il y arriverait, c’était certain. Les Kage –et tout le monde d’ailleurs– ne le considéraient plus comme une bête sauvage bonne à être enfermer. Il était Naruto Uzumaki. Il était Hokage. Il était non pas aimé mais au moins respecté de tous. Il avait mûri, changé. Il était devenu quelqu’un de bien. Un adulte responsable. Si responsable qu’il avait laissé s’échapper Ryuka, et alors que tout son cœur bouillait d’impatience rien qu’à l’idée de partir avec elle ramener Sasuke à Konoha par la peau des fesses s’il le fallait, lui s’en allait à cette maudite assemblée !
Mais il était lucide aussi. Quelles étaient les chances pour Sasuke de s’en sortir autrement que par la peine de mort ? Lui, plus il était loin, plus il était en sécurité. Et c’était tant mieux que Ryuka se soit enfuit, finalement. La gamine n’était pas faite pour vivre tel un oiseau en cage. Neji, qui l’avait fréquenté, le lui avait bien fait comprendre. Naruto s’était souvenu de la marque sur le front de son ami et avait hoché la tête, fataliste.
« Tu as raison, lui avait-il dit ».
Il s’était levé, avait donné une brève accolade à Neji et était parti. Shikamaru et Saï l’avait suivis, eux qui avaient été désignés comme escorte pour l’accompagner au conseil. Les deux avaient échangés des regards soucieux (s’il y avait au moins un sujet sur lequel Saï s’entendait avec tous les autres ninjas de sa génération, c’était la sécurité et le bien-être de Naruto) mais l’intéressé ne l’avait pas remarqué. Il était tout entier plongé dans ses pensées.
Oui, décidemment, se disait-il, Ryuka était un peu comme lui. Un peu comme Sasuke. Il comprenait ce qui avait intéressé son ami-ennemi chez elle. Et si Sasuke ne survivait pas à la traque puis au jugement qui l’attendaient immanquablement, il se chargerait lui-même de l’enfant –après avoir bien sûr fait tout ce qui était en son pouvoir pour sauver Sasuke. Jamais elle ne sombrerait dans la haine. Jamais il ne le laisserait faire…
« Dépêche-toi, Naruto, on est en retard ! »
La voix de Shikamaru eut le mérite de le réveiller un peu et il lui lança un grand sourire alors qu’il accélérait le pas. Mais le ninja des ombres continuait de se plaindre derrière lui.
« Je lui avait bien de partir plus tôt ! Mais non, Maître Hokage tenait à s’entretenir avec Neji au sujet de cette Tanaka… — Ryuka, rectifia Saï d’un air absent. — C’est pareil. Et maintenant, on doit se presser ! Ah, quelle galère, je vous jure… Je savais que c’était une erreur de nommer ce type en orange Hokage… — Tu ne le penses pas vraiment, Shikamaru ? s’affola Saï. — Mais, Saï, regarde ! Il a fait coudre des fils oranges, oranges, je te dis, sur sa robe de cérémonie et même sur le chapeau qui va avec ! »
Saï leva les yeux au ciel. Naruto pouffa, et Shikamaru se renfrogna. A quoi cela servait que Tsunade ait insisté pour qu’il soit conseiller de Naruto ? Cet idiot ne l’écoutait jamais ! De plus, cette année, elle avait également fait en sorte que ce soit lui qui l’accompagne au conseil. Soi-disant parce que Sakura était enceinte jusqu’aux yeux, comme si ça ne se voyait pas ! Rien que le comportement de Lee était flagrant… Pourtant, Shikamaru devait reconnaître que cette affaire « Ryuka » promettait d’être passionnante… Malgré lui, un sourire carnassier apparut sur ses lèvres.
N’empêche, il aurait préféré regarder les nuages avec Chôji, ou mieux encore, écrire une nouvelle lettre à Temari, peut-être sur le projet prochain du daimyo d’annuler les prochains impôts puisque la saison avait été peu rentable pour les agriculteurs. Il s’était surpris, des années auparavant, à apprécier leur débat houleux sur telles ou telles lois et techniques. Temari était intelligente. Un peu psychopathe, d’accord, mais intelligente.
Et puis, elle avait un de ces sourires !
