D’un signe de la main, l’attaquant japonais demande à ses camarades de le rejoindre. C’est rapidement que le joueur américain se retrouve entouré par six autres joueurs : impossible pour lui de s’échapper, il est pris au piège. Sans crier gare, l’attaquant japonais subtilise le ballon avec un calme olympien tout en annonçant le nom de sa tactique : la Catenaccio Counter.

« Incroyable !, s'étonne le commentateur. Kageyama Tougo, l’ace striker japonais, a réussi encore une fois à placer son hissatsu tactic, la Catenaccio Counter ! Le milieu des Unicorn, Logan Richards, n’a rien vu venir ! Et voilà que Tougo s’approche dangereusement des buts ! »

Avec ce même calme, le dénommé Tougo parvient sans mal à passer la défense américaine… Arrive ensuite le volt face avec Thomas Triton, le gardien des Unicorn. L’attaquant stoppe sa course devant les buts, et prononce :

« Je vais le ressusciter ici et maintenant… Par le vent brûlant et le tonnerre frappant la Terre ! »

Soudainement, Tougo s’enveloppe d'un ouragan enflammé, tout en faisant jouer quelques éclairs sur ses bras. Par la suite, il partage ces mêmes étincelles au ballon, qui se voit foudroyé instantanément.

« Great Max na Ore ! », hurle l’attaquant avant de frapper le ballon électrique, qui attire à lui la tempête ardente.

Thomas Triton ne pourra pas l’arrêter, il le sait très bien. Cependant, il se doit de faire l’effort de l’arrêter : pour le mérite. Le gardien américain frappe dans ses mains, attirant par la même occasion une énergie rouge. Il les sépare par la suite, faisant apparaître le spectre de deux mains géantes écarlates.

« Burai Hand ! », crie-t-il tout en essayant tant bien que mal de stopper l’ouragan flamboyant qui se dresse devant lui.

Le goalkeeper avait vu juste, à peine un court instant après le contact avec le tir... il se voit propulsé dans ses cages avec le ballon, bien amoché par la violence du choc. L’arbitre valide le but et siffle par la même occasion l’arrêt du match.

« In-… In-…, balbutie le commentateur avant de se décider à articuler. Incroyable ! Kageyama Tougo donne le coup de grâce aux américains, creusant encore plus l’écart et faisant gagner son équipe sur le score de 5 à 2 ! Victoire écrasante de l’Inazuma Senbatsu, la sélection japonaise sur l’équipe américaine, les Unicorn ! »

La projection s’achève là.

Mu retire la cassette et éteint définitivement son appareil portable. C’était bien la douzième fois qu’il regardait ce match, cette cassette. Elle devait bien dater d’une cinquantaine d’années, au moins. En réalité, le jeune adolescent n’a aucune idée de la date ce match. Tout ce qui l’intéressait, c’était de revoir ce Kageyama Tougo jouer comme un Dieu. Après tout, n’avait-il pas été joueur pour la Teikoku Gakuen durant son enfance ? C’est d’ailleurs lui qui en a été l’un des premiers membres, il y a des années de cela ! En parti, on pourrait dire que c’est lui qui a rendu ce collège si célèbre.

Kageyama Tougo, c’est bien le plus grand buteur du Japon, connu comme « celui que personne ne pouvait affronter ». Durant ce match, opposant l’Inazuma Senbatsu et les Unicorn, l’attaquant avait marqué quatre des cinq buts attribués à son équipe. Et encore ! Ce n’était pas son meilleur match en ligue pro ! A vrai dire, c’était un match amical seulement, pour prôner encore plus l’amitié entre le territoire nippon et les States.

Le jeune Teruyami Mu rêvait plus que tout de devenir un jour une légende comme ce joueur. Mais ce dont il rêvait plus que tout, c’était de gagner le Football Frontier de cet hiver. Lui et son équipe, l’année passée, avait été vaincu par le onze de Senbayama en finale. Bon, cette année-là, Mu venait à peine d’intégrer la Teikoku Gakuen et son équipe. Par ailleurs, l’ancien capitaine étant en troisième année durant le précédent Football Frontier, il a dû donc laisser le poste de leader vacant pour intégrer le lycée. C’était en fait à Shaza Sabaki, attaquant de la Teikoku maintenant en troisième année, que revenait le titre de capitaine.

Ce n’était pas plus mal. Mu trouvait le joueur en question sympa et n’avait jamais été intéressé par la direction de son équipe. Tout ce qu’il voulait, c’était gagner. Et c’est le moment idéal : le match entre l’équipe du collège Kasamino et celle de la Teikoku Gakuen allait débuter dans à peine une demi-heure. Visionner cette cassette avant le match était une sorte de galvanisation pour Mu. Il savait que pour honorer son rêve, il ne devait pas perdre et marquer un maximum de but.