« J’étais en train de manger des ramens, c’était très important… »
Shikamaru reprit en cours de route l’écoute de la conversation de Saï et Naruto. Apparemment, le blond était sorti de son mutisme. Tant mieux. Quelque part, ce silence l’inquiétait.
« Naruto, le gronda gentiment Saï, tous mes livres te le diront, il ne faut pas une heure et demie pour manger des ramens ! — Mais je ne t’ai rien demandé ! s’écria leur supérieur direct d’une manière peu conventionnelle. C’est déjà assez casse-pied d’endurer les sermons de Shikamaru ! — A quoi bon ? Tu ne les écoutes jamais… — C’est vrai, ça ? demanda Shikamaru, soudain très intéressé. — Et bien… — La ferme, Saï. On arrive. — Non, mais je rêve ! Tu parles d’un Hokage ! A quoi je sers, moi, dans tout ça ? — Par ça, tu entends le bazar politique de Naruto ? — Saï, tu vas te taire, oui ?! — Il n’a pas tout à fait tort... — Mais chut, vous deux ! C’est votre Hokage qui vous l’ordonne ! »
De nouveau, Shikamaru et Saï se sourirent, complices, même si pour Saï, cela ressemblait plus à une grimace qu’à autre chose. Le samouraï qui gardait la porte leva à peine la tête à leur arrivée, et avant que Naruto se soit annoncé, il prit la parole un peu agacé :
« Tout le monde est déjà là, Maître Hokage. ‘Sont arrivés y’a deux-trois heure à peu près. — Et voilà, on est en retard, grogna Naruto en shootant dans un caillou. — A qui la faute ? grogna Shikamaru. — Je n’en sais rien, les coupa le samouraï, mais tous les ans, je suis chargé de garder cette foutue porte, et comme par hasard, tous les ans, c’est toujours vous les derniers d’au moins une heure. Dépêchez-vous d’entrer, j’ai autre chose à faire que d’arbitrer vos querelles de bébés ! »
Penauds, les trois ninjas franchirent la porte sans se faire prier. Seul Naruto se plaint « Qu’est-ce qu’il a à faire d’autre que de jouer aux cartes, après tout ? Et puis, « querelles de bébés », c’est même pas une expression »
Ils entrèrent en trombe dans la salle du conseil, sous les soupirs et plaintes des autres Kage qui le regardaient d’un air désapprobateur. Shikamaru et Saï s’installèrent aux endroits prévus et le stratège sentit son cœur se soulever en voyant Temari assise derrière son frère, le Kazekage. Il ne savait pas qu’elle serait là… Dire qu’il avait souhaité rester au Village pour lui écrire ! Peut-être aurait-il le temps de lui parler de ce qui l’intéressait… Celle-ci lui fit un petit signe de la main et il ne la lâcha du regard que quand Saï lui fit remarquer qu’il souriait bizarrement…
«Naruto, tu es en retard, fit sourdement Gaara de sa voix trop grave, le ramenant à la réalité et Temari par la même occasion. — Oui, oui, je suis au courant ! répliqua le Hokage en poste. Pas la peine de me le rappeler ! »
Gaara ne répondit rien mais un fin sourire apparut sur ses lèvres. Décidément, Naruto n’avait pas changé. En fait, il était persuadé qu’il ne changerait jamais vraiment tout à fait et à voir la tête des autres Kage, eux aussi le pensaient.
« Je suppose, commença le vieil Onoki, que puisque le petit Naruto a enfin daigné se montrer, nous pouvons débuter la séance ? — C’est bon, grommela l’intéressé. Pas la peine d’en faire tout un plat non plus ! C’est la même chose tous les ans ! Allez-y ! »
Gaara fut le premier à prendre la parole, suivi de Mei Terumi et d’Onoki. Naruto ne prêta qu’une oreille distraite à leurs rapports. La construction de puits aux endroits les plus fréquentés dans le désert, le recensement des tribus nomades du Pays du Vent, le divorce de Mei d’avec un des sept spadassins de Kiri, alliance qui avait néanmoins duré trois ans, le défilé de prétendants au titre de Tsuchikage, tout cela ne l’intéressa que très peu et était assez futile comparé à ce qui lui fallait annoncer.
« A votre tour, Maître Hokage, dit enfin Mifune »
Naruto soupira d’appréhension, geste inhabituel de sa part, ce qui lui attira rapidement les regards inquiets de ses collaborateurs. Il décida de raconter ce qui s’était passé à toute vitesse, quitte à ce que personne ne le comprenne.
« Deux-semaines-Ryuka-Sandayu-infiltrer-Konoha. »
C’était tout ce qu’avaient compris les autres Kage, mais c’était déjà largement suffisamment. Ils tombaient des nus. Konoha n’était-elle pas particulièrement sécurisée ? Naruto grimaça, se préparant à la tempête de reproches qui allait forcément lui tomber dessus. Il ne fut pas déçu. En quelques secondes, ce fut la débâcle.
Gaara ne dit rien de plus, mais se prit la tête entre les mains, signe certain de découragement et marmonna quelque chose comme « je le savais... ennuis à venir… mauvais pressentiment… ». Onoki cria à l’arnaque, arguant que de son temps, jamais on l’aurait laissé un jeune à un poste aussi important et surtout pas le fils de l’Eclair Jaune. Devant le Raikage, il ne restait de la table que des débris et Mei, dès qu’elle entendue le nom de Ryuka Sandayu, s’était jeté sur lui tout en lui posant des questions avec plus ou moins de rapport entre elle.
« Comment va-t-elle ? Rokubi ne s’est donc pas échappé ? Elle ne m’en veut pas trop ? Que faisait-elle à Konoha ? »
Que faisait-elle à Konoha ?
Un grand silence suivit la question de Mei. Tous se turent et se tournèrent vers Naruto, les poings serrés. Ils exigeaient une explication valable et c’était sans doute ça qui serait le plus dur à leur donner. Dur pour lui, qui n’avait aucune envie de leur vendre Sasuke sur un plateau, de leur offrir une raison de rouvrir les hostilités alors que son ami s’était enfin fait oublié. Personne ne remarqua l’ombre silencieuse qui se dirigea vers Mifune, demandant la raison de ce vacarme. Seul Naruto le vit, et en profita pour gagner du temps.
« Bee ?! Qu’est-ce que tu fiche ici ?! s’enthousiasma-t-il. — ♫ J’étais en train de roupiller… Quand tous vos cris m’ont réveillé ♪ rappa de sa voix fausse le Jinchûriki de Hachibi. ♪ Je suis peut-être pas un Kage… Mais mon frérot a besoin de moi à ses côtés ! ♫ — L’heure n’est pas à ça. Killer Bee, regagnez votre place, trancha Mifune d’une voix glaciale. Quant à vous, je comprends que les dires de Maître Hokage soient étonnants mais pour l’instant, laissons Raikage-sama faire son rapport. »
Mei bouda mais hocha la tête. Les autres l’imitèrent.
« Bien. Alors, récemment, à Kumo... — ♪ Il pourra vous en dire autant… Il ne s’est rien passé d’important ! ♫ — Bee ! s’offusqua le Raikage. »
Devant le regard outré du chef des samouraïs et celui énervé de son frère, Bee jugea préférable de ne pas s’attarder et il retourna à sa place, laissant au Raikage le soin de détailler son rapport. Une fois que ce fut fait, Mifune annonça :
« Maître Hokage, nous souhaitons tous des précisions sur les événement dont vous nous avez fait part. »
Naruto hocha la tête. Dans son dos, Shikamaru et Saï se tendirent.
« Je n’ai pas beaucoup plus de détails que ce que je vous ai déjà dit. Mais il y a quelque chose dont je dois vous informer en priorité. — Quoi, quoi ? s’affola Mei. — D’après Kakashi-sensei... »
Malgré lui, Naruto suspendit sa phrase. Il regarda en l’air. Ce qu’il allait dire, était-ce un hasard ou bien sa dernière chance de racheter les erreurs du passé ?
« … Ryuka Sandayu, Jinchûriki de Rokubi… »
Jinchûriki. Il détestait ce mot. Un démon, un rejeté. Voilà ce que cela voulait dire. Mais pour lui, elle était comme un nœud rattachant encore deux liens brisés par le temps et la haine. Une amitié qui ne tenait désormais plus qu’à un fil, une petite fille.