Quelqu’un ouvre la porte, il s’agit de Sabaki. Il peste d’un air agacé :

« Mu ? Encore là ? Mec, dépêche-toi un peu, y a toute l’équipe qui attend sur le terrain.
– Capitaine ? Ouais, j’arrive, juste une minute…
– T’étais encore en train de mater cette antiquité, je me trompe ? Si ça peut te permettre de mieux jouer, c’est tout à ton honneur, mais je pense que tu devrais t’échauffer un peu. »

Le jeune joueur se lève et range son lecteur cassette dans son sac, pour finalement se diriger vers la sortie des vestiaires. Il annonce :

« Kasamino, hein ? Ne t’inquiète pas… Ils ne vont pas comprendre ce qu’ils vont leur arriver. »

Sans attendre de réponse et déterminé, Mu presse le pas vers le terrain. C’est l’heure.

Un coup de stress prend au dépourvu l’attaquant : il a besoin de visionner une ultime fois le dernier but de l’Inazuma Senbatsu contre les Unicorn. Le bleu ciel de cheveux se tourne vers son capitaine, dans l’espoir d’avoir une réponse positive :

« Sabaki, j’ai genre vraiment besoin de regarder ce match. Comprends-moi, ça me motive vraiment et je ne serai pas en retard. Allez…
– Euh mec, le match commence dans à peine dix minutes. Cette fois ça sera non, désolé.
– Faut vraiment que je devienne plus fort…
– Hein ? Comment ça ?
– Fort. Comme Kageyama Tougo. Son niveau est juste au-dessus ! Il a pu conquérir tout le Japon, même l’international rien qu’avec son jeu… Ce fut la première fois que le Japon pu gagner le championnat du monde. Même ces monstres de terrain, les Unicorn, ils ne peuvent rien faire contre lui.
– Tu te fous trop la pression si tu veux mon avis. On va juste défoncer le collège Kasamino là, ce n’est pas une équipe bien folle, tu sais. Tu vises trop haut pour le moment. »

Le capitaine marque une longue pause, pour finalement ordonner :

« Viens, l’équipe nous attend. »

Son interlocuteur, sans broncher, acquiesce. Les deux joueurs sortent finalement du tunnel qui relie les vestiaires au terrain. Le stade est rempli, ce qui n’est pas anodin pour un premier match de préliminaires. Mais après tout, c’est un match de la Teikoku Gakuen : ça ne se manque pas. Le regard de Mu se perd dans le vaste horizon qu’est le terrain, le stade. Il inspire tout d’abord, puis souffle :

« C’est l’heure de briller, n’est-ce pas ? »

Un Soleil s’allume dans le regard du garçon. Il voit tous ces gens, ces femmes, ces hommes, ces enfants, qui ne demandent que du grand spectacle. Du grand spectacle, oui, c’est le terme exact : c’est exactement ce que Mu compte leur offrir.

Une voix féminine sort le collégien de son état second :

« Ah petit frère ! Tu es encore en retard… Qu’est-ce que tu faisais ?
– Ah, c’est toi. J’ai regardé quelques minutes du match entre le Japon et les Etats-Unis. Encore… Sabaki ne m’a pas laissé le temps de regarder une seconde fois.
– Tu m’étonnes !, déclare-t-elle avec un grand sourire moqueur. En deux ans, tu ne t’es toujours pas défait de cette mauvaise habitude… Ahah, tu ne changeras jamais Mu ! »

Sans lui laisser l’occasion de répondre, elle lui prend la main et le tire vers le reste de l’équipe. La jeune fille annonce avec un air presque sérieux :

« Je dois te présenter quelqu’un.
– Ah ? Qui donc Oryou ?, demande-t-il en remarquant ensuite ses gants. Oh mais… J’avais presque oublié ! C’est toi la gardienne cette année ? »

Elle ne répond pas : pas besoin de répondre à une question dont l’interlocuteur connait la question. La dénommée Oryou se contente simplement de le tirer, et l’amène devant celui qui apparait comme un inconnu pour Mu.