« ...est en contact avec le nukenin Sasuke Uchiwa, acheva-t-il»
Oui, Ryuka était son dernier espoir de revoir Sasuke en vie…
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| | | | Kirara ★ Fantôme ★
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| Sujet: Re: [Non IE] Sur tes traces (Chapitre 13) Dim 09 Déc 2012, 19:01 | |
| - Spoiler:
~ Chapitre XI ~ Seule La forêt sacrée du Pays du Feu avait depuis longtemps laissée place à des territoires semi-arides qui annonçaient la frontière d’avec le Pays du Vent. Mal à l’aise au sommet du crâne de Manda, Ryuka était plongée dans ses pensées. Elle se remettait tant bien que mal de l’intervention inopinée de Rokubi mais ne réussissait décidemment pas à s’enlever l’expression choquée de Tenten de la tête. A chaque fois, elle revoyait la même scène repasser en boucle. Et ses mots… « Reviens, reviens. » avait-elle dit. « Tu n’es pas comme ça, pas comme lui. Sasuke Uchiwa. » avait-elle sans doute pensée aussi. « Je ne peux pas y croire. » C’était tout ce qu’exprimait la physionomie de Tenten, à cet instant. Elle soupira. Après tout, elle n’en avait rien à faire de l’opinion de cette kunoïchi. Bien sûr qu’elle l’avait apprécié, mais c’était il y a combien de temps, maintenant ? Un quart d’heure, était la réponse, mais elle avait l’impression que c’était il y a une éternité… La déception de Tenten ne lui faisait ni chaud et froid. Aucune des deux n’était morte et c’était tout ce qui comptait. Si, à l’avenir, elles venaient à se recroiser, ce n’était pas elle, Ryuka, qui attaquerait la première. Elle ferma les yeux et engagea la conversation avec Manda, ses idées mises au clair.
Elle ne rayait pas tout ce que Tenten avait pu lui apporter de bien dans sa vie, au contraire. Elle oubliait juste que cela venait d’elle…
« Manda ? — Qu’y a-t-il, gamine ? — Suis pas une gamine ! — Tiens-toi tranquille si tu veux rentrer chez toi. »
La dernière remarque du roi des serpents la laissa perplexe. Où était-ce, chez elle ? Avec Sasuke-sensei ? A Kiri ? Ou encore... à Konoha ? Un sourire sans joie apparut sur ses lèvres. Si tout ce que Konoha avait pu lui apporter de doutes était balayé, ses interrogations sur le sens de son existence restaient, elles, sans suite.
Quand aurait-elle donc enfin la paix ?
« Emmène-moi juste chez Sasuke-sensei, réclama la jeune fille, lasse. »
Manda ne répondit rien.
Ryuka ferma les yeux. Bientôt, en temps voulu, elle aurait toutes les réponses qu’elle souhaitait. Son maître les lui fournirait. En attendant, elle s’endormit, bercée par le lent et répétitif mouvement de la tête du Roi des serpents.
oOOo Ryuka fut réveillée quelques heures plus tard par le tremblement qui saisit tout à coup Manda. Elle se retint à grand peine de tomber en s’agrippant aux cornes du serpent et bailla aux corneilles. Au-dessus d’elle, le ciel qu’elle avait tant espérer revoir après son séjour dans les prisons de Konoha était encore teinté de rose. C’était l’aube.
« Tu es arrivée, dit simplement Manda. »
Et avec un ricanement machiavélique, il disparut sans qu’elle ne lui en donne le signal. Ryuka jura en sentant le vide sous ses pieds, là où quelques secondes auparavant, il y avait les écailles sèches de Manda. Elle rétablit de justesse son équilibre et atterrit au sol en toussant. La fumée lui irritait la gorge et son pied gauche la lançait… Elle s’était mal rétablie.
« Bordel, Manda ! hurla-t-elle comme un charretier sans se préoccuper que le Roi des serpents n’était plus là pour subir ses représailles. »
Elle se dirigea en boitillant dans la direction que lui avait indiqué Manda et inspecta les lieux. C’était une grotte semblable à des centaines d’autres, renfoncée dans une montagne. Juste derrière, on devinait les premiers pans de sable du désert du Pays du Vent. Oui, c’était forcément le repaire de son maître : à mille lieux de tout signe de vie –à part des animaux très sauvages, bien entendu.
Au moment où elle s’apprêtait à s’élancer à l’intérieur de l’antre sans plus se soucier d’éventuels poursuivants ou pièges, elle remarqua que la douleur dans son pied s’était évaporée d’elle-même. Ou au moins avec l’aide de Rokubi. Ryuka fronça les sourcils et fit quelques moulinets de la cheville. Oui, elle était totalement en bonne santé alors qu’elle avait jurée entendre des os craquer. Peut-être était-ce que le Sceau qui retenait Rokubi –et ses pouvoirs curatifs- qui s’affaiblissaient ?
Elle secoua la tête pour chasser cette idée. Non, c’était impossible ! Sasuke-sensei lui avait dit qu’elle ne risquait rien et elle le croyait ! Elle en était là de ses réflexions quand ledit professeur sortit de la grotte comme un oiseau s’enfuit de sa cage, et se stoppa net dans sa course en la voyant devant lui. Il la détailla rapidement avec son Sharingan, attentif au moindre signe de fatigue ou de quoi que ce soit d’autre de plus grave, mais ne remarqua rien de plus que la poussière sur un kimono qu’il n’aurait jamais imaginé voir sur Ryuka.
« Ryuka, dit-il enfin, à peine étonné de la voir revenir auprès de lui avec une semaine d’avance sur la date convenue. - Sasuke-sensei. - Que s’est-il passé ? enchaina-t-il aussitôt. »
Il vit clairement Ryuka lever les yeux au ciel, excédée, et taper du pied sur le sol, impatiente. Peut-être attendait-elle un « Comment vas-tu, tu n’es pas blessée ? » mais il n’avait pas le temps.
« Et bien, Sasuke-sensei, consentit-elle enfin à répondre, j’ai eu comme un petit problème… Dès la troisième semaine d’espionnage, j’ai été emmené à la Section Interrogatoires et Tortures de Konoha par le jûnin Ibiki Morino et… »
Sasuke frissonna à l’entente du nom. Il connaissait la réputation de l’expert en tortures et se demanda brièvement s’il avait pu soutirer des informations très confidentielles à Ryuka. Seulement, l’arrivée impromptue de Karin les interrompit tous les deux.
« Sasuke ! Tu es là ! Je t’ai cherché partout, espèce de petit coquin ! Dis-moi... »
Elle se tut brusquement en voyant Ryuka. Et dans un bel ensemble, toutes deux demandèrent sur le même ton glacial et méprisant :
« Qu’est-ce qu’elle fiche ici, elle ?! »
Sasuke grimaça, sachant qu’il n’avait pas le choix. Et si Ryuka continuait à s’attirer les foudres de toutes les femmes qu’il côtoyait de près ou de loin, se dit-il ensuite, il ne saurait plus quoi faire d’elle. Ou des autres, puisque Ryuka était certainement plus utile que Naguini et Karin. « Est-ce que Sakura la déteste, elle aussi ? » se demanda-t-il après, mais il chassa rapidement cette idée stupide de ses pensées.
« Karin, dit-il sur un ton fataliste et le reste de sa phrase fit écarquiller les yeux de Ryuka, fiche nous la paix et j’accepterais de dîner avec toi, ce soir. »
Il vit clairement son élève camoufler son fou rire mais choisit de ne pas relever. Lui-même savait qu’il se condamnait certainement à une tentative de viol sur sa personne de la part de Karin.
« En tête-à-tête ? demanda d’ailleurs celle-ci, des étoiles dans yeux. »
Il confirma d’un signe de tête. Une formule magique n’aurait pas mieux marché. Le visage de la rousse s’éclaira d’un grand sourire et elle s’en alla vers le repaire en gloussant. Sasuke soupira, découragé.
« Viens avec moi, Ryuka, l’apostropha-t-il quand il fut remis de sa propre bêtise. »
Encore sidérée par la scène qui venait de se jouer devant elle, Ryuka ne put qu’acquiescer, au bord du fou rire ou de la crise de nerfs. Ils s’éloignèrent et s’arrêtèrent à quelques mètres seulement de la grotte. Au moins, ici, ils ne seraient pas entendus de Karin, et si elle était là, Ryuka se doutait que l’homme-poisson et l’autre colosse était également présent aux côtés de son professeur.
« Que font-ils ici ? s’enquit-elle ».
Sasuke ne parut pas surpris qu’elle utilise le pluriel. Ryuka était intelligente, après tout. Un regain de fierté le parcourut soudain. Oui, Ryuka était intelligente, mais pas que ça. Elle était également débrouillarde, comme le prouvait son espionnage à Konoha d’où elle était revenue vivante, mais aussi brillante, pour peu qu’elle s’en donne la peine et pas stupide pour deux sous. Pas manipulable du tout, juste déterminée à servir les gens, à le servir, lui, qu’elle estimait. Et c’était son élève.