« Je te présente Domon Asuka ! »

Domon Asuka, il s’agissait du nouveau défenseur de l’équipe. Un individu discret, souriant et amical au passé mitigé : il semblerait qu’il soit des Etats-Unis d’après Oryou. Le fraîchement nommé s’approche de son coéquipier attaquant, et lui tend une main amicale :

« Je suis Domon, le nouveau défenseur, enchanté. Tu dois être Mu… ?
– Exact, confirme le garçon en acceptant la main qui se dresse devant lui. Enchanté. J’ai entendu parler de toi, tu as réussi les tests avec brio à ce qu’on m’a dit ?
– Haha, avec brio, quand même pas… J’ai juste donné mon maximum, ce n’était rien… »

Gêné, il détourne le regard, comme si la question de Mu l’avait troublé. Il baisse la tête, sitôt qu’il reprend la parole, la voix tremblante :

« Je vais me préparer… »

Domon s’en va se positionner sur le terrain, Mu ne peut s’empêcher d’y prêter attention mais tente d’ignorer.

En même temps, Sabaki est en pleine discussion stratégique avec des milieux de l’équipe et surtout ses meilleurs amis : Shida Tsugumu et Chihara Sakiya. Ils sont également à ce jour les plus anciens joueurs de l’équipe, et très certainement les plus talentueux. Le doré de cheveux, Sakiya, affirme :

« Kasamino… Je pense que c’est vraiment risqué d’avoir Oryou comme gardienne. Je ne doute pas qu’elle soit expérimentée, surtout qu’elle est quand même la sœur de Mu mais… Elle ne connait aucune hissatsu et je ne sais pas si elle pourra bloquer les tirs de leurs attaquants.
– Le problème, débute Shida, n’est pas vraiment le fait qu’elle en soit capable ou non. Il faut avant tout se méfier de leur nouvelle capitaine et attaquante : Douzan Fumi. Je la connais, c’est une vieille amie d’enfance. Et croyez-moi, elle est juste monstrueuse. »

Sabaki fait part de son avis sur l’équipe adverse :

« Sans compter l’endurance naturelle des joueurs. Ils portent bien leur nom : les bêtes. C’est une équipe faible, mais incroyablement endurante. Je fais confiance à Nachi Gai et Domon pour assurer la défense.
– Et pour Oryou ?, renchérit Sakiya d’un air blasé. Si cette Douzan Fumi est si puissante que ça, je ne sais pas si on va longtemps pouvoir résister. Je ne doute pas que la gardienne puisse repousser quelques tirs, mais à force, ça va l’épuiser… »

Le milieu se tourne vers son camarade :

« Tu sais quoi d’autre sur elle, Shida ?
– C’est difficile à dire. Je ne l’ai pas revu depuis des années mais je sais qu’elle possède facilement mon niveau, si ce n’est qu’elle est plus forte, confirme le garçon aux cheveux couleur améthyste tout en dirigeant son regard vers l’équipe adverse. En fait, je ne sais pas vraiment ce qu’elle cherche et ça me trouble vraiment…
– Comment ça ?, s’étonne Sabaki.
– Eh bien, Kasamino reste une équipe faible qui n’a jamais été capable de dépasser les préliminaires. Et l’année dernière, elle n’était pas dans leur équipe de football donc c’est relativement curieux… Pourquoi rejoindre une telle équipe lorsqu’on a un tel potentiel ? »

Le silence s’impose.

Les trois amis demeurent pensifs, l’issue du match est certaine mais le but reste le même : marquer le plus et recevoir le moins. Depuis toujours, la Teikoku Gakuen a pu s’occuper des premières équipes des préliminaires sans se recevoir de buts. La seule exception reste la finale où ils affrontent très souvent le collège Mikage Sennou, une équipe réputée comme l’équivalent de la Teikoku.

Un autre joueur, Rinno Tenki, brise le silence et s’immisce dans la discussion :

« Oryou sera sous ma protection. Que cette Douzan soit un monstre du ballon rond ou non, on s’en moque, ma défense ne la laissera pas passer. Restez un minimum positifs les gars. Ce n’est que Kasamino.
– Et Ruri Kushina, on en fait quoi ? Car le mec, il n’est toujours pas venu hein. C’est bien dommage, c’est le défenseur qui avait totalement réussi les tests d’admission au poste. On va devoir jouer à dix, signale Sabaki.
– J’admets que c’est un gros problème, soutient Sakiya. On ne peut pas se permettre de jouer à dix… ou devrais-je dire à dix sans un gardien fiable.
– Tu y vas fort je trouve, Sakiya, reprend le défenseur. N’oublie pas que nous sommes la Teikoku Gakuen, il est juste inconcevable qu’on se prenne un but dans un premier match de préliminaires. Car après tout, c’est ça le problème hein ? Tu as peur qu’on brise notre réputation ? »

Celui qui semble être l’arbitre interrompt l’échange entre les deux coéquipiers, en leur demandant de se positionner sur le terrain. Chaque joueur trouve sa place, Mu et Sabaki se tiennent au milieu du terrain, en compagnie de l’arbitre et des deux attaquants adverses : la fameuse Douzan Fumi et un certain Mikuni Kenji. L’arbitre donne l’engagement à Kasamino pour finalement s’éloigner du terrain.