« Ils m’ont retrouvé peu après ton départ. Et toi, tu me dois des explications. »
Il la regarda droit dans les yeux et ajouta inutilement.
« Je veux tout savoir. »
Ryuka déglutit et entama son récit. Elle ne raconta pas tout, non, juste ce qu’il avait besoin de savoir. Ces moment heureux où elle s’était entraîné jusqu’à l’épuisement avec Lee, ces instants où elle plaisantait avec quelques civils, d’autres enfants de son âge, les souvenirs de Gourou, Tenten, Neji, les belles paroles de Naruto, les cadeaux d’inconnus venus lui souhaiter la bienvenue, elle les garda pour elle. Oui, pour la première fois de sa vie, Ryuka mentit à Sasuke. Quand elle se tut enfin, le visage de Sasuke s’assombrit.
« Donc, si je comprends bien, maintenant, tous les hauts dignitaires du Village sont au courant que je passerais bientôt à l’attaque, c’est ça ? - Heu, dans l’ensemble… oui. - Bon sang, Ryuka ! Tu aurais pu être un peu plus prudente, quand même ! Encore une bêtise de ce genre, et mon plan va foirer !
« Mon » plan. Il n’avait pas dit « notre » plan. Il ne l’aurait jamais dit de toute manière. Ryuka baissa la tête et laissa passer l’orage. Que pouvait-elle faire, après tout, à part attendre qu’il se calme ? Pas qu’il s’excuse mais qu’il regrette déjà de s’emporter, ce sera suffisant… Sasuke leva les yeux au ciel, comme s’il ne supportait pas de la voir plus, puis inspira profondément. Enfin, il dit la dernière chose qu’elle s’attendait à entendre.
« On reprend l’entraînement. »
oOOo Sasuke avait démarré ses explications avant même que Ryuka ne soit prête à les suivre.
« L’objectif est très simple. Tu dois simplement me faire sortir de ce cercle, disait-il, le plus tranquillement du monde tandis que derrière lui trottait son élève. »
Il se tenait immobile au milieu dudit cercle qu’il avait tracé au sol avec sa Kusanagi, la lame claire et nue. Il ne s’était pas encore mis en garde mais quelque chose d’indéfinissable, de dangereux, irradiait de son corps tout entier et paralysait Ryuka, hypnotisé par ce spectacle au goût interdit. Elle ne l’avait jamais vue combattre à l’épée auparavant mais cela lui plaisait d’avance. Rien que l’idée qu’il lui apprenne cette manière de combattre chargea ses veines d’adrénaline et d’excitation. Elle était placée à quelques mètres de lui seulement et serrait convulsivement le pommeau du katana de fortune, de débutant, mais bien réel, qu’elle tenait à bout de bras.
« Tu as compris ? »
Ryuka sourit. Les mots perdaient tout leur sens entre eux deux. Elle se saisit de sa propre arme à deux mains, instinctivement et se jeta sur son maître sans un cri, concentrée et ses muscles tendus à l’extrême. Elle fut éjectée en moins d’une minute du cercle et elle sentit clairement les os de ses bras se briser sous l’impact. Mais à peine se relevait-elle que ce n’était plus qu’un souvenir. Elle repartit à l’assaut.
Le temps sembla s’étirer à l’infini. Sa mémoire se fondit dans le noir de son esprit. La douleur était une notion inconnue dans ce monde qu’ils créaient par leurs échanges de coups. Ryuka souriait, Sasuke ne prêtait attention qu’à elle. Il la repoussait d’une pichenette, corrigeait sa garde, la position de ses mains, de ses pieds. Rokubi rugit d’être ainsi ignoré mais aucun des deux ne le remarqua.
Peu leur importait les ténèbres de leurs âmes, la guerre qui se profilait à l’horizon. Il n’y avait plus qu’eux deux et tout ce qui faisaient d’eux ce qu’ils étaient, des hommes, des shinobis. Juste un maître et son élève.
Juste Sasuke et Ryuka.
oOOo
Ils ne s’arrêtèrent que quand leurs corps les rappelèrent à l’ordre. Sasuke lui-même ne tenait plus qu’à moitié sur ses jambes.
« Cinq minutes de pause… avait-il haleté, les mains sur ses genoux. »
Ryuka fit semblant de ne pas remarquer sa fatigue. Elle s’effondra à terre et rampa jusqu’à sa gourde, abandonnée à terre.
« Tu te débrouille mieux, souffla Sasuke-sensei dans son dos. »
Ryuka s’alarma toute seule de ne rien ressentir. Ni fierté ni joie. Elle se tut simplement et regarda l’eau au fond de sa bouteille. Disparue, l’euphorie de combattre à nouveau auprès de lui. Il ne restait plus que les interrogations qui tournaient en boucle dans sa tête et son désespoir de ne pas avoir de réponse à ses questions. Leur monde avait volé en éclat en même temps que leurs illusions.
« Sasuke-sensei, commença-t-elle, se jetant à l’eau. Avant, vous habitiez à Konoha, n’est-ce pas ? »
Cela, tout le monde le savait. Elle se préparait juste à une bataille autrement plus grande que toutes celles qu’elle avait menée jusque-là et qui lui couterait peut-être bien plus. Sasuke hésita un court instant avant de répondre.
« Oui. Pourquoi ? »
Il ne voyait Ryuka que de derrière mais c’était assez pour remarquer que ses épaules s’étaient soudain affaissées, comme écrasées par tout le malheur du monde. Il se mit à avoir peur, sans raison. Quelque chose était en train de se jouer chez Ryuka, chez son élève, et il n’en comprenait absolument rien. Il ne pouvait rien faire pour l’en empêcher, pour la ramener à lui.
« Pourquoi êtes-vous parti ? — Ça ne te regarde pas. »
Sa voix tout à coup devenue était dure, aussi tranchante que la lame de Kusanagi. Il ne voulait pas que Ryuka se mêle de cette histoire qui lui avait volé la moitié de sa vie et qui continuait de le tourmenter encore aujourd’hui. Elle avait été une embellie dans la nuit perpétuel qu’était son existence et tant qu’elle ignorerait la vérité, elle continuerait à l’éclairer, à lui faire croire que ce qu’il faisait, la destruction de Konoha, le meurtre de ses conseillers, était juste, pensait-il. Un peu comme Naruto. Exactement comme Naruto.
« Alors, vous ne me faite pas confiance ? murmura-t-elle, la voix cassée.
Ce n’est pas ça, corrigea Sasuke. Non, bien sûr que ce n’est pas ça. Vous voulez simplement que j’obéisse comme un chien, comme une arme, pas vrai ?! » Elle avait hurlé. Sasuke était décontenancé. Il se figea net et voulut ouvrir la bouche pour la remettre à sa place, comme il le faisait d’habitude quand elle s’emportait. C’était ainsi qu’il la calmait avant qu’elle n’aille à Konoha. Avant qu’elle n’aille à Konoha, justement, songea-t-il avec colère. Ce village qui lui avait pris sa famille et sa joie de vivre lui enlèverait-il aussi Ryuka ? Ryuka ne lui laissa pas le temps de s’expliquer et enchaina aussitôt. Elle ne le regardait toujours pas mais Sasuke pouvait sentir d’où il était son amertume et sa rage. Sa honte d’avoir été utilisé, manipulé, humilié, comme le chien, l’arme qu’elle n’était pas.
« Vous voulez faire quoi de Konoha ? Le détruire ? »
Ce ne serait pas encore suffisant, songea Sasuke sans rien dire, son visage caché dans l’ombre de ses cheveux.
« Mais qu’est-ce qu’il vous a fait ce village ? »
Il m’a volé tout ce que j’avais de plus précieux au monde... Mon clan, mon honneur, ma liberté… Mon grand frère, mort pour rien… et toi aussi, peut-être.