Le coup de sifflet retentit : kick off.

TEIKOKU GAKUEN

• Shaza Sabaki - Capitaine et attaquant gauche
• Teruyami Mu - Attaquant et attaquant droit
• Rashou Nozomu - Milieu gauche
• Chihara Sakiya - Milieu central
• Senda Nobuo - Milieu central
• Shida Tsugumu - Milieu droit
• Ruri Kushina - Défenseur gauche (ABSENT)
• Nachi Gai - Défenseur central
• Domon Asuka - Défenseur central
• Rinno Tenki - Défenseur droit
• Teruyami Oryou - Gardienne

KASAMINO

• Douzan Fumi - Capitaine et attaquante gauche
• Mikuni Kenji - Attaquant et attaquant droit
• Kasui Tomekichi - Milieu gauche
• Goemon - Milieu central
• Kidou Erice - Milieu droit
• Anazawa Kitaru - Milieu central
• Kuruma Asari - Défenseur gauche
• Botamochi - Défenseur central
• Tatsukawa Goutatsu - Défenseur central
• Jigsaw - Défenseur droit
• Masukawa Yasuo - Gardien

La capitaine de Kasamino passe directement à son attaquant qui fonce tête baissée sur Mu. Ce dernier ne comprend pas : ne va-t-il pas tenter de le dribbler ? Bon, pourquoi pas ? Cela donne une bonne occasion. Le jeune attaquant de la Teikoku tente de subtiliser le ballon de son adversaire mais… le corps de celui s’évapore pour réapparaitre plus loin derrière son opposant !

« Zanzou ! A toi, capitaine ! »

La balle est envoyée en l’air à destination de Douzan Fumi, cependant, suite à un saut phénoménal, la passe est interceptée par Rashou Nozomu ! Un milieu de terrain de deuxième année, qui avait déjà fait ses preuves l’année dernière. L’attaquant de Kasamino peste :

« Qu’est-ce que… ? Et merde ! »

Suivi de Sabaki, Mu ainsi que par les autres milieux de terrain, Nozomu continue sa course vers les buts avant d’être bloqué par Goemon, le milieu costaud de Kasamino. Cependant, le vif milieu de terrain prend de vitesse son opposant et conquiert davantage le terrain adverse.

« Tss, râle Nozomu, ils ne sont vraiment pas amusants. C’est trop facile. »

Trois autres milieux et deux défenseurs viennent lui barrer la route, mais ces derniers arrivent trop tard : leur adversaire est bien trop rapide pour eux. C’est maintenant aux deux derniers défenseurs, Tatsukawa Goudatsu ainsi que Botamochi de faire obstacle à leur opposant. Les deux se lancent sur lui mais sans crier gare le garçon frappe avec puissance dans la balle juste à côté des défenseurs adverses. La balle tourne contre le sol et se voit éjectée plus loin dans la surface de réparation, rattrapée par le milieu qui en avait profité pour passer.

« Hitori One-Two ! »

Il s’avance vers le gardien, apparemment lassé du manque de force de ces adversaires. Ces derniers semblent par ailleurs troublés par la facilité avec laquelle le jeune garçon a vaincu presque tous les joueurs à lui seul. Il tire. Le ballon est propulsé à toute vitesse. Le gardien, Masukawa Yasuo, profère :

« Si tu crois que tu vas marquer, gamin… Voilà ma réponse ! Crocodile… »

Le goalkeeper s’apprête à utiliser son hissatsu mais au gré de sa course, la balle prend tellement de vitesse et de puissance qu’il le renverse dans les cages, marquant le premier but pour la Teikoku. La foule se lève et hurle. En à peine cinq minutes, un simple milieu de terrain à réussit à vaincre dix joueurs sans effort et à marquer. Les autres joueurs de la Teikoku ne le félicitent même pas : c’est normal pour eux. Comment perdre contre une telle équipe ?

Nozomu gronde doucement :

« Roh, c’est vraiment pas possible d’être aussi faible. Ce match ne va vraiment pas être amusant… »

Dans les gradins, un garçon portant le maillot de la Teikoku Gakuen observe le match... Dans la foule, on vante les mérites de la Teikoku, on acclame ce joueur qui a littéralement abattu Kasamino. On en dit que c'est un joueur polyvalent. En entendant ces affirmations, l'inconnu frémit puis arbore un sourire inhabituel.

« Polyvalent... Polyvalent... Ils vont voir ce qu'est un vrai joueur polyvalent... »