« Il y a des personnes innocentes là-bas, vous êtes au courant ? »
Kakashi-sensei, Naruto, Sakura… Ne me le rappelle pas, je t’en prie…
« Et même si c’était le cas, que pourrais-tu faire ? Tu n’es rien à côté de ça ! dit-il d’une voix plus dure qu’il ne l’aurait souhaité. »
Il tremblait de la tête aux pieds. Ce n’était pas ce qu’il voulait dire. Ça ne l’avait jamais été. Ryuka se retourna vivement vers lui. Ses yeux étaient brillants, mouillants mais elle ne pleurait pas. Elle était son élève, elle n’en avait pas le droit. Sasuke serra les poings. Son élève. C’était idiot de se dire que sa vengeance était passée à l’arrière-plan maintenant que ce mot avait pris tout son sens en la personne de Ryuka. Il avait pensé qu’elle au moins serait capable de comprendre, qu’elle l’aiderait à faire taire ces voix en lui qui réclamaient le sang de ceux qui riaient encore uniquement grâce au massacre des Uchiwa, au sacrifice d’Itachi.
« Ryuka, souffla-t-il. »
Sa voix sonnait comme une prière.
Il ne pouvait pas croire qu’elle lui échappait ainsi. C’était impensable. Ryuka avança vers lui. Sasuke tendit le bras. Il voulut la saisir par l’épaule, la secouer jusqu’à lui sortir ces maudites idées de la tête. A la place, Ryuka le saisit par le coude d’une main et le frappa au visage de toutes ses forces de l’autre. Sasuke bascula en arrière. Il passa ses doigts sur son nez et remonta sur sa pommette, là où Ryuka l’avait touché, et les retira poisseux de sang. Sasuke frémit. Il n’avait rien vu venir et elle avait attaqué non pas par plaisanterie ou avertissement mais pour faire mal. Il en gardait une curieuse sensation d’inachevé.
Ryuka avait déjà filé sans demander son reste, ses affaires abandonnées au sol. Tremblant, Sasuke s’en empara et ouvrit le petit cahier bleu qu’il lui avait offert pour noter ses rapports. Il fut surpris de voir qu’au lieu de ça, elle avait installé un système de dimension intermédiaire aussi complexe que maladroit afin de les mettre en sécurité. Il sourit tristement à la Lune. Ryuka n’était pas son élève pour rien, quoi qu’elle en dise. Elle avait pris ses précautions même si n’importe quel ninja serait capable de déchiffrer des schémas aussi simples. Il invoqua un rouleau au hasard. « J7/C-R9 » était son nom de code. Il composa les signes qu’avait indiqués Ryuka et eut bientôt entre les mains l’objet tant désiré. Il détruit le Sceau qui le verrouillait et commença à lire.
« Ait réussi à retirer le masque de Kakashi Hatake. »
Soufflé, il le referma aussitôt.
oOOo Le vent séchait ses larmes avant même qu’elles ne coulent. Ryuka était en proie à la confusion la plus totale. Sasuke-sensei l’avait terriblement déçu. Plus qu’elle ne pouvait l’exprimer. « Tu n’es rien à côté de ça » avait-il dit. Pas même un chien, une arme. C’était horrible de savoir qu’elle ne comptait pas pour lui, que tous les moments qu’elle avait passés avec lui ne fussent rien d’autre qu’une grotesque mascarade. Elle avait été aveugle. Elle aurait du savoir, s’en douter. C’était avec un nukenin de rang S, un meurtrier, qu’elle s’engageait.
Pas seulement avec Sasuke Uchiwa.
Elle passa devant Suigetsu sans s’arrêter. Ce dernier la considéra d’un œil critique puis lui emboita le pas, avide de renseignements.
« Tiens, la morveuse ! Je ne savais pas que t’étais revenue ! la héla-t-il. »
Elle se retourna si rapidement qu’elle percuta Suigetsu. Celui-ci bondit en arrière en voyant son regard noir qui lançait des éclairs.
« Oh, du calme… dit-il en plaçant les mains devant elle comme pour se défendre. »
Ryuka n’était déjà plus là.
Elle courrait sans réfléchir, dans une direction au hasard. Tout cela lui importait peu. Sasuke ne l’avait jamais considéré comme son élève ou même simplement comme un instrument utile à ses sombres desseins.
Soudain, un hurlement qui tenait plus du cri d’une bête blessée que d’un humain retentit derrière elle. Un hurlement sauvage de douleur, une voix qu’elle ne connaissait que trop bien.
Tout passa si vite dans sa tête qu’elle ne sut démêler le vrai du faux.
La seule chose qu’elle retint fut « Sadako. Il est là. Sadako est avec Sasuke-sensei ! »
Elle fit demi-tour.
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| | | | [Non IE] Sur tes traces (Chapitre 13) | |
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